3 février 2007
La fin du monde annoncée
L'écologie est à la mode
Cette semaine, le monde a retenu son souffle, au moins entre 19h55 et 20h. Un groupe de scientifique vient de conclure, après des années de calculs, que le réchauffement climatique est très vraisemblablement dû à l'action de l'homme. Ils n'en étaient sûrs qu'à 90% en 2001, mais maintenant c'est 95%. Et encore, ils ont bien failli se mettre d'accord pour dire que c'était 99%, du "virtuellement certain". Mais bon, sur une centaine d'experts, il y en a quelques uns qui ont encore un léger doute, alors va pour 95% cette fois ci. C'est déjà énorme !
Le progrès, c'est sale
Et les journalistes français de renchérir en choeur, assénant comme vérités avérées les promesses malthusiennes de fin du monde inéluctable, voire imminente : "il faudra bien un jour se résoudre à réduire notre production, à consommer moins, à vivre plus chichement...". On s'inquiète pour José Bové : il y aura-t-il assez de place sur le Larzac pour les bobos convertis à la décroissance qui ne manqueront pas de vouloir le rejoindre pour traire à la main, faire pousser leur herbe - non modifiée génétiquement - et enfourcher le vélo pour aller casser quelque MacDo le Dimanche ?
Où va nous !
Quelques images bien choisies de pans de banquise qui s'écroulent, de toits de tôle qui s'envolent et de cadavres flottants dans le jus du tsunami ou de Katrina, et "emballé c'est pesé" : Monsieur et Madame Tout-le-monde en concluent que si tous ces scientifiques le disent, en plus du brave Nicolas (Hulot, pas Sarko), c'est que c'est sûrement vrai. C'est certain qu'il fait plutôt doux pour la saison, non ? Alors, nos courageux candidats abondent, unanimes, et s'empressent de communier à la grande messe écologiste du dit Monsieur Hulot. Ils rivalisent de créativité pour proposer des remèdes inédits au problème de la calotte (glaciaire). La solution française ? Plus d'impôts bien sûr !
Escroquerie intellectuelle
Bon, si vous n'êtes qu'à 95% convaincu que l'espèce humaine est le prochain grand fléau à éradiquer de la surface de la planète, je vous conseille cet article :
29 janvier 2007
Débuts du blog "Quelle France demain?"
Une énorme envie
Avec la campagne présidentielle 2007 qui s’officialise, difficile de résister plus longtemps à l'appel du blog, à l'envie de partager de nouveau mes analyses, mes idées et mes espoirs. Comme il y à 5 ans, lorsque j'observais depuis les US le spectacle lamentable de la réélection de Jacques Chirac, après un simulacre de deuxième tour sans débat. De retour au pays depuis 2005, mon envie est encore plus forte qu'alors d'ajouter ma voix à celles qui suggèrent qu'il est urgent que les Français changent d'hommes (et de femmes) politiques.
Constat
Si l'on analyse ce qui se passe dans notre pays depuis deux ou trois décennies, la proposition n'a rien d’outrancier. Gauche et droite se succèdent au pouvoir dans un semblant d'alternance démocratique. Cependant, rien ne bouge vraiment, en tout cas pas dans le bon sens. Pendant la période de mon séjour américain, entre 1999 et 2005, le principal changement qui semble s'être opéré est celui d'un double renoncement : celui du peuple français à tout espoir de lendemains meilleurs et celui de nos élus à l'exercice du pouvoir.
La situation de la France est proprement dramatique :
- la croissance est évanescente
- l'Etat est endetté bien au-delà du raisonnable
- le taux de chômage est l'un des plus élevés d’Europe
- la pauvreté est devenue endémique
- le pouvoir d'achat des Français s’érode sous le poids des impôts
- l’Etat se mêle de tout, et ne réussit rien
- toute tentative de réforme est repoussée dans la rue
Quant à nos élus, ils en sont réduits aux vocalises, aux manifestations très médiatiques de leur indignation compassionnelle et, somme toute, de leur impuissance. Après avoir délibérément abandonné aux technocrates européens le pouvoir de faire les choix importants pour notre quotidien et notre avenir, il ne leur reste plus qu'à voter des lois inutiles et liberticides.
Changer de classe politique
Les hommes et femmes à qui nous avons confié le pouvoir depuis 30 ans ont échoué. Lamentablement et à plusieurs reprises. Il faut donc en changer ! Il serait nettement préférable que ce changement s'effectue dans le cadre d'élections démocratiques, et non à la faveur d'une de ces révolutions violentes dont nous avons le secret. Les Français ont déjà envoyé deux coups de semonces très sérieux aux partis du pouvoir en place. Il y à de grandes chances qu'ils les sanctionnent définitivement à l'occasion de la présidentielle, puis des législatives, de 2007.
Nouveaux visages
Ségolène Royal est charmante mais elle et le PS s’adonnent au socialisme le plus archaïque, comme à l’époque où Tonton voulait « changer la vie ». Quant à Nicolas Sarkozy et ses copains de l'UMP, comment leur faire confiance ? Pourquoi feraient-ils en 2007 ce qu'ils n'ont pas fait depuis 2002 ? Les représentants de la nomenklatura politico-médiatique s'attachent d'ores et déjà à nous présenter le duel Royal-Sarkozy comme inéluctable au deuxième tour. A grand renfort de sondages, les manipulateurs d'épouvantails parlent de « vote utile » dès le premier tour. Ils tentent de nous voler cette élection. Il faut leur tenir tête, et c'est bien ce que j'ai l'intention de faire ici. Pour éviter la faillite nationale (façon Argentine) et sortir le pays de l'impasse collectivo-dirigiste, élisons en 2007 une nouvelle génération d'hommes et de femmes, issus et représentatifs de la société française dans sa diversité.
Qui alors ?
Il est trop tôt pour savoir lequel ou lesquels des candidats à la présidentielle sauront attirer à eux suffisamment de suffrages pour représenter une alternative aux candidats hyper médiatisés de l'UMP et du PS. Bayrou ? Villiers ? Dupont-Aignan ? Le Pen ? Les semaines qui viennent vont être très intéressantes de ce point de vue. Je m'attacherai sur ce blog à promouvoir les vraies bonnes idées et les candidatures intéressantes de mon point de vue. Une chose est sûre : l'avenir de la France, son visage futur, son existence même à long terme, se décident en 2007. Les Français le sentent, ils seront au rendez-vous.
Blogons
Comme il s'agit d'un hobby et que j'ai un boulot prenant, je préviens que je ne pourrai pas poster quotidiennement. Je vais m'efforcer d'être régulier cependant. Je serai plus bref que par le passé (cf certains des textes postés en 2002 sur mon site familial, qui sont sur ce blog pour mémoire et référence). Vos commentaires et contributions sont les bienvenus !
Avec la campagne présidentielle 2007 qui s’officialise, difficile de résister plus longtemps à l'appel du blog, à l'envie de partager de nouveau mes analyses, mes idées et mes espoirs. Comme il y à 5 ans, lorsque j'observais depuis les US le spectacle lamentable de la réélection de Jacques Chirac, après un simulacre de deuxième tour sans débat. De retour au pays depuis 2005, mon envie est encore plus forte qu'alors d'ajouter ma voix à celles qui suggèrent qu'il est urgent que les Français changent d'hommes (et de femmes) politiques.
Constat
Si l'on analyse ce qui se passe dans notre pays depuis deux ou trois décennies, la proposition n'a rien d’outrancier. Gauche et droite se succèdent au pouvoir dans un semblant d'alternance démocratique. Cependant, rien ne bouge vraiment, en tout cas pas dans le bon sens. Pendant la période de mon séjour américain, entre 1999 et 2005, le principal changement qui semble s'être opéré est celui d'un double renoncement : celui du peuple français à tout espoir de lendemains meilleurs et celui de nos élus à l'exercice du pouvoir.
La situation de la France est proprement dramatique :
- la croissance est évanescente
- l'Etat est endetté bien au-delà du raisonnable
- le taux de chômage est l'un des plus élevés d’Europe
- la pauvreté est devenue endémique
- le pouvoir d'achat des Français s’érode sous le poids des impôts
- l’Etat se mêle de tout, et ne réussit rien
- toute tentative de réforme est repoussée dans la rue
Quant à nos élus, ils en sont réduits aux vocalises, aux manifestations très médiatiques de leur indignation compassionnelle et, somme toute, de leur impuissance. Après avoir délibérément abandonné aux technocrates européens le pouvoir de faire les choix importants pour notre quotidien et notre avenir, il ne leur reste plus qu'à voter des lois inutiles et liberticides.
Changer de classe politique
Les hommes et femmes à qui nous avons confié le pouvoir depuis 30 ans ont échoué. Lamentablement et à plusieurs reprises. Il faut donc en changer ! Il serait nettement préférable que ce changement s'effectue dans le cadre d'élections démocratiques, et non à la faveur d'une de ces révolutions violentes dont nous avons le secret. Les Français ont déjà envoyé deux coups de semonces très sérieux aux partis du pouvoir en place. Il y à de grandes chances qu'ils les sanctionnent définitivement à l'occasion de la présidentielle, puis des législatives, de 2007.
Nouveaux visages
Ségolène Royal est charmante mais elle et le PS s’adonnent au socialisme le plus archaïque, comme à l’époque où Tonton voulait « changer la vie ». Quant à Nicolas Sarkozy et ses copains de l'UMP, comment leur faire confiance ? Pourquoi feraient-ils en 2007 ce qu'ils n'ont pas fait depuis 2002 ? Les représentants de la nomenklatura politico-médiatique s'attachent d'ores et déjà à nous présenter le duel Royal-Sarkozy comme inéluctable au deuxième tour. A grand renfort de sondages, les manipulateurs d'épouvantails parlent de « vote utile » dès le premier tour. Ils tentent de nous voler cette élection. Il faut leur tenir tête, et c'est bien ce que j'ai l'intention de faire ici. Pour éviter la faillite nationale (façon Argentine) et sortir le pays de l'impasse collectivo-dirigiste, élisons en 2007 une nouvelle génération d'hommes et de femmes, issus et représentatifs de la société française dans sa diversité.
Qui alors ?
Il est trop tôt pour savoir lequel ou lesquels des candidats à la présidentielle sauront attirer à eux suffisamment de suffrages pour représenter une alternative aux candidats hyper médiatisés de l'UMP et du PS. Bayrou ? Villiers ? Dupont-Aignan ? Le Pen ? Les semaines qui viennent vont être très intéressantes de ce point de vue. Je m'attacherai sur ce blog à promouvoir les vraies bonnes idées et les candidatures intéressantes de mon point de vue. Une chose est sûre : l'avenir de la France, son visage futur, son existence même à long terme, se décident en 2007. Les Français le sentent, ils seront au rendez-vous.
Blogons
Comme il s'agit d'un hobby et que j'ai un boulot prenant, je préviens que je ne pourrai pas poster quotidiennement. Je vais m'efforcer d'être régulier cependant. Je serai plus bref que par le passé (cf certains des textes postés en 2002 sur mon site familial, qui sont sur ce blog pour mémoire et référence). Vos commentaires et contributions sont les bienvenus !
3 janvier 2007
Questions à Philippe de Villiers à l’aube de la campagne présidentielle 2007
Cher Monsieur,
L’élection présidentielle approche et je m’interroge quant à l’opportunité de soutenir et promouvoir votre candidature. Ce document résume mes interrogations et sert à vous faire part de quelques suggestions. Puisse-t-il vous aider à affiner votre stratégie de campagne et à mieux répondre aux attentes des Français qui, comme moi, se désolent du déclin de la France et trouvent peu de raison d’espérer dans la classe politique au pouvoir depuis 30 ans. Votre réponse m’obligerait, soyez en remercié à l’avance.
