24 mars 2002

Questions aux candidats à l’élection présidentielle (2002)

Voici les questions que j'entends poser aux différents candidats. Je me suis volontairement limité à 15 questions, ce qui n’est pas été facile. Les thèmes abordés devraient nous permettre de mieux cerner le projet et le système de valeurs de chaque candidat. J’ai choisi de ne pas formuler les questions de manière neutre, afin de provoquer des réponses les plus claires possibles. Je me baserai sur les réponses des candidats qui joueront le jeu pour me déterminer, et vous ferai bien entendu part des résultats. Cela risque d’être intéressant... Je compte envoyer mon questionnaire début Avril. Si vous avez des suggestions, vous savez ou me joindre.

Société et éducation
  1. Pour permettre aux parents, et notamment aux mères, de choisir entre activité professionnelle et éducation de leurs enfants, et afin d’inverser le déclin démographique de notre pays, mettrez-vous en place le salaire parental et autres mesures favorisant les couples qui s’engagent dans la durée (mariage) et contribuent au renouvellement des générations ?
  2. Afin de limiter le nombre d’avortements (220,000 par an), vous engagez-vous à mettre en oeuvre par décret les mesures de soutien aux femmes en difficultés prévues par la loi Veil, mais jamais mises en place par les gouvernements successifs depuis 1978 ?
  3. Bien que la présence et l’exemple d’un père et d’une mère soient essentiels au développement harmonieux de l’enfant, ferez-vous légaliser l’adoption par les couples homosexuels ?
  4. Afin de limiter le risque de « chosification » de l’embryon humain et d’éviter les pratiques conduisant au sacrifice d’êtres en devenir, agirez-vous pour donner un statut légal à l’embryon et orienter les efforts français et européens vers les alternatives telles que la recherche sur les cellules souches d’adultes ?
  5. Etes-vous favorable à la légalisation de l’euthanasie ?
  6. Agirez-vous pour bannir définitivement du répertoire pédagogique de l’Education Nationale les méthodes globales et semi-globales d’apprentissage de la lecture, qui ont conduit à l’analphabétisme et à l’échec scolaire tant de jeunes Français ? *

Sécurité et immigration

  1. Pour permettre à nos armées d’assurer pleinement leurs missions dans un monde plus dangereux que jamais, vous engagez-vous à augmenter les budgets d’équipement des armées et à maintenir le budget de la Défense entre 3% et 5% du PIB de la France au cours des 5 ans à venir ?
  2. Pour assurer la sécurité intérieure de la France, vous engagez-vous à rétablir le contrôle aux frontières nationales et à renforcer la coopération avec les pays membres de l’Union Européenne pour que l’Europe cesse d’être un havre pour les réseaux terroristes islamistes ?
  3. Pour contrôler les flux migratoires et maintenir la cohésion de la nation, vous engagez-vous à mettre en place une politique de quotas par pays, à faire de la maîtrise de notre langue une des conditions d’accès à la nationalité française et à instituer le principe d’une démarche volontaire et solennelle pour les candidats à la naturalisation ?

Vie politique et construction européenne

  1. Pour réconcilier les Français avec leurs représentants, limiter les risques de corruption et assurer une meilleure représentation de la société civile au Parlement, vous engagez-vous à mettre en place un statut de l’élu, garantissant des revenus décents et facilitant le retour à l’emploi civil à l’issu d’un mandat public ?
  2. Pour assurer à l’Europe un avenir démocratique, soustraire les nations européennes au dictat de la bureaucratie bruxelloise et rendre les peuples européens acteurs de la construction européenne, vous engagez-vous à établir comme priorité de votre politique étrangère la négociation d’un nouveau traité, donnant le pouvoir de décision aux élus nationaux et européens et ramenant la Commission à un rôle de coordination ?
Economie
  1. Pour garantir aux générations futures une retraite décente, vous engagez-vous à instaurer un système complémentaire basé sur l’épargne volontaire, la capitalisation et l’actionnariat ?
  2. Pour rendre son attractivité économique à la France, relancer la croissance et l’emploi par la création d’entreprises nouvelles, vous engagez-vous à ramener le poids de la fiscalité (impôts, taxes et charges) à un niveau comparable à ce qu’elle est dans les pays les plus dynamiques de la Communauté Européenne, comme l’Angleterre et l’Irlande?
  3. Pour permettre à la France de conserver, voire de reconquérir, son indépendance dans le concert des nations, et afin que l’essentiel de nos impôts ne soit plus gaspillé à rembourser la charge de la dette publique, vous engagez-vous à ramener la dite dette de 58% ou plus du PIB aujourd’hui à 35% en 2007 et 20% en 2012?
  4. Pour dynamiser la société française, au-delà de son économie, et lutter contre le fléau culturel de l’assistanat et de la dépendance étatique, vous engagez-vous à rationaliser l’organisation de l’Etat Français, en le recentrant sur ses missions régaliennes, et à ramener le nombre de fonctionnaires de 25% de la population active aujourd’hui à 15% en 2007 et 10% en 2012 ?