Pour quoi faire ?
Ma première question, fondamentale, concerne vos buts. A ce jour, il me semble que vos chances d’arriver au second tour sont très faibles. Aussi, j’aimerais savoir pourquoi vous vous présentez : quel est votre objectif ?
L’élection présidentielle approche et je m’interroge quant à l’opportunité de soutenir et promouvoir votre candidature. Ce document résume mes interrogations et sert à vous faire part de quelques suggestions. Puisse-t-il vous aider à affiner votre stratégie de campagne et à mieux répondre aux attentes des Français qui, comme moi, se désolent du déclin de la France et trouvent peu de raison d’espérer dans la classe politique au pouvoir depuis 30 ans. Votre réponse m’obligerait, soyez en remercié à l’avance.
Pour quoi faire ?
Ma première question, fondamentale, concerne vos buts. A ce jour, il me semble que vos chances d’arriver au second tour sont très faibles. Aussi, j’aimerais savoir pourquoi vous vous présentez : quel est votre objectif ?
- Faire plus de 5% afin que l’Etat rembourse vos frais de campagne ?
- Atteindre entre 8% et 10% pour exister sur l’échiquier politique français en vue de 2012 ?
- Obtenir un ministère dans le prochain gouvernement ? Sarkozy pourrait vous le proposer si vous faites un score honorable sans l’empêcher d’accéder au second tour, et, bien entendu, si vous appelez à voter pour lui au second tour…
- Espérez-vous sérieusement effacer des candidats « lourds » comme Sarkozy et Le Pen au premier tour, pour affronter et battre Ségolène Royal au second tour ?
Argumentaire
Beaucoup de gens qui adhérent aux idées que vous défendez vont voter Sarkozy au premier tour, même s’ils ne sont convaincus ni par l’homme ni par le programme, par peur de contribuer à l’élection de Ségolène Royal. Que dites-vous à ces gens-là ? 2002 ayant prouvé qu’une élection présidentielle peut se jouer au premier tour, comment convaincre les électeurs de droite que voter Villiers en 2007 ne desservira pas Sarkozy en faveur de Le Pen, ce qui favoriserait in fine Madame Royal ? A moins que vous n’ayez une ambition ministérielle, ne serait-il pas opportun de critiquer ouvertement le programme classiquement étatiste de l’UMP, et de semer le doute dans les esprits de droite quant à la capacité de Nicolas Sarkozy à mettre en œuvre la moitié de son programme, comme Chirac avant lui ?
Le Pen
Il est évident que les déçus du chiraquisme se reporteront plus naturellement sur vous si Jean-Marie Le Pen ne peut se présenter, faute d’avoir accumulé les 500 signatures requises. Pourquoi ne pas attaquer plus frontalement Le Pen sur ses nombreux points faibles (programme incohérent, incapacité à passer le second tour puis à gouverner le pays, âge, provocations en tous genres, etc), afin d’inciter les maires de France à ne pas lui donner leur parrainage et de préparer le terrain dans l’opinion publique ?
Droite patriotique de gouvernement ?
Avec qui gouvernerez-vous si vous êtes élu ? Le MPF ne donne pas l’image d’un parti de gouvernement. Jusqu'à présent, on ne voit que vous et Guillaume Pelletier. La jeunesse de ce dernier est certes compensée par son dynamisme, mais qui compose l’équipe qui mettra en œuvre votre programme une fois élu ? On ne peut qu’espérer que vous donnerez une plus grande visibilité dans votre campagne aux membres de votre future équipe gouvernementale, composée on peut l’imaginer d’élus du MPF et de personnalités compétentes issues de la société civile. Il vous faut absolument « marketer » votre équipe, ce que ses membres ont pu accomplir dans leurs parcours respectifs, autant que ce que vous avez fait vous-même en Vendée.
Les intellectuels
Combattant la chape de plomb de la pensée unique, des auteurs ont publié des analyses décapantes sur la réalité dramatique de notre pays (Nicolas Baverez, Charles Gave, Mathieu Laine, Nicolas Lecaussin, etc). Grâce à Internet, les idées nécessaires au renouveau se répandent, issues de « think tanks », associations et autres sites web à vocation politique (l’Ifrap, Contribuables Associes, Liberté Chérie, Liberté Politique, Conscience Politique, les 4 vérités, etc). Où sont les intellectuels dans votre dispositif ? Mis à part les résidents du MPF, quels sont ceux qui soutiendront ouvertement votre candidature ? Vous aurez besoin de leur soutien pour réformer face aux syndicats révolutionnaires. Pourquoi ne pas mettre à contribution les bonnes volontés parmi ces têtes pensantes, en leur demandant de coopérer à la formulation d’une stratégie de redressement, un projet à long terme et non-partisan pour sortir la France et l’Europe de l’impasse socialo-étatique ?
Alliance pour la France
Un certain nombre de « petits candidats annoncés » partagent vos analyses sur l’essentiel et mettent en avant les solutions éprouvées à l’étranger mais jamais mise en œuvre dans notre pays, qui sont fondées sur le primat de la liberté et de la responsabilité. Tous ont à cœur de voir le paysage politique français se renouveler et se posent en alternative à la caste des techno-fonctionnaires qui accapare le pouvoir depuis 30 ans (dans un semblant d’alternance gauche-droite), et dont le seul but est de préserver ses privilèges et sa mainmise sur le pays. Individuellement, ces candidats n’ont aucune chance. Collectivement, ils représentent peut être l’avenir politique de la France. Pourquoi ne pas tenter de fédérer ces candidatures en créant une « Alliance pour la France », regroupant les divers candidats non-alignés, libéraux, indépendants et autres chasseurs, avant que la collecte des signatures ne soit terminée pour tous ? L’on peut espérer que ces candidats ont plus à cœur l’intérêt du pays que leur propre ego, mais peut-être suis-je trop optimiste. Saurez-vous créer une plateforme commune de gouvernement et déployer la diplomatie nécessaire pour convaincre Nicolas Dupont-Aignan, Edouard Fillias, Claude Reichmann et autres de rallier votre panache blanc ? Qui sait, peut-être feront-ils des émules au sein de l’UMP (Rachid Kaci, Christine Boutin, Alain Madelin), à l’UDF (Christian Blanc), voire au FN…
Etoffez-moi çà !
Je redoute que les Français ne s’abandonnent au fantasme d’être dirigés par une « mama » socialiste et sexy comme Ségolène Royal. Malgré les efforts de Nicolas Sarkozy, je crains que l’UMP ne paye le prix des inconsistances chiraquiennes depuis 1995. Le Pen ne passera pas plus en 2007 qu’en 2002. Il reste vous-même. Je crois à votre honnêteté, à la justesse de vos analyses, à votre capacité de prendre les décisions qui s’imposent. Vos qualités de leader sont évidentes, mais saurez-vous les mettre en œuvre ? Pour incarner l’espoir que bon nombre de Français n’ont plus en l’avenir, il est indispensable que votre candidature ne soit pas celle, étroite, d’un jeune parti politique, aussi sympathique soit-il. Ni seulement la candidature du non à la constitution européenne. Votre cœur de cible ce sont les électeurs de l’UMP et du FN, il vous faut donc attaquer Le Pen et Sarkozy bille en tête. Vous devez devenir le candidat du vrai changement pour tous les déçus du chiraquisme, pour les Français qui refusent que l’Etat décide de tout a leur place et gaspille le fruit de leur travail sans parvenir à résoudre le moindre de leurs problèmes quotidiens. S’il n’est pas trop tard, créez une « Alliance pour la France » afin que votre candidature soit soutenue par d’autres mouvements que le seul MPF et pour étoffer votre équipe de talents extérieurs. Recrutez des soutiens dans la société civile, chez les intellectuels, les leaders d’opinion. Mettez en avant les futurs membres de votre gouvernement. Faites en sorte que le MPF prenne visiblement de la bouteille, afin d’être perçu comme une alternative crédible aux partis au pouvoir depuis 30 ans.
En vous remerciant de votre attention.
Stéphane de Saint Albin
Beaucoup de gens qui adhérent aux idées que vous défendez vont voter Sarkozy au premier tour, même s’ils ne sont convaincus ni par l’homme ni par le programme, par peur de contribuer à l’élection de Ségolène Royal. Que dites-vous à ces gens-là ? 2002 ayant prouvé qu’une élection présidentielle peut se jouer au premier tour, comment convaincre les électeurs de droite que voter Villiers en 2007 ne desservira pas Sarkozy en faveur de Le Pen, ce qui favoriserait in fine Madame Royal ? A moins que vous n’ayez une ambition ministérielle, ne serait-il pas opportun de critiquer ouvertement le programme classiquement étatiste de l’UMP, et de semer le doute dans les esprits de droite quant à la capacité de Nicolas Sarkozy à mettre en œuvre la moitié de son programme, comme Chirac avant lui ?
Le Pen
Il est évident que les déçus du chiraquisme se reporteront plus naturellement sur vous si Jean-Marie Le Pen ne peut se présenter, faute d’avoir accumulé les 500 signatures requises. Pourquoi ne pas attaquer plus frontalement Le Pen sur ses nombreux points faibles (programme incohérent, incapacité à passer le second tour puis à gouverner le pays, âge, provocations en tous genres, etc), afin d’inciter les maires de France à ne pas lui donner leur parrainage et de préparer le terrain dans l’opinion publique ?
Droite patriotique de gouvernement ?
Avec qui gouvernerez-vous si vous êtes élu ? Le MPF ne donne pas l’image d’un parti de gouvernement. Jusqu'à présent, on ne voit que vous et Guillaume Pelletier. La jeunesse de ce dernier est certes compensée par son dynamisme, mais qui compose l’équipe qui mettra en œuvre votre programme une fois élu ? On ne peut qu’espérer que vous donnerez une plus grande visibilité dans votre campagne aux membres de votre future équipe gouvernementale, composée on peut l’imaginer d’élus du MPF et de personnalités compétentes issues de la société civile. Il vous faut absolument « marketer » votre équipe, ce que ses membres ont pu accomplir dans leurs parcours respectifs, autant que ce que vous avez fait vous-même en Vendée.
Les intellectuels
Combattant la chape de plomb de la pensée unique, des auteurs ont publié des analyses décapantes sur la réalité dramatique de notre pays (Nicolas Baverez, Charles Gave, Mathieu Laine, Nicolas Lecaussin, etc). Grâce à Internet, les idées nécessaires au renouveau se répandent, issues de « think tanks », associations et autres sites web à vocation politique (l’Ifrap, Contribuables Associes, Liberté Chérie, Liberté Politique, Conscience Politique, les 4 vérités, etc). Où sont les intellectuels dans votre dispositif ? Mis à part les résidents du MPF, quels sont ceux qui soutiendront ouvertement votre candidature ? Vous aurez besoin de leur soutien pour réformer face aux syndicats révolutionnaires. Pourquoi ne pas mettre à contribution les bonnes volontés parmi ces têtes pensantes, en leur demandant de coopérer à la formulation d’une stratégie de redressement, un projet à long terme et non-partisan pour sortir la France et l’Europe de l’impasse socialo-étatique ?
Alliance pour la France
Un certain nombre de « petits candidats annoncés » partagent vos analyses sur l’essentiel et mettent en avant les solutions éprouvées à l’étranger mais jamais mise en œuvre dans notre pays, qui sont fondées sur le primat de la liberté et de la responsabilité. Tous ont à cœur de voir le paysage politique français se renouveler et se posent en alternative à la caste des techno-fonctionnaires qui accapare le pouvoir depuis 30 ans (dans un semblant d’alternance gauche-droite), et dont le seul but est de préserver ses privilèges et sa mainmise sur le pays. Individuellement, ces candidats n’ont aucune chance. Collectivement, ils représentent peut être l’avenir politique de la France. Pourquoi ne pas tenter de fédérer ces candidatures en créant une « Alliance pour la France », regroupant les divers candidats non-alignés, libéraux, indépendants et autres chasseurs, avant que la collecte des signatures ne soit terminée pour tous ? L’on peut espérer que ces candidats ont plus à cœur l’intérêt du pays que leur propre ego, mais peut-être suis-je trop optimiste. Saurez-vous créer une plateforme commune de gouvernement et déployer la diplomatie nécessaire pour convaincre Nicolas Dupont-Aignan, Edouard Fillias, Claude Reichmann et autres de rallier votre panache blanc ? Qui sait, peut-être feront-ils des émules au sein de l’UMP (Rachid Kaci, Christine Boutin, Alain Madelin), à l’UDF (Christian Blanc), voire au FN…
Etoffez-moi çà !
Je redoute que les Français ne s’abandonnent au fantasme d’être dirigés par une « mama » socialiste et sexy comme Ségolène Royal. Malgré les efforts de Nicolas Sarkozy, je crains que l’UMP ne paye le prix des inconsistances chiraquiennes depuis 1995. Le Pen ne passera pas plus en 2007 qu’en 2002. Il reste vous-même. Je crois à votre honnêteté, à la justesse de vos analyses, à votre capacité de prendre les décisions qui s’imposent. Vos qualités de leader sont évidentes, mais saurez-vous les mettre en œuvre ? Pour incarner l’espoir que bon nombre de Français n’ont plus en l’avenir, il est indispensable que votre candidature ne soit pas celle, étroite, d’un jeune parti politique, aussi sympathique soit-il. Ni seulement la candidature du non à la constitution européenne. Votre cœur de cible ce sont les électeurs de l’UMP et du FN, il vous faut donc attaquer Le Pen et Sarkozy bille en tête. Vous devez devenir le candidat du vrai changement pour tous les déçus du chiraquisme, pour les Français qui refusent que l’Etat décide de tout a leur place et gaspille le fruit de leur travail sans parvenir à résoudre le moindre de leurs problèmes quotidiens. S’il n’est pas trop tard, créez une « Alliance pour la France » afin que votre candidature soit soutenue par d’autres mouvements que le seul MPF et pour étoffer votre équipe de talents extérieurs. Recrutez des soutiens dans la société civile, chez les intellectuels, les leaders d’opinion. Mettez en avant les futurs membres de votre gouvernement. Faites en sorte que le MPF prenne visiblement de la bouteille, afin d’être perçu comme une alternative crédible aux partis au pouvoir depuis 30 ans.
En vous remerciant de votre attention.
Stéphane de Saint Albin
4 décembre 2004
Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy
Cher Monsieur,
Vous voici à la tête du principal parti politique de France. Félicitations !
Quoi qu’en disent Madame la Ministre de la Défense et Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, et bien que vous deviez très diplomatiquement ne pas vous prononcer encore, vous serez probablement le candidat de l’UMP aux présidentielles de 2007. Pour beaucoup de nos compatriotes, c’est une très bonne nouvelle. Comme j’ai pu le constater lors de mes vacances en France cet été, vous représentez l’espoir. En vous voyant agir et en vous écoutant, ils pensent : « l’immobilisme et le déclin ne sont pas inéluctables » ; « la relève à droite est en marche » ; « nous aurons bientôt une vraie stratégie pour réussir le passage au 21eme siècle ».
J’aimerais le croire moi aussi. Vos déclarations récentes me laissent penser que vous analysez la situation avec lucidité, que les sujets tabous ne vous font pas peur. Vous avez un talent indéniable pour la communication. Il me semble que vous saurez, mieux que quiconque, vendre aux Français les décisions difficiles, trop longtemps retardées, qu’il faudra bien prendre un jour. A l’heure où j’imagine que vous vous attelez avec votre équipe à définir une stratégie pour sortir le pays de l’impasse, permettez que je vous fasse part de quelques réflexions. Elles sont issues du regard contrasté que je porte sur la situation française depuis bientôt 6 ans que je vis aux Etats-Unis. Puissent ces idées contribuer à votre propre réflexion.
Faire rentrer la France dans le 21eme siècle.
Vous avez évoqué le 28 Novembre dernier la nécessité de remettre la France au travail. C’est clairement la priorité. Comme beaucoup de Français, je suis déçu au point d’être en colère contre Messieurs Chirac et Raffarin. Je ne comprends pas qu’ils n’aient pas profité de la victoire de 2002 pour défaire les erreurs, que dis-je, les sabotages socialistes, 35 heures en tête. En gouvernant au centre, en adoptant les thèses de l’extrême gauche alter-mondialiste, en cédant trop facilement aux menaces des syndicats révolutionnaires, en n’engageant pas résolument la France sur la voie de la réforme libérale, ils n’ont fait que retarder l’inévitable, tout en plongeant une grande partie de leur électorat dans le désarroi le plus complet. Les résultats des deux derniers scrutins indiquent clairement que Jacques Chirac n’a pas su interpréter le message du 21 Avril 2002. Votre défi, à la tête de l’UMP, sera d’éviter une défaite retentissante pour la droite en 2007.
Pour sortir la France de la spirale du déclin, il faudra dès le lendemain des élections prendre des mesures énergiques, effectuer des changements radicaux. Les demi-mesures et mini-réformes en cours ne peuvent produire l’électrochoc nécessaire pour libérer les énergies, susciter de nouvelles entreprises, convaincre les entreprises étrangères d’investir en France et arrêter l’hémorragie des cerveaux. Pour remettre le pays sur la voie du renouveau, il faudra simplifier de nombreux aspects de l’activité économique et sociale, détruire les barrières administratives, réduire drastiquement la fiscalité. Et réduire plus drastiquement encore les dépenses publiques pour résorber les déficits et la dette accumulés ces trente dernières années. En recentrant l’Etat sur ses fonctions régaliennes, on re-orientera l’investissement national vers le secteur privé, seul créateur d’emplois et de richesses à long terme. L’objectif principal du gouvernement devra être de redonner l’initiative aux Français, de créer les conditions qui les conduiront à investir, à innover, à se battre et à gagner. En résumé, il faudra libérer l’économie. La notion de libération n’est pas excessive. Peu importe que l’intelligentsia de gauche ait réussit à diaboliser l’idée libérale, ce dont la France a le plus besoin en ce moment, c’est bien de liberté. Il faut libérer la France de l’étatisme qui l’étouffe progressivement depuis les années 70. Cela ne se fera pas sans douloureuses remises en cause.
Vu de l’étranger, il est frappant de voir à quel point les Français semblent se replier sur eux-mêmes, se recroqueviller sur leurs avantages acquis, sans voir qu’ils vivent déjà au dessus de leurs moyens. Dans presque tous les discours, on dénote une dose de fatalité, de résignation. La France semble figée dans une attitude schizophrénique, partagée entre la certitude de sa grandeur universelle et le constat navré de son dynamisme et de sa compétitivité diminués. Chez certains, cette attitude se mue en aveuglement total. Comment expliquer le dénigrement systématique des solutions libérales adoptées ailleurs, malgré leur efficacité indéniable ? Le status quo est devenu la norme française. Ce qui me frappe le plus, par rapport à l’Amérique, ce n’est pas tant l’immobilisme ou le manque de réalisme pragmatique, mais le manque d’espoir, une certaine forme de désespérance. La France me fait l’effet d’une vieille dame déprimée qui refuse de voir son mal et, par conséquent, de se soigner.
Or, le mal qui la ronge est mortel. Les causes en sont multiples, mais l’une d’entre elles me parait particulièrement préoccupante : les Français vieillissent. Depuis de nombreuses années, la situation démographique de notre pays est alarmante. Le fait que certains de nos voisins européens soient dans une situation plus catastrophique encore ne doit pas nous rassurer. Le non-renouvellement des générations est une épée de Damoclès qui pèse sur notre avenir. Alors que l’impact du vieillissement de la population sur notre système de protection sociale et le dynamisme de notre économie est évident, les gouvernements de ces dernières années se sont résignés à ne rien faire. Or, la dénatalité n’est pas une fatalité. Il suffit de prendre le taureau par les cornes. Des mesures fiscales simples inciteront les familles françaises à faire plus d’enfants.
Il y a un autre mal profond qui mine notre veille France : la dilution de son identité, en raison de son évolution multiculturelle et multiconfessionnelle. Bien que voulue pendant les trente glorieuses, l’immigration aurait du être strictement contrôlée depuis le premier choc pétrolier. En particulier en provenance des pays musulmans. Bien entendu, il faut intégrer les Français de confession musulmane, ce que vous avez essayé de faire au Ministère de l’Intérieur. Beaucoup reste à faire pour que tous les immigrants adoptent notre langue et notre culture avant même d’accéder à la nationalité. Contenir l’activisme prosélyte à tendance islamiste de pays comme l’Arabie Saoudite est une question de sécurité nationale. Mais l’urgence des urgences dans ce domaine, c’est bien de stopper l’immigration clandestine. Le dogme de la tradition de terre d’accueil doit être revisité. Les criminels étrangers doivent être renvoyés chez eux. La pratique du regroupement familial doit être abolie. Et il faut établir un régime de quotas par pays, pratique très répandue et tout à fait compatible avec les droits de l’homme, quoiqu’en dise les extrémistes de gauche.
Chômage. Dénatalité. Immigration. Insécurité. On peut, sans exagérer, affirmer que les Français ont peur de l’avenir. Pour leur redonner confiance, il faut d’abord arrêter d’essayer de leur faire croire que tout va bien. La première étape de toute rémission, c’est la prise de conscience. De nombreux auteurs ont, ces dernières années, mis en évidence les symptômes du déclin français. Certains ont fait des propositions concrètes. On les a accusés de défaitisme, quasiment de trahison. Ecoutez-les, mettez-les à contribution pour définir la stratégie qui permettra de remettre la France sur les rails. Au-delà des intellectuels, ce sont les Français qu’il faut interpeller et mettre à contribution, bien avant la présidentielle ou que le moment soit venu de mettre en œuvre cette même stratégie.
Les Français ne sont pas des bœufs, pour peu qu’on sache les responsabiliser. C’est en le faisant que vous pourrez le mieux vous différencier de vos prédécesseurs ou concurrents, consolider votre capital de sympathie auprès des Français et diriger in fine la transformation du pays. C’est en mettant en pratique une nouvelle conception du rôle du politique, fondée sur le respect des gens, une certaine humilité, la notion de service, et une intégrité sans faille que vous obtiendrez la participation active des Français au processus démocratique, puis aux diverses étapes du changement qui doit s’effectuer dans le pays. Le travail de réflexion publique sur les défis et les solutions à mettre en place suppose bien entendu une liberté totale de pensée et de parole. Si l’UMP ne s’autorise pas à porter un regard critique sur l’action, voire l’inaction, du gouvernement, c’est droit dans le mur que nous irons, et pas seulement aux élections de 2007.