10 mars 2002

Chirac : droit dans le mur !

Il n’y aura donc pas de troisième homme capable de ratisser large à droite. Christian Blanc fait campagne sans être candidat. On se demande bien pourquoi. Sans doute en vue de justifier sa future nomination au poste de Premier Ministre. Son ami Jospin pourrait décider de faire appel à lui, même s’il est probable qu’il voudra confier cette responsabilité à un des ténors du PS. DSK serait un moindre mal. Martine Aubry une catastrophe. Cela dépendra largement du résultat des législatives. En cas de victoire de la droite, une personnalité « apolitique » comme Blanc pourrait lui permettre d’éviter une cohabitation trop partisane.

Je suis de plus en plus convaincu que Jospin va gagner en Mai prochain. Non pas que les Français lui trouvent soudain un charme dont il manque désespérément. Non pas que le bilan de ses 5 années de gouvernement soit de nature à générer l’enthousiasme. Mais parce que Chirac et ses copains font tout pour lui offrir la victoire.

Le Président-candidat ne regrette donc rien : ni la politique menée par Juppé de 1995 à 1997, ni la dissolution ratée, ni les mensonges et les magouilles de l’époque ou il était maire de Paris et président du RPR. Il nous fait le coup de la passion pour justifier sa candidature (« j’aime la France, j’aime les Français »). Il se présente en homme intègre, blessé dans son honneur par des attaques indignes, et en gardien scrupuleux des intérêts de la France, qui s’est opposé farouchement aux décisions (et non-décisions) néfastes du gouvernement sur la sécurité, l’économie, etc. On aurait presque envie de rire... jaune.

Juste un mot sur ses propositions, délivrées au fil de meetings « thématiques ». Bien qu’elles soient en de nombreux points identiques à celles de son principal concurrent, il a réussit à leur donner un air de promesses électorales intenables, et permit ainsi aux socialistes de se positionner en gestionnaires plus sérieux et avisés (cf. leurs critiques, justifiées, du programme de baisse des impôts).

En adoptant des positions similaires à celles de Jospin (notamment sur l’Europe, la sécurité, etc.), Chirac compte visiblement réduire cette élection au choix entre deux personnalités. Grave erreur, à mon sens, de la part de ses conseillers, de miser sur le capital de sympathie de leur poulain en négligeant de prendre en compte son passif. Grave erreur, surtout, de traiter par le mépris les attentes des Français en matière de renouveau politique, économique et moral. « On prend les mêmes et on recommence » et « regardez comme les autres sont nuls » ne font pas un programme pour gagner. La majorité des Français attendent autre chose : un projet de société fondé sur des choix clairs et des valeurs vécues. Quelles valeurs le President-candidat incarne-t-il ? Qui osera croire que Chirac tiendra ses engagements de 2002 ?

Enfin, au lieu de créer les conditions d’un rassemblement (pas évident, mais pas impossible) autour de sa candidature au deuxième tour, Chirac fait jeu d’ignorer qu’il y a un premier tour. Les limiers du RPR inquiètent les candidats de droite qui osent se présenter « contre lui » le 21 Avril, en faisant notamment pression sur les élus susceptibles de les parrainer. En faisant l’impasse sur les erreurs du septennat qui s’achève et en abandonnant la rédaction de son programme aux chantres de la pensée unique qu’il fustigeait il y a encore peu de temps, le candidat probable du deuxième tour les oblige à durcir leurs discours, à mettre en relief ses propres défauts et incohérences. Je vois mal Le Pen, Madelin et Pasqua soutenir activement Chirac après le 21 Avril, au risque de se contredire violemment du jour au lendemain.

Dans la situation actuelle, il y aura donc d’énormes perditions de voix à droite au deuxième tour, si Chirac se retrouve face à Jospin. Au point, a mon avis, de donner la victoire a Jospin malgré son différentiel de sex-appeal. Je suis persuadé que nombre de « souverainistes » de droite qui auront voté Chevènement ou Le Pen au premier tour, s’abstiendront de voter le 5 Mai, ou bien voteront blanc, ce qui revient au même. Certains, assurément, préféreront voter Jospin que redonner un chèque en blanc à Chirac. Bien que je comprenne ses raisons, je regrette que Philippe de Villiers ne se présente pas pour défendre, à droite, l’idée d’une Europe plus démocratique des Etats-Nations, face au projet de construction forcée, et donc vouée à l’échec, d’une nation européenne et d’un super-Etat fédéral, auquel Chirac, Jospin, Madelin et Bayrou sont tous favorables.