Nous pouvons, ensemble, sortir de l’impasse actuelle. La fierté du coq gaulois, réputée de ce coté-ci de l’Atlantique (au point d’être qualifiée d’arrogance), est un puissant ressort à utiliser, une fois le constat sans complaisance établit de la situation réelle du pays. C’est une véritable révolution culturelle qu’il faut encourager, dans notre camp et au-delà des clivages politiques traditionnels. Le monde complexe dans lequel nous évoluons laisse les Français perplexes. L’évolution rapide des technologies, des idées et des mœurs a atténué les points de repères habituels. Bien que nous vivions dans l’ère de l’information, les gens ne comprennent plus très bien le monde dans lequel ils vivent. La violence est omniprésente, la consommation devient le critère par lequel se définit l’individu. L’émotion prend le pas sur la raison, y compris sur la place publique. Le nihilisme fait des ravages, et pas seulement dans les esprits jeunes. Certaines évolutions dans les comportements sociaux, notamment sur le plan sexuel, bouleversent les fondements même de la société. En cette période de confusion et d’incertitudes, les Français ont plus que jamais besoin de sens.
Les hommes et les mouvements politiques n’échappent pas aux conséquences de la déliquescence des repères moraux et philosophiques, à la perte de sens qui s’est installée dans la société depuis 68. Il n’y a qu’à voir la façon dont l’Assemblée vote sur les questions de société, sans parler de la vacuité de certains propos tenus par des responsables politiques de tous bords. La révolution culturelle dont je parlais doit s’appuyer sur un retour aux valeurs. Il faut que la France millénaire se réconcilie avec elle-même, fasse le bilan de ses forces et de ses faiblesses à l’aube du 21eme siècle, et l’inventaire de ce qui la définit, malgré et au-delà des égarements qui parsèment son histoire. C’est en grande partie le rôle des intellectuels. Cependant, il me semble important pour un mouvement politique de clarifier les valeurs dans laquelle s’ancre sa réflexion et ses propositions d’action. Il serait opportun à mon sens que l’UMP mène une réflexion de fond sur les fondations morales qui sont ou doivent être les siennes. Les valeurs de liberté, d’initiative, de responsabilité, de respect, de dialogue créatif, d’innovation, sont probablement partagées par la majorité des Français susceptibles de voter à droite. Partant de là, quelle position votre formation doit-elle adopter sur les questions sociétales d’actualité, comme celles liées à l’institution du mariage (divorce, homosexualité), ou à la protection de la vie (recherche sur l’embryon, avortement, euthanasie) ?
Les valeurs ont joué un rôle majeur dans la re-élection de George Bush. Il est peut être temps en France de créer un parti conservateur, au sens américain du terme, qui prenne a cœur les préoccupations morales de la majorité silencieuse des Français et propose une alternative clairement libérale, au sens français du terme, pour rompre définitivement avec le socialisme dans ce pays. Vous avez évoqué récemment le rôle de la religion dans la vie publique. J’applaudis. Je rêve d’entendre un jour un homme politique français, candidat ou élu à la magistrature suprême, prier Dieu de bénir la France, comme c’est le cas fréquemment aux Etats-Unis. Pourquoi pas ?
Mieux faire l’Europe.
L’avenir de la France passe par l’Europe. Tout le monde s’accorde sur ce point, même à gauche. Or, le défi principal qui se présente à notre génération est de sortir l’Europe de l’impasse bureaucratique. La marche forcée vers l’intégration s’est faite à Bruxelles, au mépris de l’opinion des peuples européens. Certes, les traités de Maastricht et Nice ont pu être ratifiés techniquement par les parlements nationaux, mais les peuples n’ont pas été consultés sur les grandes orientations. Certes, un grand nombre des décisions prises par les commissaires européens, notamment sur le plan économique, sont d’inspiration libérale et vont plutôt dans le bon sens. Mais, les élus européens n’ayant aucun pouvoir réel, le gouvernement effectif de l’Europe est laissé à des fonctionnaires. Cette réalité est très loin de correspondre à l’idée démocratique sur laquelle nos sociétés sont fondées.
Nous n’avons pas d’autre choix que de réussir l’Europe. Et parce que c’est le cas, il faut prendre le temps de revoir les objectifs de la construction européenne et de revisiter ses modalités de fonctionnement. Pourquoi faisons-nous l’Europe ? Pour faire concurrence et nous opposer à « l’hyperpuissance » américaine ? Ou pour essayer d’obtenir pour nous-mêmes les bénéfices dont jouissent les Américains ? Quelle Europe veut-on faire ? Veut-on d’un super-Etat bureaucratique et centralisé qui régisse les moindres aspects de la vie des Européens ? Ou bien s’agit-il de créer un espace de liberté, de croissance et de synergies dans le contexte de valeurs partagées ? L’Europe, pas plus que la France, n’a besoin de plus d’Etat… La croissance, par contre, serait la bienvenue ! Aux vues des différences qui existent entre les Etats et les peuples européens, quel est le meilleur mode d’organisation au sein de la Communauté ? Est-ce la recherche du consensus général, finalement sanctionné par le vote majoritaire, inévitable source de frustrations ? Ne peut-on plutôt s’orienter vers un fonctionnement plus souple, basé sur le partenariat volontaire entre Etats-membres ? L’actuelle proposition de Constitution Européenne répond clairement à ces questions, mais ses réponses ne sont pas les bonnes. Entériner cette constitution serait condamner l’Europe à l’impuissance, à l’immobilisme, au déclin prolongé.
Je crois qu’il serait sain d’évaluer stratégiquement et librement cette proposition de constitution avant de prendre des décisions qui engagent à long terme notre avenir collectif. L’opportunité se présente aujourd’hui de faire une Europe qui corresponde aux aspirations profondes et s’appuient sur les spécificités des peuples européens. Demain, il sera trop tard, revenir en arrière sera quasiment impossible. Prenons le temps de la réflexion, même si cela implique de remettre en cause le travail des élites européennes qui ont cogité ce projet. En particulier, ayons le courage de dénoncer l’idéologie qui sous-tend le concept d’intégration politique. Vouloir forcer les peuples européens à fusionner dans une sorte de grand magma uniforme aux contours imprécis est un objectif que je n’hésite pas à qualifier de marxiste. Rien ne le justifie, pas même les conflits passés. Ce rêve utopique est celui de bureaucrates et de politiciens complètement déconnectés de la réalité. Certains nostalgiques de l’idéologie socialiste sont en train d’essayer de nous imposer l’utopie qui vola en éclats avec la chute du mur de Berlin. Soyons réalistes et pragmatiques. Sachons dénoncer cette imposture idéologique et éviter une catastrophe historique. La réalité d’aujourd’hui c’est qu’il n’y a pas un peuple européen, mais des peuples européens.
Un peuple européen relativement uni, à l’image du peuple américain, émergera peut être à long terme, dans 50 ou 100 ans. Ce ne sera possible cependant que si nos actes fondateurs d’aujourd’hui s’appuient sur nos valeurs communes, dans le respect de nos différences. La question turque a le mérite de mettre à jour les intentions utopiques qui se cachent derrière la notion, officiellement si impérative, d’intégration politique. Si l’on intègre la Turquie dans l’Europe, pourquoi pas les pays musulmans situés au sud de l’Europe ? Le refus de nos représentants[1] de reconnaître les origines chrétiennes de la civilisation européenne, et partant la communauté de valeurs qui caractérise l’Europe dans son âme, est ressenti par beaucoup de nos compatriotes comme l’une des plus grandes trahisons de ces dernières années. Rien à voir avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et la sacro-sainte laïcité dont se parent ceux qui préfèrent, par idéologie, nier la vérité historique et rejeter dans le même temps les valeurs de civilisation issues de cet héritage millénaire.
La crise irakienne a montré les difficultés très concrètes qu’il faudra surmonter pour réaliser l’Europe politique que la nouvelle constitution est supposée faciliter. Il faudra du temps, beaucoup de temps. Et plus qu’une constitution commune. L’idée d’une politique européenne de la défense a sérieusement du plomb dans l’aile aujourd’hui. Le gouffre qui existe entre la position du couple franco-allemand et celle l’Angleterre n’est pas près de se résorber, même si Tony Blair est évincé du pouvoir. Beaucoup dépend de l’attitude de la France d’après 2007. Tant que la France maintiendra son attitude d’opposition systématique aux Etats-Unis, il y a peu de chance que l’Europe soit capable de parler d’une seule voix dans le concert des nations. L’Allemagne, réaliste, a fini par prendre ses distances par rapport au “vedrinisme” de Monsieur de Villepin. Ceux des nouveaux membres de la Communauté Européenne qui ont vécu sous le joug soviétique savent ce qu’ils doivent à l’Amérique de Ronald Reagan. De plus, ils seraient mal avisés de choisir la relative impuissance militaire franco-allemande plutôt que d’adosser leur stratégie de défense sur la formidable machine américaine.
Il faut que la France cesse de baser sa politique étrangère sur le ressentiment et la jalousie vis-à-vis du succès américain. Il ne s’agit pas de s’aligner aveuglement sur la position américaine, qui peut être critiquable. Il s’agit d’user de mesure dans notre critique, en faisant preuve de réalisme, ce qui pourrait nous conduire a eu peu d’humilité. La France n’a plus ni la puissance économique, ni l’influence politique, ni les moyens militaires pour justifier le rôle de premier plan qu’elle prétend encore jouer sur la scène diplomatique internationale. Investissons et redressons la barre avant de donner des leçons aux autres. Il s’agit aussi de choisir clairement le camp de l’Occident dans la guerre mondiale contre le terrorisme islamique. Les Etats-Unis conduise cette guerre avec détermination. Ils font certes des erreurs de jugement, mais ils paient aussi le prix fort. Nous, Européens, bénéficierons de cet investissement à long terme, tout comme les pays de l’Est ont bénéficié de l’obstination de plusieurs générations d’Américains pendant la guerre froide. Nous sommes dans le même camp, ne l’oublions pas. Plutôt que de faire de l’obstruction au niveau de l’OTAN, ou de rêver d’une Défense Européenne que nous n’avons pas les moyens de mettre en place et qui ne sera vraisemblablement jamais capable d’atteindre l’efficacité de l’Alliance Atlantique, choisissons de travailler avec les Américains. Nous avons tout à y gagner. L’Europe et le monde ont tout à y gagner.
Le referendum sur la Constitution Européenne sera un moment historique, bien au-delà du contexte politique franco-français. C’est une question grave a laquelle nous devrons tous répondre l’an prochain : non pas « oui » ou « non » à l’Europe ; mais « oui » ou « non » à la formule négociée par nos représentants, en notre nom, au cours des deux dernières décennies. Ce sera aussi votre premier rendez-vous électoral à la tête de l’UMP. Le Président de la République et le gouvernement feront campagne pour le oui, dans la logique des engagements pris par eux-mêmes ou leurs prédécesseurs au fil des ans. Bien que tout le monde semble penser que vous abonderez dans ce sens, je me demande et je vous demande : quelle sera votre position ? Alignement sur la position présidentielle au nom de la sacro-sainte loyauté au chef de l’Etat, si souvent rappelée à votre bon souvenir récemment ? Ou courage d’appeler un chat un chat, au risque de rompre ouvertement avec Jacques Chirac deux ans avant l’échéance de 2007 ?
Décision difficile s’il en est. Mon conseil : exercez votre leadership. Dites la vérité aux Français sur ce qui les attend et sur l’incapacité de l’Europe qui nous est proposée de créer plus de liberté et de richesse, dans le respect de nos diversités. Ne cédez pas aux pressions de ceux qui ne savent que ramer dans le sens du courant, sans voir qu’à l’issue il a une cascade mortelle. Ne cédez pas non plus aux invectives de ceux qui veulent prendre notre vote en otage en nous prédisant une catastrophe insurmontable en cas de non-ratification. Utilisez votre capital de sympathie auprès des Français pour expliquer ce qui doit changer dans le processus européen et pourquoi il est utile de revenir à la table des négociations avec nos partenaires pour construire une Europe qui fonctionne. Certains de vos amis politiques vous maudiront sûrement, mais la France et les Français vous en seront reconnaissants.
En conclusion, il me semble que les grands axes d’une stratégie de redressement nationale, à mettre en œuvre à partir de 2007, sont :
Vous voici à la tête du principal parti politique de France. Félicitations !
Quoi qu’en disent Madame la Ministre de la Défense et Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, et bien que vous deviez très diplomatiquement ne pas vous prononcer encore, vous serez probablement le candidat de l’UMP aux présidentielles de 2007. Pour beaucoup de nos compatriotes, c’est une très bonne nouvelle. Comme j’ai pu le constater lors de mes vacances en France cet été, vous représentez l’espoir. En vous voyant agir et en vous écoutant, ils pensent : « l’immobilisme et le déclin ne sont pas inéluctables » ; « la relève à droite est en marche » ; « nous aurons bientôt une vraie stratégie pour réussir le passage au 21eme siècle ».
J’aimerais le croire moi aussi. Vos déclarations récentes me laissent penser que vous analysez la situation avec lucidité, que les sujets tabous ne vous font pas peur. Vous avez un talent indéniable pour la communication. Il me semble que vous saurez, mieux que quiconque, vendre aux Français les décisions difficiles, trop longtemps retardées, qu’il faudra bien prendre un jour. A l’heure où j’imagine que vous vous attelez avec votre équipe à définir une stratégie pour sortir le pays de l’impasse, permettez que je vous fasse part de quelques réflexions. Elles sont issues du regard contrasté que je porte sur la situation française depuis bientôt 6 ans que je vis aux Etats-Unis. Puissent ces idées contribuer à votre propre réflexion.
Faire rentrer la France dans le 21eme siècle.
Vous avez évoqué le 28 Novembre dernier la nécessité de remettre la France au travail. C’est clairement la priorité. Comme beaucoup de Français, je suis déçu au point d’être en colère contre Messieurs Chirac et Raffarin. Je ne comprends pas qu’ils n’aient pas profité de la victoire de 2002 pour défaire les erreurs, que dis-je, les sabotages socialistes, 35 heures en tête. En gouvernant au centre, en adoptant les thèses de l’extrême gauche alter-mondialiste, en cédant trop facilement aux menaces des syndicats révolutionnaires, en n’engageant pas résolument la France sur la voie de la réforme libérale, ils n’ont fait que retarder l’inévitable, tout en plongeant une grande partie de leur électorat dans le désarroi le plus complet. Les résultats des deux derniers scrutins indiquent clairement que Jacques Chirac n’a pas su interpréter le message du 21 Avril 2002. Votre défi, à la tête de l’UMP, sera d’éviter une défaite retentissante pour la droite en 2007.
Pour sortir la France de la spirale du déclin, il faudra dès le lendemain des élections prendre des mesures énergiques, effectuer des changements radicaux. Les demi-mesures et mini-réformes en cours ne peuvent produire l’électrochoc nécessaire pour libérer les énergies, susciter de nouvelles entreprises, convaincre les entreprises étrangères d’investir en France et arrêter l’hémorragie des cerveaux. Pour remettre le pays sur la voie du renouveau, il faudra simplifier de nombreux aspects de l’activité économique et sociale, détruire les barrières administratives, réduire drastiquement la fiscalité. Et réduire plus drastiquement encore les dépenses publiques pour résorber les déficits et la dette accumulés ces trente dernières années. En recentrant l’Etat sur ses fonctions régaliennes, on re-orientera l’investissement national vers le secteur privé, seul créateur d’emplois et de richesses à long terme. L’objectif principal du gouvernement devra être de redonner l’initiative aux Français, de créer les conditions qui les conduiront à investir, à innover, à se battre et à gagner. En résumé, il faudra libérer l’économie. La notion de libération n’est pas excessive. Peu importe que l’intelligentsia de gauche ait réussit à diaboliser l’idée libérale, ce dont la France a le plus besoin en ce moment, c’est bien de liberté. Il faut libérer la France de l’étatisme qui l’étouffe progressivement depuis les années 70. Cela ne se fera pas sans douloureuses remises en cause.
Vu de l’étranger, il est frappant de voir à quel point les Français semblent se replier sur eux-mêmes, se recroqueviller sur leurs avantages acquis, sans voir qu’ils vivent déjà au dessus de leurs moyens. Dans presque tous les discours, on dénote une dose de fatalité, de résignation. La France semble figée dans une attitude schizophrénique, partagée entre la certitude de sa grandeur universelle et le constat navré de son dynamisme et de sa compétitivité diminués. Chez certains, cette attitude se mue en aveuglement total. Comment expliquer le dénigrement systématique des solutions libérales adoptées ailleurs, malgré leur efficacité indéniable ? Le status quo est devenu la norme française. Ce qui me frappe le plus, par rapport à l’Amérique, ce n’est pas tant l’immobilisme ou le manque de réalisme pragmatique, mais le manque d’espoir, une certaine forme de désespérance. La France me fait l’effet d’une vieille dame déprimée qui refuse de voir son mal et, par conséquent, de se soigner.
Or, le mal qui la ronge est mortel. Les causes en sont multiples, mais l’une d’entre elles me parait particulièrement préoccupante : les Français vieillissent. Depuis de nombreuses années, la situation démographique de notre pays est alarmante. Le fait que certains de nos voisins européens soient dans une situation plus catastrophique encore ne doit pas nous rassurer. Le non-renouvellement des générations est une épée de Damoclès qui pèse sur notre avenir. Alors que l’impact du vieillissement de la population sur notre système de protection sociale et le dynamisme de notre économie est évident, les gouvernements de ces dernières années se sont résignés à ne rien faire. Or, la dénatalité n’est pas une fatalité. Il suffit de prendre le taureau par les cornes. Des mesures fiscales simples inciteront les familles françaises à faire plus d’enfants.
Il y a un autre mal profond qui mine notre veille France : la dilution de son identité, en raison de son évolution multiculturelle et multiconfessionnelle. Bien que voulue pendant les trente glorieuses, l’immigration aurait du être strictement contrôlée depuis le premier choc pétrolier. En particulier en provenance des pays musulmans. Bien entendu, il faut intégrer les Français de confession musulmane, ce que vous avez essayé de faire au Ministère de l’Intérieur. Beaucoup reste à faire pour que tous les immigrants adoptent notre langue et notre culture avant même d’accéder à la nationalité. Contenir l’activisme prosélyte à tendance islamiste de pays comme l’Arabie Saoudite est une question de sécurité nationale. Mais l’urgence des urgences dans ce domaine, c’est bien de stopper l’immigration clandestine. Le dogme de la tradition de terre d’accueil doit être revisité. Les criminels étrangers doivent être renvoyés chez eux. La pratique du regroupement familial doit être abolie. Et il faut établir un régime de quotas par pays, pratique très répandue et tout à fait compatible avec les droits de l’homme, quoiqu’en dise les extrémistes de gauche.
Chômage. Dénatalité. Immigration. Insécurité. On peut, sans exagérer, affirmer que les Français ont peur de l’avenir. Pour leur redonner confiance, il faut d’abord arrêter d’essayer de leur faire croire que tout va bien. La première étape de toute rémission, c’est la prise de conscience. De nombreux auteurs ont, ces dernières années, mis en évidence les symptômes du déclin français. Certains ont fait des propositions concrètes. On les a accusés de défaitisme, quasiment de trahison. Ecoutez-les, mettez-les à contribution pour définir la stratégie qui permettra de remettre la France sur les rails. Au-delà des intellectuels, ce sont les Français qu’il faut interpeller et mettre à contribution, bien avant la présidentielle ou que le moment soit venu de mettre en œuvre cette même stratégie.
Les Français ne sont pas des bœufs, pour peu qu’on sache les responsabiliser. C’est en le faisant que vous pourrez le mieux vous différencier de vos prédécesseurs ou concurrents, consolider votre capital de sympathie auprès des Français et diriger in fine la transformation du pays. C’est en mettant en pratique une nouvelle conception du rôle du politique, fondée sur le respect des gens, une certaine humilité, la notion de service, et une intégrité sans faille que vous obtiendrez la participation active des Français au processus démocratique, puis aux diverses étapes du changement qui doit s’effectuer dans le pays. Le travail de réflexion publique sur les défis et les solutions à mettre en place suppose bien entendu une liberté totale de pensée et de parole. Si l’UMP ne s’autorise pas à porter un regard critique sur l’action, voire l’inaction, du gouvernement, c’est droit dans le mur que nous irons, et pas seulement aux élections de 2007.
Nous pouvons, ensemble, sortir de l’impasse actuelle. La fierté du coq gaulois, réputée de ce coté-ci de l’Atlantique (au point d’être qualifiée d’arrogance), est un puissant ressort à utiliser, une fois le constat sans complaisance établit de la situation réelle du pays. C’est une véritable révolution culturelle qu’il faut encourager, dans notre camp et au-delà des clivages politiques traditionnels. Le monde complexe dans lequel nous évoluons laisse les Français perplexes. L’évolution rapide des technologies, des idées et des mœurs a atténué les points de repères habituels. Bien que nous vivions dans l’ère de l’information, les gens ne comprennent plus très bien le monde dans lequel ils vivent. La violence est omniprésente, la consommation devient le critère par lequel se définit l’individu. L’émotion prend le pas sur la raison, y compris sur la place publique. Le nihilisme fait des ravages, et pas seulement dans les esprits jeunes. Certaines évolutions dans les comportements sociaux, notamment sur le plan sexuel, bouleversent les fondements même de la société. En cette période de confusion et d’incertitudes, les Français ont plus que jamais besoin de sens.
Les hommes et les mouvements politiques n’échappent pas aux conséquences de la déliquescence des repères moraux et philosophiques, à la perte de sens qui s’est installée dans la société depuis 68. Il n’y a qu’à voir la façon dont l’Assemblée vote sur les questions de société, sans parler de la vacuité de certains propos tenus par des responsables politiques de tous bords. La révolution culturelle dont je parlais doit s’appuyer sur un retour aux valeurs. Il faut que la France millénaire se réconcilie avec elle-même, fasse le bilan de ses forces et de ses faiblesses à l’aube du 21eme siècle, et l’inventaire de ce qui la définit, malgré et au-delà des égarements qui parsèment son histoire. C’est en grande partie le rôle des intellectuels. Cependant, il me semble important pour un mouvement politique de clarifier les valeurs dans laquelle s’ancre sa réflexion et ses propositions d’action. Il serait opportun à mon sens que l’UMP mène une réflexion de fond sur les fondations morales qui sont ou doivent être les siennes. Les valeurs de liberté, d’initiative, de responsabilité, de respect, de dialogue créatif, d’innovation, sont probablement partagées par la majorité des Français susceptibles de voter à droite. Partant de là, quelle position votre formation doit-elle adopter sur les questions sociétales d’actualité, comme celles liées à l’institution du mariage (divorce, homosexualité), ou à la protection de la vie (recherche sur l’embryon, avortement, euthanasie) ?