Revenons un instant sur le cas Le Pen. On aurait pu penser, à la suite de la rupture FN-MNR, que sa carrière politique était derrière lui. Qui plus est, son discours « sécuritaire » ayant été adopté par la droite comme par la gauche depuis les événements du 11 septembre, on aurait pu croire son fond de commerce dilapidé. Or, les sondages le pressentent comme le quatrième homme de cette élection. De fait, je ne serai pas surpris que Le Pen réitère, voire dépasse, son score de 1995. Pourquoi ? Est-ce parce que 15% ou plus de nos compatriotes sont de fieffés racistes, comme veux nous le faire croire la gauche depuis 20 ans (la gauche qui n’a toujours pas fait « repentance » de son soutien inconditionnel aux régimes totalitaires et génocidaires d’URSS, du Vietnam et d’ailleurs), et comme semble le penser notre Président-candidat ? Bien sur que non ! C’est plus sûrement par rejet d’une droite corrompue par le pouvoir, qui a perdu ses repères et a laissé ses valeurs se diluer dans l’air du temps soixante-huitard.

Quoi qu’il en soit, le spectacle que donnent les deux candidats principaux et leurs troupes à l’occasion de cette campagne présidentielle est bien affligeant. Coups bas, surenchère de propositions démagogiques, petites phrases, il n’y a pas de débat d’idées, pas de discussions autour de projets de société bien définis. En tout cas pas vu d’ici. Pas étonnant que les Français se désintéressent de la campagne. Les seuls candidats en lice qui ont quelque chose à dire, à mon sens, sont Chevènement et Boutin. Et peut être aussi Blanc, bien qu’il ne soit pas vraiment candidat.

Je me méfie des réflexes « étatistes » du Che, mais je salue la pertinence de ses critiques contre Chirac et Jospin et suis d’accord dans les grandes lignes avec son projet européen. A creuser. Quant à Christine Boutin, je lui suis gré de mettre en avant le respect de la personne humaine comme moteur de toute action et décision politique. Voila des choix clairs, voila une démarche libre et courageuse. A creuser aussi. Concernant Blanc, je voudrais vous inviter à signer son « Appel des Français », que je trouve plein de bon sens et utile.

Dans les semaines à venir, je projette de formuler une série de questions clés que j’entends poser à chacun des candidats du deuxième tour (sous forme d’un email ou courrier traditionnel). Si vous souhaitez contribuer à cette démarche, n’hésitez pas à m’envoyer vos idées par email. Je posterai le tout sur ce site bien entendu. D’une manière générale, je serai heureux de lire vos réactions, de savoir comment vous voyez les choses. Alors, n’hésitez pas !

Stéphane

10 février 2002

Suggestion aux autres (et nombreux) candidats de droite

Le Che, non pas le Chi, contre Jospin ?

La semaine passée a vu la poursuite de la progression de Chevènement dans les sondages. Le triple démissionnaire de la République semble désormais le mieux placé pour incarner le troisième homme de l’élection présidentielle. Il faut toujours se méfier des sondages, en particulier à trois mois de l’échéance et alors que les deux candidats principaux ne sont pas encore entrés en campagne. Certains oiseaux de mauvais augures nous présentent un 2ème tour Chevènement-Jospin comme une réelle possibilité. Herve de Charrette a raison de sonner le tocsin, mais que nous propose-t-il pour éviter une telle catastrophe ? Pas grand-chose malheureusement, même pas de voter pour le candidat du parti dont il est le Président délégué ! Pauvre Bayrou… si même dans son camp il n’arrive pas à convaincre, comment peut-il espérer convaincre la majorité des Français ?

Chirac baisse dans les sondages, en particulier depuis l’annonce du retour – providentiel pour la gauche et par conséquent suspect – de Schuller en métropole. Que l’affaire sulfureuse du financement du RPR refasse ainsi surface a fait perdre leur sang froid aux amis du « Président-bientôt-candidat-mais-c’est-lui-qui-decide-quand-il-le-dira ». Je remarque au passage que l’on prépare l’opinion, par sacro-saints sondages interposés, au retour aux commandes de l’ineffable « Juppé-droit-dans-ses-bottes ». Incroyable… S’ajoute a cela la négation encore plus inouïe des rencontres avec Le Pen en 1995. Chirac vient malencontreusement de laisser entrevoir aux Français qu’il les prend pour des imbéciles ! Il est urgent qu’il se reprenne, au risque de donner raison a Monsieur de Charrette.

La montée dans les sondages de Jospin et Chevènement est une aubaine pour la bande a Chichi. Elle va leur permettre, dans les semaines a venir, de faire du Président sortant l’homme providentiel dont la France a besoin, le seul vraiment capable de nous éviter une autre décennie gauchiste, etc. Voire… S’il est réélu, ce qui est loin d’être gagné, comment être certain que Chirac ne fera pas une politique de gauche, ou ne facilitera pas le retour de la gauche au pouvoir ? Loin de tout esprit polémique, je crois la question légitime. Comme a dit en substance Christine Boutin récemment : le problème avec Chirac s’est qu’on ne sait pas très bien ou il nous emmène, et qu’on se demande même s’il le sait lui-même.