Les valeurs ont joué un rôle majeur dans la re-élection de George Bush. Il est peut être temps en France de créer un parti conservateur, au sens américain du terme, qui prenne a cœur les préoccupations morales de la majorité silencieuse des Français et propose une alternative clairement libérale, au sens français du terme, pour rompre définitivement avec le socialisme dans ce pays. Vous avez évoqué récemment le rôle de la religion dans la vie publique. J’applaudis. Je rêve d’entendre un jour un homme politique français, candidat ou élu à la magistrature suprême, prier Dieu de bénir la France, comme c’est le cas fréquemment aux Etats-Unis. Pourquoi pas ?
Mieux faire l’Europe.
L’avenir de la France passe par l’Europe. Tout le monde s’accorde sur ce point, même à gauche. Or, le défi principal qui se présente à notre génération est de sortir l’Europe de l’impasse bureaucratique. La marche forcée vers l’intégration s’est faite à Bruxelles, au mépris de l’opinion des peuples européens. Certes, les traités de Maastricht et Nice ont pu être ratifiés techniquement par les parlements nationaux, mais les peuples n’ont pas été consultés sur les grandes orientations. Certes, un grand nombre des décisions prises par les commissaires européens, notamment sur le plan économique, sont d’inspiration libérale et vont plutôt dans le bon sens. Mais, les élus européens n’ayant aucun pouvoir réel, le gouvernement effectif de l’Europe est laissé à des fonctionnaires. Cette réalité est très loin de correspondre à l’idée démocratique sur laquelle nos sociétés sont fondées.
Nous n’avons pas d’autre choix que de réussir l’Europe. Et parce que c’est le cas, il faut prendre le temps de revoir les objectifs de la construction européenne et de revisiter ses modalités de fonctionnement. Pourquoi faisons-nous l’Europe ? Pour faire concurrence et nous opposer à « l’hyperpuissance » américaine ? Ou pour essayer d’obtenir pour nous-mêmes les bénéfices dont jouissent les Américains ? Quelle Europe veut-on faire ? Veut-on d’un super-Etat bureaucratique et centralisé qui régisse les moindres aspects de la vie des Européens ? Ou bien s’agit-il de créer un espace de liberté, de croissance et de synergies dans le contexte de valeurs partagées ? L’Europe, pas plus que la France, n’a besoin de plus d’Etat… La croissance, par contre, serait la bienvenue ! Aux vues des différences qui existent entre les Etats et les peuples européens, quel est le meilleur mode d’organisation au sein de la Communauté ? Est-ce la recherche du consensus général, finalement sanctionné par le vote majoritaire, inévitable source de frustrations ? Ne peut-on plutôt s’orienter vers un fonctionnement plus souple, basé sur le partenariat volontaire entre Etats-membres ? L’actuelle proposition de Constitution Européenne répond clairement à ces questions, mais ses réponses ne sont pas les bonnes. Entériner cette constitution serait condamner l’Europe à l’impuissance, à l’immobilisme, au déclin prolongé.
Je crois qu’il serait sain d’évaluer stratégiquement et librement cette proposition de constitution avant de prendre des décisions qui engagent à long terme notre avenir collectif. L’opportunité se présente aujourd’hui de faire une Europe qui corresponde aux aspirations profondes et s’appuient sur les spécificités des peuples européens. Demain, il sera trop tard, revenir en arrière sera quasiment impossible. Prenons le temps de la réflexion, même si cela implique de remettre en cause le travail des élites européennes qui ont cogité ce projet. En particulier, ayons le courage de dénoncer l’idéologie qui sous-tend le concept d’intégration politique. Vouloir forcer les peuples européens à fusionner dans une sorte de grand magma uniforme aux contours imprécis est un objectif que je n’hésite pas à qualifier de marxiste. Rien ne le justifie, pas même les conflits passés. Ce rêve utopique est celui de bureaucrates et de politiciens complètement déconnectés de la réalité. Certains nostalgiques de l’idéologie socialiste sont en train d’essayer de nous imposer l’utopie qui vola en éclats avec la chute du mur de Berlin. Soyons réalistes et pragmatiques. Sachons dénoncer cette imposture idéologique et éviter une catastrophe historique. La réalité d’aujourd’hui c’est qu’il n’y a pas un peuple européen, mais des peuples européens.
Un peuple européen relativement uni, à l’image du peuple américain, émergera peut être à long terme, dans 50 ou 100 ans. Ce ne sera possible cependant que si nos actes fondateurs d’aujourd’hui s’appuient sur nos valeurs communes, dans le respect de nos différences. La question turque a le mérite de mettre à jour les intentions utopiques qui se cachent derrière la notion, officiellement si impérative, d’intégration politique. Si l’on intègre la Turquie dans l’Europe, pourquoi pas les pays musulmans situés au sud de l’Europe ? Le refus de nos représentants[1] de reconnaître les origines chrétiennes de la civilisation européenne, et partant la communauté de valeurs qui caractérise l’Europe dans son âme, est ressenti par beaucoup de nos compatriotes comme l’une des plus grandes trahisons de ces dernières années. Rien à voir avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et la sacro-sainte laïcité dont se parent ceux qui préfèrent, par idéologie, nier la vérité historique et rejeter dans le même temps les valeurs de civilisation issues de cet héritage millénaire.
La crise irakienne a montré les difficultés très concrètes qu’il faudra surmonter pour réaliser l’Europe politique que la nouvelle constitution est supposée faciliter. Il faudra du temps, beaucoup de temps. Et plus qu’une constitution commune. L’idée d’une politique européenne de la défense a sérieusement du plomb dans l’aile aujourd’hui. Le gouffre qui existe entre la position du couple franco-allemand et celle l’Angleterre n’est pas près de se résorber, même si Tony Blair est évincé du pouvoir. Beaucoup dépend de l’attitude de la France d’après 2007. Tant que la France maintiendra son attitude d’opposition systématique aux Etats-Unis, il y a peu de chance que l’Europe soit capable de parler d’une seule voix dans le concert des nations. L’Allemagne, réaliste, a fini par prendre ses distances par rapport au “vedrinisme” de Monsieur de Villepin. Ceux des nouveaux membres de la Communauté Européenne qui ont vécu sous le joug soviétique savent ce qu’ils doivent à l’Amérique de Ronald Reagan. De plus, ils seraient mal avisés de choisir la relative impuissance militaire franco-allemande plutôt que d’adosser leur stratégie de défense sur la formidable machine américaine.
Il faut que la France cesse de baser sa politique étrangère sur le ressentiment et la jalousie vis-à-vis du succès américain. Il ne s’agit pas de s’aligner aveuglement sur la position américaine, qui peut être critiquable. Il s’agit d’user de mesure dans notre critique, en faisant preuve de réalisme, ce qui pourrait nous conduire a eu peu d’humilité. La France n’a plus ni la puissance économique, ni l’influence politique, ni les moyens militaires pour justifier le rôle de premier plan qu’elle prétend encore jouer sur la scène diplomatique internationale. Investissons et redressons la barre avant de donner des leçons aux autres. Il s’agit aussi de choisir clairement le camp de l’Occident dans la guerre mondiale contre le terrorisme islamique. Les Etats-Unis conduise cette guerre avec détermination. Ils font certes des erreurs de jugement, mais ils paient aussi le prix fort. Nous, Européens, bénéficierons de cet investissement à long terme, tout comme les pays de l’Est ont bénéficié de l’obstination de plusieurs générations d’Américains pendant la guerre froide. Nous sommes dans le même camp, ne l’oublions pas. Plutôt que de faire de l’obstruction au niveau de l’OTAN, ou de rêver d’une Défense Européenne que nous n’avons pas les moyens de mettre en place et qui ne sera vraisemblablement jamais capable d’atteindre l’efficacité de l’Alliance Atlantique, choisissons de travailler avec les Américains. Nous avons tout à y gagner. L’Europe et le monde ont tout à y gagner.
Le referendum sur la Constitution Européenne sera un moment historique, bien au-delà du contexte politique franco-français. C’est une question grave a laquelle nous devrons tous répondre l’an prochain : non pas « oui » ou « non » à l’Europe ; mais « oui » ou « non » à la formule négociée par nos représentants, en notre nom, au cours des deux dernières décennies. Ce sera aussi votre premier rendez-vous électoral à la tête de l’UMP. Le Président de la République et le gouvernement feront campagne pour le oui, dans la logique des engagements pris par eux-mêmes ou leurs prédécesseurs au fil des ans. Bien que tout le monde semble penser que vous abonderez dans ce sens, je me demande et je vous demande : quelle sera votre position ? Alignement sur la position présidentielle au nom de la sacro-sainte loyauté au chef de l’Etat, si souvent rappelée à votre bon souvenir récemment ? Ou courage d’appeler un chat un chat, au risque de rompre ouvertement avec Jacques Chirac deux ans avant l’échéance de 2007 ?
Décision difficile s’il en est. Mon conseil : exercez votre leadership. Dites la vérité aux Français sur ce qui les attend et sur l’incapacité de l’Europe qui nous est proposée de créer plus de liberté et de richesse, dans le respect de nos diversités. Ne cédez pas aux pressions de ceux qui ne savent que ramer dans le sens du courant, sans voir qu’à l’issue il a une cascade mortelle. Ne cédez pas non plus aux invectives de ceux qui veulent prendre notre vote en otage en nous prédisant une catastrophe insurmontable en cas de non-ratification. Utilisez votre capital de sympathie auprès des Français pour expliquer ce qui doit changer dans le processus européen et pourquoi il est utile de revenir à la table des négociations avec nos partenaires pour construire une Europe qui fonctionne. Certains de vos amis politiques vous maudiront sûrement, mais la France et les Français vous en seront reconnaissants.
En conclusion, il me semble que les grands axes d’une stratégie de redressement nationale, à mettre en œuvre à partir de 2007, sont :
- Libérer l’économie,
- Mettre en place une politique nataliste,
- Contrôler l’immigration,
- Mobiliser les français, les faire participer à la définition de votre projet,
- Faciliter une révolution culturelle, centrée sur des valeurs claires,
- Appeler à voter non au futur referendum sur la Constitution Européenne,
- Et travailler à construire une Europe porteuse d’avenir, pas une usine à gaz de plus (nous avons déjà l’ONU).
J’ai 39 ans, je suis marié et j’ai 5 enfants. Mon pays me manque autant qu’il me désespère. Je ne suis pas le seul. Saurez-vous nous convaincre qu’il est temps de rentrer pour participer à la construction d’une France moderne, dans une Europe amie des Etats-Unis d’Amérique, forte de ses complémentarités et non d’une uniformité artificielle imposée par des idéologues ?
Stéphane de Saint Albin
[1] J’utilise à dessein le terme de représentants et non pas celui de dirigeants. La différence étant que pour diriger, il faut susciter l’adhésion, la confiance et l’enthousiasme qui conduisent au dépassement de soi.
15 mars 2003
Irak : le bal des hypocrytes
Tout a été dit ou presque sur l’Irak. Le débat onusien se radicalisant, on nous presse de choisir un camp, de dire s’il on est favorable à une intervention militaire, ou si l’on s’oppose a tout prix à une nouvelle guerre du golfe. Les medias se déchaînent de part et d’autre de l’Atlantique, avec leur manque de finesse et leurs simplifications habituelles. Il est difficile de trancher sans avoir l’impression d’être manipulé et de tomber dans le panneau des uns ou des autres.
Pour ceux qui ont encore le moindre doute, l'Amérique va envahir l'Irak. Ses détracteurs prêtent à Bush des motivations diverses, comme de vouloir mettre la main sur le pétrole irakien ou encore d’avoir juré « finir le travail commencé par Papa » et d’entendre relancer l’industrie américaine de l’armement, qui aurait besoin de nouvelles commandes après les bombardements massifs de l’an dernier sur l’Afghanistan. Tout ceci est sans doute vrai, si l'on prête foi aux informations liant la famille Bush a certaines sociétés influentes au sein du système militaro-industriel américain.