Un troisième homme, un vrai

Il me parait donc stratégiquement important qu’émerge un « troisième homme » a droite, un candidat capable de se positionner en alternative à la fois à Jospin, Chevènement et Chirac. Mais qui ?

Bayrou et Madelin, pourtant portés par deux formations politiques importantes à l’Assemblée, ne me semblent pas en mesure de jouer ce rôle. Bayrou pour les raisons évoquées plus haut. Madelin parce que son discours libéral est trop radical, il fait peur. En se présentant tous les deux, ces ténors de l’ex-UDF giscardienne se neutralisent l’un et l’autre.

Malgré la sympathie que je leur porte, je ne crois pas que Christine Boutin et Philippe de Villiers puissent espérer rassembler largement les déçus du chiraquisme qui veulent croire qu’il est encore possible de rompre avec le socialisme. Problème d’image…

La bonhomie provençale de Pasqua nous l’a rendu longtemps sympathique, mais je ne suis pas sur que beaucoup de Français oseront faire confiance a quelqu’un dont l’honnêteté est si contestée.

Restent Le Pen et Maigret, qui eux aussi se neutralisent mutuellement. Marqués « danger, extrêmistes » grâce à l’ostracisme de la droite depuis 1981, ils sont peu crédibles en rassembleurs des candidats et électeurs de droite qui renâclent à signer un deuxième cheque en blanc à Chirac, ou comme gouvernants.

Certains regrettent sans doute Balladur, mais l’intéressé, qui a appris sa leçon il y a 7 ans, soutien publiquement désormais son « ami » de 20 ans. D’autres, j’en suis sur, se disent que VGE n’est pas si vieux… mais restons sérieux.

Si je fais l’impasse sur Saint Josse (j’ai appris son existence la semaine dernière…), il reste Christian Blanc. Je ne le connais pas très bien, comme la plupart j’imagine, mais il a plusieurs caractéristiques qui me semblent intéressantes :
  1. il est nouveau dans le paysage politique, mais pas tout a fait inconnu du public ;
  2. ce n’est pas un professionnel de la politique, donc difficilement soupçonnable de se présenter pour préserver je ne sais quel avantage (comme l’immunité…) ;
  3. il a l’expérience du terrain, le réalisme du chef d’entreprise et des qualités indéniables de leadership ;
  4. son discours est compatible dans les grandes lignes avec ceux des candidats évoqués il y a un instant.

Message aux candidats de droite

Blanc ferait un Premier Ministre idéal pour un Président décidé à remettre la France sur les rails de la modernité. La conduite des affaires de l’Etat, et notamment sa réforme, est une tache toute trouvée pour cet entrepreneur prêt à relever les défis les plus audacieux. En l’occurrence néanmoins, je pense qu’il serait souhaitable que Christian Blanc se présente à la Présidence de la République. Et je suggère qu’il le fasse avec le soutien de la plupart des « autres » candidats de droite. Je lance donc un appel a Madame Boutin, Messieurs Bayrou, Madelin, Villiers, Pasqua, Maigret et Le Pen, afin qu’ils retirent leur candidature et fassent campagne pour soutenir celle de Christian Blanc. Pour que les Français aient vraiment le choix. Pour sortir la France de cette situation ubuesque.

Choquant ? Bien sur… et même difficile a avaler pour les candidats en question. Mais pas forcement idiot. Malgré des différences, les programmes de ces messieurs et de cette dame sont loin d’être incompatibles. Même sur la question de l’Europe, je suis sur qu’il y a moyen de trouver un terrain d’entente, de fixer des objectifs et une stratégie qui satisfasse tout le monde, si l’on est prêt toutefois a regarder la réalité en face et a dépasser le niveau de la rhétorique. Sur l’Europe comme sur le reste, c’est le bon sens qui doit l’emporter, et qui l’emportera a terme. On en reparlera peut être.

Vous pensez ces candidats trop différents, trop éloignés les uns des autres ? Regardez les ralliés à Chevènement… une vraie auberge espagnole. Dans le cas présent, il s’agit de candidats de droite, qui devraient partager plus facilement un certain nombre de valeurs communes que les radicaux, trostkistes et anciens conseillers de Pasqua qui forment l’escorte du « Che ».

Vous pensez que la plupart sont trop ambitieux pour renoncer à tenter leur propre chance ? C’est possible, mais au rythme ou vont les choses, la plupart finiront avec une ardoise de campagne non remboursée par l’Etat, n’auront pas gagné grand-chose au passage, voire auront ruiné leur avenir politique. J’ose espérer que certains d’entre eux, s’il ne l’ont pas déjà fait, réfléchiront à cette éventualité et auront suffisamment d’abnégation et le sens du service public pour envisager sérieusement une telle démarche.

Encore une fois, je ne connais pas grand-chose de Christian Blanc. Aussi, ma proposition apparaîtra-t-elle sans doute incongrue a ceux d’entre vous qui sont mieux informés que moi. Si vous pensez un autre candidat capable de porter le flambeau de l’alternative à l’immobilisme et de rassembler les candidats et électeurs de droite qui ont mal avalé le septennat Chirac, n’hésitez pas…

Stéphane

3 février 2002

Pourquoi et pour qui voter ?

A l’étranger depuis 3 ans presque jour pour jour, je regarde la France « avec amour et irritation », selon une formule empruntée a Christian Blanc. Je suis frappé chaque été, ou lorsque je parcours l’actualité française sur Internet, de voir à quel point mon pays semble se complaire dans l’immobilisme, alors que les défis s’accumulent et que le monde change a toute vitesse.

La France au début du 21eme siècle

La France est devenu l’archétype du pays socialiste. Deux caractéristiques me sautent aux yeux :

  • 25% de la population active travaille d’une manière ou l’autre pour l’Etat, et la dette publique a atteint des niveaux historiques (lire à ce sujet le livre de Serge Dassault, « Un Projet pour la France ») ;
  • Les Français s’installent dans la dépendance étatique et la revendication corporatiste. Une minorité de syndicalistes « terrorisent » littéralement le pays sans que le pouvoir politique, par complaisance idéologique, calcul électoraliste ou impuissance, ne lève le petit doigt.

Pendant que l’Etat s’occupe de créer des emplois-jeunes, de faire la vie encore plus dure aux entreprises et de réglementer les aspects les plus intimes de la vie des Français, il échoue à préserver les droits fondamentaux des citoyens. Son autorité est bafouée quotidiennement dans les banlieues ainsi qu’en Corse, ou les assassins du Préfet Erignac courent toujours. Lorsque des militaires en sont réduits à manifester dans la rue pour se faire entendre de leur employeur, c’est que l‘Etat est à la masse, que le système n’est pas loin d’imploser.

Pendant que nous nous empêtrons dans nos débats idéologiques dépassés et achevons de ne pas préparer l’avenir, nos voisins continuent à prospérer. Comment s’étonner que les forces vives de la nation, jeunes diplômés et entreprises, cherchent et trouvent à l’étranger un environnement plus favorable ?

Le pire est que nos dirigeants successifs, qu’ils soient de gauche ou de droite, ne semblent pas prendre la mesure de cette spirale du déclin dans lequel ils ont laissé le pays s’enfoncer. Leurs agitations médiatiques ont quelque chose de désuet, de surréaliste. Refusant de voir la réalité en face, nombre d’entre eux évoquent comme s’il s’agissait d’une incantation magique la fameuse « exception française », un terme qui fait bien rire à l’étranger.

Vue d’Amérique, la France n’a jamais été un allié « facile », en particulier du temps du Général de Gaulle. Il est frappant de remarquer à quel point les Américains ne respectent plus et ne comptent plus sur la France, alors que le soutien des autres nations occidentales a revêtu une importance primordiale pour eux depuis le 11 Septembre. Tony Blair a mis a profit les événements récents pour achever d’enraciner l’idée chez les Américains que « l’Europe, c’est l’Angleterre ». La France n’a fait que se ridiculiser ces derniers mois sur la scène internationale. Les efforts de relations publiques de Chirac à New York ont été annihilés peu de temps après par l’épisode des Marsouins en Ouzbékistan. Pour les Etats-Unis, la France n’est pas un partenaire fiable. Ils semblent se demander : combien de temps devrons nous encore composer au Conseil de Sécurité de l’ONU et ailleurs, avec cette ex-puissance coloniale sur le déclin, toujours aussi arrogante malgré son incapacité a régler ses propres problèmes ?

2002, une année décisive

Tout ceci serait bien déprimant, si on s’arrêtait la. Mais la France millénaire a connu des périodes autrement plus noires. Nous avons beaucoup d’atouts, il ne nous manque que la volonté de nous sortir de ce bourbier. Le déclin de notre pays n’est pas inéluctable. Si la plupart de nos hommes politiques semblent avoir démissionnés, ce n’est pas une raison pour que le peuple Français jette l’éponge. Nous n’avons qu’à changer de représentants.