Quoi qu'il en soit, la raison officielle est la sécurité des Etats-Unis. Apres le 11 septembre, il semble que les Américains aient pris la mesure du rôle primordial que joue l'Arabie Saoudite dans le financement du terrorisme islamiste mondiale ainsi que dans le recrutement et la formation des kamikazes islamistes. Le fait que l'essentiel de leurs approvisionnements en pétrole provienne de ce pays ne permet pas aux américains de peser efficacement sur le régime saoudien. Une fois le pétrole irakien sous contrôle US, Washington sera en mesure de changer de politique vis-à-vis de Ryad.
L'Irak représente en soi un risque relativement mineur en terme de sécurité (moindre en tout cas que la Corée du Nord, l'Afghanistan, voire le Pakistan), même si la possibilité existe que Saddam fourgue ses armes biologiques ou bactériologiques a un fou d’Allah manipulé par Ben Laden. Malgré les déclarations de M. de Villepin, il est de notoriété publique que Saddam finance et soutient de nombreux mouvements terroristes islamistes, dont le Hamas palestinien.
En débarrassant les autres dirigeants arabes de Saddam Hussein, un voisin ambitieux et brutal, les américains espèrent augmenter leur influence dans cette région du monde. Ils espèrent peser sur une résolution négociée du conflit palestino-israélien. Ils pensent qu’un déploiement massif de forces obligera les autres dictateurs de la région à adopter un profil plus « démocratique ».
Bush entrera donc a Bagdad. J'espère qu'il ne le fera sans avoir reçu l’assentiment des Nations Unies mais la probabilité diminue de jour en jour. Il y a encore quelques jours, je prédisais une « Gulf War II, le retour » entre Avril et Mai, une fois que les membres du conseil de sécurité, France en tête, auront fini de négocier avec Washington leurs rôles respectifs dans l’Irak « libérée ». Officiellement, le conseil de sécurité en arrivera à la conclusion, après cinq a six mois d’efforts répétés de MM Blix et El Baradei, que Saddam n’a pas détruit ses armes de destruction massive. Tout le monde sait très bien qu’il n’a jamais eu l’intention de le faire, bien entendu.
Pour éviter l’invasion, Saddam a le choix entre l’exil volontaire et la publication des preuves qu’il a détruit les armes de destruction massive qui étaient encore en sa possession il y a 5 ans. Il ne choisira pas la transparence, car il n’a très pas détruit ces armes. Avouer serait perdre la face. S’il choisit l’exil, les troupes qui entreront dans Bagdad porteront peut être des casques bleus, fraîchement ajoutés au paquetage des soldats américains, britanniques et… français !
L’argument a été servi de part et d’autre que le contrôle du pétrole irakien est le vrai enjeu et le vrai motif de désaccord entre les Etats-Unis et la France. Nous avons déjà évoqué le rôle du pétrole dans les motivations américaines. Quid des motivations françaises ?
Depuis la première guerre du golfe, la France serait devenue l’un des principaux fournisseurs de l’Irak, représentant 20% de ses importations limitées par les sanctions économiques. De plus, la rumeur circule qu’Elf-Total-Fina a négocié un nouvel accord exceptionnel avec le dictateur de Bagdad. Que les efforts diplomatiques français pour ralentir l’impétuosité américaine soient influencés par de telles considérations ne serait pas surprenant : ce ne serait pas la première fois qu’intérêts politiques et économiques s’entremêlent dans la définition des objectifs de la diplomatie française, en particulier au Moyen-Orient (Liban, vous avez dit Liban ?).
Ce que je trouve troublant dans ce jeu d’hypocrites, c’est que la France, arguant de raisons humanitaires, soutient de fait le maintien d’une dictature et de sanctions économiques qui ont fait plus de dégâts dans ce pays que la guerre de quelques semaines menée il y a 12 ans ou que celle que les américains semblent impatients de lancer. Très à l’aise dans son rôle de pourfendeur des tyrannies en tous genres et de défenseur universel des Droits de l’Homme, la France a quand même une fâcheuse tendance à favoriser la stabilité aux dépens de la « justice » dans les affaires internationales. Combien de dictateurs du continent africain furent et sont les amis personnels de Mr Chirac, après avoir été ceux de MM Mitterrand et Giscard ?
Cela dit, la France tient son rôle depuis quelques mois en tempérant à l'ONU les impatiences américaines. Il faut cependant qu'elle le fasse de manière intelligente et pour les bonnes raisons.
S’opposer au projet des américains en Irak sous prétexte qu’ils sont nos concurrents économiques (en Irak ou d’une manière générale) n’est pas à mon sens une bonne raison. Vouloir redorer le blason de la France en devenant le symbole de la résistance systématique et quelque peu vaine à l’hégémonie américaine me semble un mauvais calcul. Mieux vaudrait convaincre par l’action, en redevenant rapidement une puissance économique et militaire de premier rang. Vu d’ici, la position française a quelque chose de pathétiquement irréaliste, de totalement utopique.
Il me semble que la seule bonne façon de s’opposer aux projets américains est de le faire en lien étroit avec eux, en vue du désarmement de l’Irak. C’est l’idée du « good cop, bad cop », comme dans les films policiers. Malheureusement, on a du mal à voir dans le débat récent entre les Etats-Unis et la « veille Europe » le travail de quelques excellents acteurs et la puissance d’une bonne mise en scène. Les coups vols trop bas depuis Janvier.
Tout le monde sait que les discussions importantes n’ont pas lieu en séance publique du conseil de sécurité, devant les cameras de télévision. Espérons que Chirac et Villepin sauront convaincre Bush et Powell que, loin de tout anti-américanisme primaire, la France agit pour le bien de la cause commune, c'est-à-dire en vue :
1. d'obtenir que l'Irak soit effectivement désarmée, le peuple irakien libéré de la dictature de Saddam (et du diktat économique imposé par la France et les US via l’ONU),
2. d’empêcher le terrorisme islamiste international de nuire à nos intérêts, en combattant activement les états/nations qui le supportent,
3. de protéger le monde contre les menaces qui découleraient immanquablement de la mise en application de la doctrine de la « guerre préventive », surtout si celle-ci est déclarée en dehors du droit international, aussi imparfait soit il.
Faire entendre raison aux américains sur ce dernier point sera clairement un pari difficile. Car il y a un fossé culturel grandissant entre les Etats-Unis et l’Europe.
J’admire quotidiennement le pragmatisme et le réalisme des américains, leur capacité a analyser une situation (y compris un échec passé), a définir une stratégie, a prendre les décisions qui en découlent et a les appliquer sans retard et sans arrière-pensée. Dommage que ces qualités s’accompagnent d’un manque total de finesse et de « psychologie géopolitique » : peu nombreux sont les responsables américains qui se soucient de l’impact de la politique US sur les peuples étrangers, que ce soit concrètement ou en terme culturels.
Aux yeux des américains, le déficit d’efficacité et l’impuissance chronique dont nous souffrons en Europe disqualifient totalement les leçons de sagesse que nous voulons leur donner (y compris quand ils n’ont rien demandé). Cette différence « culturelle » est d’ailleurs l’un des arguments les plus férocement justes qu’ils utilisent dans le débat actuel : l’Amérique agit, les Nations Unis, la France et la veille Europe parlent et s'écoutent parler.
Il y a peu d'espoir que Bush change d'avis, même si l'opposition a la guerre en Irak et à l'actuelle politique extérieure américaine semble grandir aux Etats-Unis. Il me semble que l'argument primordial sur lequel il faudrait miser est celui de la responsabilité morale qu'ont les Etats-Unis envers le reste du monde. S’ils appliquent leur doctrine de « frappes préventives », les US risquent de créer un monstre qui se retournera à la première occasion contre les Etats-Unis et leurs alliés, comme le montre d'ailleurs l’exemple récent de la Corée du Nord.
Le salut pourrait-il venir de l’Angleterre ? Il faudrait réussir a convaincre Tony Blair de revenir sur sa position. Non pas par la menace de mesures de rétorsion, comme celles proférées par Chirac contre les candidats a l'Union (quel scandale et quelle honte !). Espérons que la pression de la rue et celle qu'il subit au sein de son propre parti politique incitera Tony à prendre du recul. Il faudrait que les anglais réalisent que dans son principe même, la guerre préventive n’est pas moralement justifiable. Avec l’invasion du Koweit en 1991, l’intervention armée s’imposait clairement. En 2003, les choses sont loin d'être si simples.
La première question est de savoir si déposer Saddam Hussein est un objectif moralement acceptable. Il me semble que la réponse est positive, dans la mesure où il (Saddam) s’oppose depuis de nombreuses années à de multiples décisions dûment entérinées par le seul corps constitué qui ait un tant soit peu de légitimité dans ce domaine, les Nations Unies. Il n'est pas le seul dans ce cas mais il pousse carrément le bouchon.
La deuxième question est celle des moyens à utiliser. Il me semble qu'un tapis de bombes et 300,000 soldats sont une réponse disproportionnée par rapport aux risques encourus. N’est-il pas possible d’atteindre le même objectif sans envahir et prendre le contrôle du pays ? J’ai du mal à croire que la CIA, avec les moyens dont elle dispose, ne soit pas en mesure de « libérer » le peuple irakien du tyran et d’installer un régime plus « amical », voire démocratique, si c’est vraiment l’objectif des américains. Quelques "assassins" ou escouades de leurs forces spéciales devraient suffire. Et peu importe s'il faut au passage sacrifier quelques « doubles » du dictateur.
Je souhaite que la France continue à tenir tête aux US sur les principes moraux et légaux, mais sans animosité excessive et en sachant, le moment venu, choisir le bon camp, celui du réalisme face aux dangers qui nous guettent. Au lieu de brandir la menace du veto, j’aimerais savoir ce que font Chirac et Villepin pour aider les amerloques à sortir de leur logique de guerre préventive.
Le courage dont fait preuve la France dans son opposition actuelle aux projets américains sur l'Irak ne doit pas occulter les vrais problèmes et la nécessite d'agir courageusement pour défendre notre pays des dangers qui le menace. Au lieu de nier le conflit d'intérêt fondamental qui existe entre l'occident chrétien et les pays sous-développés sous influence islamiste (voir la dépêche de Reuters), le bon sens consisterait a prendre des mesures immédiates pour stopper l’immigration en vue du long terme, pour « assimiler » les immigres légaux et rétablir la sécurité dans nos banlieues, ou les fidèles de Ben Laden préparent sans doute le prochain 11 septembre. Assez de paroles courageuses, passons aux actes Monsieur le Président !
Enfin, ne nous trompons pas d'adversaires. Certes, les Américains sont nos pires concurrents sur le plan économique. Certes, ils tentent d’empêcher la construction d’une Europe unie, puissante et efficace. Mais nous sommes clairement dans le même camp sur le plan de la sécurité internationale, aujourd’hui comme hier. Les Anglais, pragmatiques, l'ont compris. Il ne faudrait pas que les Français, aveuglés par un certain idéalisme angélique teinté d'anti-américanisme s'enferment dans une opposition systématique et stérile qui disqualifie encore plus notre pays dans le concert économique et politique mondial.