Bien entendu, la plupart vont s’accrocher au pouvoir comme les poux à la barbe d’un taliban au pire moment des bombardements américains sur Kandahar. Mais les élections présidentielles et législatives à venir nous fournissent une belle occasion de reprendre les choses en main. Ne laissons pas la caste des énarques nous confisquer ces élections, seul moment ou ceux qui nous gouvernent sont un tant soit peu a la merci de la volonté du peuple (car le reste du temps, ils font bien ce qu’ils veulent…).

Pour qui voter ?

Les medias nous prédisent, et s’est fort probable, un duel Chirac-Jospin au deuxième tour de la Présidentielle. La tentation est grande pour ceux qui souhaitent encore et toujours la rupture avec le socialisme et s’estiment trahis par Chirac, de se désintéresser purement et simplement de cette élection. Ce serait une grave erreur. Si Chirac est celui qui, a droite, a probablement le plus de chances de franchir le cap du 1er tour, il ne sera pas élu sans donner de sérieuses garanties a la majorité qui l’a élu en 1995, que son quinquennat ne tournera pas au fiasco contre-productif que fut son septennat.

Alors, pour qui voter au premier tour ?

Certainement pas pour les idéologues archi-conservateurs que sont a gauche Jospin, Hue, Laguiller et compagnie. Héritiers plus ou moins officiels du trotskisme et du marxisme-léninisme, ces gens-la refusent obstinément de voir la réalité en face. On dirait qu’ils vivent dans une sorte de quatrième dimension, ou il leur suffit d’affirmer que tout va bien pour que les problèmes (le chômage, l’insécurité, etc.) se résolvent d’eux même. Leur seule ambition pour la France est le fonctionnariat, leur stratégie la redistribution par l’Etat socialiste bienveillant d’une richesse forcement décroissante. Jospin, Aubry, Guigou et leurs copains furent à mon sens les pires de tous les socialistes au pouvoir depuis 1981.

Il y a-t-il du bon dans le reste de la gauche « plurielle » ? Il faut bien reconnaître que DSK et Fabius, convertis aux valeurs du libéralisme économique, ont, d’une certaine manière, limités les dégâts depuis 1997. Mais ces bourgeois de gauche ne sont que des opportunistes. Ils ont été complices de l’entreprise jospinienne et ne méritent pas qu’on leur fasse confiance.

Que penser de Noël Mamère, qui a affirmé la semaine dernière qu’il est "bien entendu" favorable au mariage entre homosexuels et à l'adoption pour les couples homosexuels, si ce n’est que « nous n’avons pas les mêmes valeurs » ?

Parlons un peu de Chevènement. Malgré ses accents gaulliens et le succès de ses débauchages a droite, l’homme reste fondamentalement de gauche. Même si ces critiques contre Jorac-Chispin sont bien senties (et méritées), je ne suis pas convaincu qu’il fera autre chose que de continuer la politique de contrôle étatique que nous subissons sous divers gouvernements depuis 20 ans. Je vous fiche mon billet qu’il appellera à voter Jospin contre Chirac au deuxième tour.

Rien à gauche donc, non pas que cela nous surprenne, mais il fallait bien y jeter un coup d’œil, comme au moment de traverser la route. Voyons voir maintenant ce que nous propose la droite.

A droite, c’est le boxon !

Apres la déroute de 1997, on aurait pu penser que RPR, UDF et autres DL entreprendraient un sérieux effort de réflexion et de refondation, les amenant a rompre franchement avec les égarements idéologiques issus de 68 et a redécouvrir leurs valeurs propres, qui furent a l’origine de leur soutien populaire d’antan. Je n’ai honnêtement pas l’impression que cet effort ait été entrepris et que les grands partis de droite puissent dessiner un projet de société ambitieux capable de plaire à la majorité des Français. Je reviendrai sur la question des valeurs une autre fois.

Apres quelques hésitations, le RPR est rentré dans le rang, ses dirigeants opportunistes sont tous désormais le petit doigt sur la couture du pantalon derrière Chirac. Forts de leurs positions de partis du Président, le RPR et l’Union en Mouvement (en fait une émanation du RPR), ont relégué UDF et DL au rang de secte politique, oblitérant tout débat au sein de l’opposition.

Le résultat ? Une foison de candidatures : Bayrou, Madelin, Pasqua, Maigret, Le Pen, Boutin, de Villiers ou encore Blanc, bien que les deux derniers ne se soient pas officiellement déclarés a ce jour. On ne m’en voudra pas je l’espère de ne pas céder a la mode du politiquement correct en ne listant pas séparément les noms des candidats du FN et du MNR…

Ca en fait du monde. Trop de candidatures jouent en faveur du « candidat souhaitable » Chirac. Aucun de ces candidats ne peut espérer faire un score suffisant au premier tour. A moins de s’entendre, de mettre de cote les ambitions et stratégies personnelles pour présenter des projets crédibles, ce qui ne devrait pas être très difficile. Je vous livrerai quelques unes de mes idées dans ce domaine une prochaine fois.

Stéphane

10 septembre 2001

Lettre au Président de la République

Monsieur le Président,

Depuis que je suis revenu de mes vacances annuelles en France, où j’ai pu constater “de visu” que la situation ne s’est pas améliorée, je me suis dit qu’il fallait que je vous écrive. J’aime la France. C’est vraiment le plus beau pays du monde. Je songe à y revenir d’ici un an, soit peu de temps après les élections… à moins que celles-ci ne marquent l’enterrement définitif de tout espoir de redressement national.

A propos d’espoir, je me souviens avec émotion de 1995. Et je pense aussitôt aux déceptions très vite accumulées. En 6 ans, vous avez fait, ou laissé faire, plus ou moins le contraire de ce que vous nous aviez dit vouloir faire avant votre élection. Le bilan de votre septennat n’est pas fameux, à tout point de vue.

A entendre les commentaires récents, beaucoup dans votre famille politique semblent penser que c’est gagné, que ceux qui vous ont élu en 1995 voteront encore pour vous en 2002. Non pas, comme le suggère Thierry Desjardins, parce qu’ils vous aiment bien mais parce qu’ils ne veulent plus de Jospin, le trotskiste triste et sectaire, et des socialo-communistes, dont ils croyaient s’être débarrassés pour de bon en 1995 (en 1997, les Français n’avaient pas changé d’avis au sujet des socialo-communistes, ils ont simplement manifesté leur mécontentement par rapport à la politique de Juppé). Voire… Si j’étais vous, je ne me laisserais pas influencer par l'optimisme soudainement ressuscité de mes troupes et je réfléchirais très sérieusement à la façon d’aborder les Français pour cette élection, car l’exercice, à mon sens, est particulièrement difficile.

En effet, pourquoi devrions-nous vous faire de nouveau confiance ? Quel bilan ferez-vous devant nous de votre premier septennat, dans sa globalité, et de la politique menée par le gouvernement Juppé, en particulier ? Mais surtout, quelles garanties allez-vous nous donner que vous mènerez enfin, si nous vous élisons de nouveau, une politique déterminée de libération de l’économie, de réforme et de désengagement de l’Etat, pour sortir résolument la France du bourbier de l’immobilisme collectiviste et étatique ?

Sur un autre plan, comment dissiperez-vous une bonne fois pour toutes les doutes que les “affaires” ont générés dans l’esprit des Français concernant votre honnêteté et votre probité ? Ne balayez pas ce problème sous prétexte que Mitterrand a réussi à se faire réélire… Vous savez qu’en 20 ans, les affaires ont eu pour effet de susciter chez les Français un rejet général des politiques, qualifiés unanimement de “tous pourris”. La contrepartie plutôt récente de ce rejet, comme l’ont illustré les dernières municipales, c’est le besoin de renouvellement, l’espoir de voir se lever une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques, honnêtes à la limite de l’héroïsme, motivés par le sens du service de leurs concitoyens et non par l’appât du gain ou du pouvoir.

Voilà à mon sens quelles sont les données de votre “problème” pour 2002. Pour résumer, il vous faudra convaincre votre électorat de 1995 que vous êtes un honnête homme et que vous ferez entre 2002 et 2007 ce que vous n’avez pas pu ou su faire entre 1995 et 2002.

Ne croyez pas ceux qui vous diraient que les Français sont des veaux à qui votre talent suffira à faire avaler que les échecs du septennat actuel n’en sont pas vraiment. Trop c’est trop. Craignez, au contraire, qu’un nombre important d’électeurs de droite, à force qu’on les prennent pour des c…, agissent comme tels ! Le Pen n’a-t-il pas réussi à drainer jusqu'à 15% de votes essentiellement contestataires, malgré certains aspects peu plaisants de son discours ? Le risque pour vous en 2002 ce n’est pas Le Pen bien entendu, mais l’abstention et le dispersement des votes de droite au premier tour, sur de très nombreux candidats (Chevènement, Bayrou, Madelin, Pasqua, Villiers, Boutin, Le Pen, etc.), représentatifs d’une possibilité de renouvellement et, clairement, d’une alternative à Chirac.

Vos conseillers ont sûrement tout calculé et vous êtes sans doute convaincu d’arriver en tête de la droite au premier tour. Vous pensez certainement qu’au second tour, vous ne ferez qu’une bouchée de Jospin. Il est douteux à mon sens que vous franchissiez ces deux étapes en faisant l’économie d’un effort d’explication et de conviction, sur le passé comme sur l’avenir. Votre talent n’y suffira pas.