Stéphane
Pour ceux qui ont encore le moindre doute, l'Amérique va envahir l'Irak. Ses détracteurs prêtent à Bush des motivations diverses, comme de vouloir mettre la main sur le pétrole irakien ou encore d’avoir juré « finir le travail commencé par Papa » et d’entendre relancer l’industrie américaine de l’armement, qui aurait besoin de nouvelles commandes après les bombardements massifs de l’an dernier sur l’Afghanistan. Tout ceci est sans doute vrai, si l'on prête foi aux informations liant la famille Bush a certaines sociétés influentes au sein du système militaro-industriel américain.
Quoi qu'il en soit, la raison officielle est la sécurité des Etats-Unis. Apres le 11 septembre, il semble que les Américains aient pris la mesure du rôle primordial que joue l'Arabie Saoudite dans le financement du terrorisme islamiste mondiale ainsi que dans le recrutement et la formation des kamikazes islamistes. Le fait que l'essentiel de leurs approvisionnements en pétrole provienne de ce pays ne permet pas aux américains de peser efficacement sur le régime saoudien. Une fois le pétrole irakien sous contrôle US, Washington sera en mesure de changer de politique vis-à-vis de Ryad.
L'Irak représente en soi un risque relativement mineur en terme de sécurité (moindre en tout cas que la Corée du Nord, l'Afghanistan, voire le Pakistan), même si la possibilité existe que Saddam fourgue ses armes biologiques ou bactériologiques a un fou d’Allah manipulé par Ben Laden. Malgré les déclarations de M. de Villepin, il est de notoriété publique que Saddam finance et soutient de nombreux mouvements terroristes islamistes, dont le Hamas palestinien.
En débarrassant les autres dirigeants arabes de Saddam Hussein, un voisin ambitieux et brutal, les américains espèrent augmenter leur influence dans cette région du monde. Ils espèrent peser sur une résolution négociée du conflit palestino-israélien. Ils pensent qu’un déploiement massif de forces obligera les autres dictateurs de la région à adopter un profil plus « démocratique ».
Bush entrera donc a Bagdad. J'espère qu'il ne le fera sans avoir reçu l’assentiment des Nations Unies mais la probabilité diminue de jour en jour. Il y a encore quelques jours, je prédisais une « Gulf War II, le retour » entre Avril et Mai, une fois que les membres du conseil de sécurité, France en tête, auront fini de négocier avec Washington leurs rôles respectifs dans l’Irak « libérée ». Officiellement, le conseil de sécurité en arrivera à la conclusion, après cinq a six mois d’efforts répétés de MM Blix et El Baradei, que Saddam n’a pas détruit ses armes de destruction massive. Tout le monde sait très bien qu’il n’a jamais eu l’intention de le faire, bien entendu.
Pour éviter l’invasion, Saddam a le choix entre l’exil volontaire et la publication des preuves qu’il a détruit les armes de destruction massive qui étaient encore en sa possession il y a 5 ans. Il ne choisira pas la transparence, car il n’a très pas détruit ces armes. Avouer serait perdre la face. S’il choisit l’exil, les troupes qui entreront dans Bagdad porteront peut être des casques bleus, fraîchement ajoutés au paquetage des soldats américains, britanniques et… français !
L’argument a été servi de part et d’autre que le contrôle du pétrole irakien est le vrai enjeu et le vrai motif de désaccord entre les Etats-Unis et la France. Nous avons déjà évoqué le rôle du pétrole dans les motivations américaines. Quid des motivations françaises ?
Depuis la première guerre du golfe, la France serait devenue l’un des principaux fournisseurs de l’Irak, représentant 20% de ses importations limitées par les sanctions économiques. De plus, la rumeur circule qu’Elf-Total-Fina a négocié un nouvel accord exceptionnel avec le dictateur de Bagdad. Que les efforts diplomatiques français pour ralentir l’impétuosité américaine soient influencés par de telles considérations ne serait pas surprenant : ce ne serait pas la première fois qu’intérêts politiques et économiques s’entremêlent dans la définition des objectifs de la diplomatie française, en particulier au Moyen-Orient (Liban, vous avez dit Liban ?).
Ce que je trouve troublant dans ce jeu d’hypocrites, c’est que la France, arguant de raisons humanitaires, soutient de fait le maintien d’une dictature et de sanctions économiques qui ont fait plus de dégâts dans ce pays que la guerre de quelques semaines menée il y a 12 ans ou que celle que les américains semblent impatients de lancer. Très à l’aise dans son rôle de pourfendeur des tyrannies en tous genres et de défenseur universel des Droits de l’Homme, la France a quand même une fâcheuse tendance à favoriser la stabilité aux dépens de la « justice » dans les affaires internationales. Combien de dictateurs du continent africain furent et sont les amis personnels de Mr Chirac, après avoir été ceux de MM Mitterrand et Giscard ?
Cela dit, la France tient son rôle depuis quelques mois en tempérant à l'ONU les impatiences américaines. Il faut cependant qu'elle le fasse de manière intelligente et pour les bonnes raisons.
S’opposer au projet des américains en Irak sous prétexte qu’ils sont nos concurrents économiques (en Irak ou d’une manière générale) n’est pas à mon sens une bonne raison. Vouloir redorer le blason de la France en devenant le symbole de la résistance systématique et quelque peu vaine à l’hégémonie américaine me semble un mauvais calcul. Mieux vaudrait convaincre par l’action, en redevenant rapidement une puissance économique et militaire de premier rang. Vu d’ici, la position française a quelque chose de pathétiquement irréaliste, de totalement utopique.
Il me semble que la seule bonne façon de s’opposer aux projets américains est de le faire en lien étroit avec eux, en vue du désarmement de l’Irak. C’est l’idée du « good cop, bad cop », comme dans les films policiers. Malheureusement, on a du mal à voir dans le débat récent entre les Etats-Unis et la « veille Europe » le travail de quelques excellents acteurs et la puissance d’une bonne mise en scène. Les coups vols trop bas depuis Janvier.
Tout le monde sait que les discussions importantes n’ont pas lieu en séance publique du conseil de sécurité, devant les cameras de télévision. Espérons que Chirac et Villepin sauront convaincre Bush et Powell que, loin de tout anti-américanisme primaire, la France agit pour le bien de la cause commune, c'est-à-dire en vue :
1. d'obtenir que l'Irak soit effectivement désarmée, le peuple irakien libéré de la dictature de Saddam (et du diktat économique imposé par la France et les US via l’ONU),
2. d’empêcher le terrorisme islamiste international de nuire à nos intérêts, en combattant activement les états/nations qui le supportent,
3. de protéger le monde contre les menaces qui découleraient immanquablement de la mise en application de la doctrine de la « guerre préventive », surtout si celle-ci est déclarée en dehors du droit international, aussi imparfait soit il.
Faire entendre raison aux américains sur ce dernier point sera clairement un pari difficile. Car il y a un fossé culturel grandissant entre les Etats-Unis et l’Europe.
J’admire quotidiennement le pragmatisme et le réalisme des américains, leur capacité a analyser une situation (y compris un échec passé), a définir une stratégie, a prendre les décisions qui en découlent et a les appliquer sans retard et sans arrière-pensée. Dommage que ces qualités s’accompagnent d’un manque total de finesse et de « psychologie géopolitique » : peu nombreux sont les responsables américains qui se soucient de l’impact de la politique US sur les peuples étrangers, que ce soit concrètement ou en terme culturels.
Aux yeux des américains, le déficit d’efficacité et l’impuissance chronique dont nous souffrons en Europe disqualifient totalement les leçons de sagesse que nous voulons leur donner (y compris quand ils n’ont rien demandé). Cette différence « culturelle » est d’ailleurs l’un des arguments les plus férocement justes qu’ils utilisent dans le débat actuel : l’Amérique agit, les Nations Unis, la France et la veille Europe parlent et s'écoutent parler.
Il y a peu d'espoir que Bush change d'avis, même si l'opposition a la guerre en Irak et à l'actuelle politique extérieure américaine semble grandir aux Etats-Unis. Il me semble que l'argument primordial sur lequel il faudrait miser est celui de la responsabilité morale qu'ont les Etats-Unis envers le reste du monde. S’ils appliquent leur doctrine de « frappes préventives », les US risquent de créer un monstre qui se retournera à la première occasion contre les Etats-Unis et leurs alliés, comme le montre d'ailleurs l’exemple récent de la Corée du Nord.
Le salut pourrait-il venir de l’Angleterre ? Il faudrait réussir a convaincre Tony Blair de revenir sur sa position. Non pas par la menace de mesures de rétorsion, comme celles proférées par Chirac contre les candidats a l'Union (quel scandale et quelle honte !). Espérons que la pression de la rue et celle qu'il subit au sein de son propre parti politique incitera Tony à prendre du recul. Il faudrait que les anglais réalisent que dans son principe même, la guerre préventive n’est pas moralement justifiable. Avec l’invasion du Koweit en 1991, l’intervention armée s’imposait clairement. En 2003, les choses sont loin d'être si simples.
La première question est de savoir si déposer Saddam Hussein est un objectif moralement acceptable. Il me semble que la réponse est positive, dans la mesure où il (Saddam) s’oppose depuis de nombreuses années à de multiples décisions dûment entérinées par le seul corps constitué qui ait un tant soit peu de légitimité dans ce domaine, les Nations Unies. Il n'est pas le seul dans ce cas mais il pousse carrément le bouchon.
La deuxième question est celle des moyens à utiliser. Il me semble qu'un tapis de bombes et 300,000 soldats sont une réponse disproportionnée par rapport aux risques encourus. N’est-il pas possible d’atteindre le même objectif sans envahir et prendre le contrôle du pays ? J’ai du mal à croire que la CIA, avec les moyens dont elle dispose, ne soit pas en mesure de « libérer » le peuple irakien du tyran et d’installer un régime plus « amical », voire démocratique, si c’est vraiment l’objectif des américains. Quelques "assassins" ou escouades de leurs forces spéciales devraient suffire. Et peu importe s'il faut au passage sacrifier quelques « doubles » du dictateur.
Je souhaite que la France continue à tenir tête aux US sur les principes moraux et légaux, mais sans animosité excessive et en sachant, le moment venu, choisir le bon camp, celui du réalisme face aux dangers qui nous guettent. Au lieu de brandir la menace du veto, j’aimerais savoir ce que font Chirac et Villepin pour aider les amerloques à sortir de leur logique de guerre préventive.
Le courage dont fait preuve la France dans son opposition actuelle aux projets américains sur l'Irak ne doit pas occulter les vrais problèmes et la nécessite d'agir courageusement pour défendre notre pays des dangers qui le menace. Au lieu de nier le conflit d'intérêt fondamental qui existe entre l'occident chrétien et les pays sous-développés sous influence islamiste (voir la dépêche de Reuters), le bon sens consisterait a prendre des mesures immédiates pour stopper l’immigration en vue du long terme, pour « assimiler » les immigres légaux et rétablir la sécurité dans nos banlieues, ou les fidèles de Ben Laden préparent sans doute le prochain 11 septembre. Assez de paroles courageuses, passons aux actes Monsieur le Président !
Enfin, ne nous trompons pas d'adversaires. Certes, les Américains sont nos pires concurrents sur le plan économique. Certes, ils tentent d’empêcher la construction d’une Europe unie, puissante et efficace. Mais nous sommes clairement dans le même camp sur le plan de la sécurité internationale, aujourd’hui comme hier. Les Anglais, pragmatiques, l'ont compris. Il ne faudrait pas que les Français, aveuglés par un certain idéalisme angélique teinté d'anti-américanisme s'enferment dans une opposition systématique et stérile qui disqualifie encore plus notre pays dans le concert économique et politique mondial.
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