Bien qu’il soit un peu prétentieux de ma part de vouloir vous donner des conseils, permettez-moi de vous suggérer le déroulement suivant :

1) Préparez très sérieusement le plan d’action de votre(vos) gouvernement(s) pour la durée du quinquennat. Sur le plan économique et budgétaire en particulier, ne laissez rien au hasard. Etablissez un calendrier précis des réformes, en contrebalançant urgence, importance et faisabilité budgétaire. La liste des questions auxquelles ce “programme” devra apporter des réponses concrètes est longue :
  • Comment réduire drastiquement la pression fiscale tout en réduisant le déficit budgétaire et la dette publique ?
  • Comment faire passer le nombre de fonctionnaires de 25% à 10% de la population active sans bloquer le pays et créer des armées de chômeurs ?
  • Comment inciter les entreprises, françaises et étrangères, à s’installer de nouveau en France ?
  • Comment redonner l’envie aux Français de travailler et d’investir ?
  • Comment soutenir efficacement la création d’entreprises ?
  • Comment réformer notre système de retraite, la Sécurité Sociale ?
  • Comment relancer la démographie ?
  • Comment faire en sorte que notre système éducatif donne à chacun de nos enfants les moyens de développer leur potentiel propre, au lieu de pratiquer le nivellement par le bas et l’endoctrinement socialiste ?
  • Comment assurer le respect de la vie à tous ses stades, développer la solidarité envers les personnes âgées, les malades et les handicapés ?
  • Comment accroître le rôle des régions et leur donner les moyens de leur responsabilités accrues ?
  • Comment sauver notre agriculture et repeupler nos campagnes ?
  • Comment assurer l’autorité de l’Etat dans les zones de non-droits et en Corse ?
  • Comment réconcilier les Français et l’Etat et faire entrer ce dernier dans le 21ème siècle (Internet etc.) ?
  • Comment restaurer la confiance envers les hommes politiques ?
  • Etc.

2) Choisissez dès maintenant l’équipe qui mènera cette politique, et faites les bosser. Epargnez-nous surtout les têtes déjà vues, les dinosaures du RPR, de DL ou de l’UDF, qui ont tous, peu ou prou, mené une politique de gauche. Pour satisfaire le besoin de renouvellement des Français, choisissez votre futur Premier Ministre dans la société civile. Pourquoi pas Serge Dassault ? Son livre programme tient la route, c’est un gestionnaire expérimenté. Il y en a d’autres.

3) Assurez-vous que les leaders des différents mouvements de droite aient compris votre projet et l’approuvent dans les grandes lignes, avant de le présenter aux Français. Peut être certains d’entre eux (comme Madelin, Pasqua, Villiers) renonceront-ils ainsi à faire campagne contre vous ?

4) Le moment venu, expliquez votre programme en détails aux Français et présentez leur votre future équipe. Prenez soin de faire ressortir les différences entre ce programme et la politique menée par le gouvernement Juppé entre 1995 et 1997, sans occulter les erreurs d’analyse ou de stratégie que vous auriez pu commettre à l’époque. Ne faites aucune promesse inconsidérée, tout en montrant le bout du tunnel et en expliquant votre stratégie pour l’atteindre à “ la France qui gagne ” et qui a envie de gagner.

5) Adoptez une attitude de franchise absolue sur les affaires dans lesquelles vous avez été impliqué, à tort ou à raison et de près ou de loin. Sans aller jusqu'à la “repentance” (terme inventé par l’intelligentsia gauchiste moralisante, qui a soutenu le marxisme mais ne regrette toujours rien…), dites la vérité, même si cela implique d’avouer des torts jusqu’alors non reconnus, datant de l’époque où vous étiez Maire de Paris et Président du RPR. Dans la mesure où les faits le justifient, un “mea culpa” bien pesé vous fera remonter dans l’estime de beaucoup de Français. Profitez-en bien sûr pour souligner les mesures que vous prendrez après votre réélection pour clarifier les zones d’ombres éventuelles et éviter que certaines situations ne se reproduisent.

Voilà Monsieur le Président. Accueillez s’il vous plait avec bienveillance cette missive un peu longue, légèrement prétentieuse et sûrement un peu naïve, d’un Français qui a envie de croire que tout n’est pas foutu dans son pays. Je n’ai ni votre expérience ni votre connaissance approfondie des dossiers évoqués dans la deuxième partie de mon courrier. J’espère néanmoins vous avoir éclairé sur l’état d’esprit d’un grand nombre de nos compatriotes par rapport à l’élection présidentielle de 2002, et par rapport à votre candidature en particulier. Si ce message arrive jusqu'à vous, je souhaite qu’il vous donne matière à réfléchir.

Il faut absolument faire en 2002 la révolution avortée de 1995. Vous avez su cristalliser les énergies autour de ce défi national, il y a 6 ans. Saurez-vous nous convaincre que vous êtes à même de mener ce projet à bien ? Je le souhaite.

Respectueusement,

Stéphane de Saint Albin
(36 ans, marié et père de 4 enfants, aux USA depuis 1999)