4 décembre 2004

Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy

Cher Monsieur,

Vous voici à la tête du principal parti politique de France. Félicitations !

Quoi qu’en disent Madame la Ministre de la Défense et Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, et bien que vous deviez très diplomatiquement ne pas vous prononcer encore, vous serez probablement le candidat de l’UMP aux présidentielles de 2007. Pour beaucoup de nos compatriotes, c’est une très bonne nouvelle. Comme j’ai pu le constater lors de mes vacances en France cet été, vous représentez l’espoir. En vous voyant agir et en vous écoutant, ils pensent : « l’immobilisme et le déclin ne sont pas inéluctables » ; « la relève à droite est en marche » ; « nous aurons bientôt une vraie stratégie pour réussir le passage au 21eme siècle ».

J’aimerais le croire moi aussi. Vos déclarations récentes me laissent penser que vous analysez la situation avec lucidité, que les sujets tabous ne vous font pas peur. Vous avez un talent indéniable pour la communication. Il me semble que vous saurez, mieux que quiconque, vendre aux Français les décisions difficiles, trop longtemps retardées, qu’il faudra bien prendre un jour. A l’heure où j’imagine que vous vous attelez avec votre équipe à définir une stratégie pour sortir le pays de l’impasse, permettez que je vous fasse part de quelques réflexions. Elles sont issues du regard contrasté que je porte sur la situation française depuis bientôt 6 ans que je vis aux Etats-Unis. Puissent ces idées contribuer à votre propre réflexion.

Faire rentrer la France dans le 21eme siècle.

Vous avez évoqué le 28 Novembre dernier la nécessité de remettre la France au travail. C’est clairement la priorité. Comme beaucoup de Français, je suis déçu au point d’être en colère contre Messieurs Chirac et Raffarin. Je ne comprends pas qu’ils n’aient pas profité de la victoire de 2002 pour défaire les erreurs, que dis-je, les sabotages socialistes, 35 heures en tête. En gouvernant au centre, en adoptant les thèses de l’extrême gauche alter-mondialiste, en cédant trop facilement aux menaces des syndicats révolutionnaires, en n’engageant pas résolument la France sur la voie de la réforme libérale, ils n’ont fait que retarder l’inévitable, tout en plongeant une grande partie de leur électorat dans le désarroi le plus complet. Les résultats des deux derniers scrutins indiquent clairement que Jacques Chirac n’a pas su interpréter le message du 21 Avril 2002. Votre défi, à la tête de l’UMP, sera d’éviter une défaite retentissante pour la droite en 2007.

Pour sortir la France de la spirale du déclin, il faudra dès le lendemain des élections prendre des mesures énergiques, effectuer des changements radicaux. Les demi-mesures et mini-réformes en cours ne peuvent produire l’électrochoc nécessaire pour libérer les énergies, susciter de nouvelles entreprises, convaincre les entreprises étrangères d’investir en France et arrêter l’hémorragie des cerveaux. Pour remettre le pays sur la voie du renouveau, il faudra simplifier de nombreux aspects de l’activité économique et sociale, détruire les barrières administratives, réduire drastiquement la fiscalité. Et réduire plus drastiquement encore les dépenses publiques pour résorber les déficits et la dette accumulés ces trente dernières années. En recentrant l’Etat sur ses fonctions régaliennes, on re-orientera l’investissement national vers le secteur privé, seul créateur d’emplois et de richesses à long terme. L’objectif principal du gouvernement devra être de redonner l’initiative aux Français, de créer les conditions qui les conduiront à investir, à innover, à se battre et à gagner. En résumé, il faudra libérer l’économie. La notion de libération n’est pas excessive. Peu importe que l’intelligentsia de gauche ait réussit à diaboliser l’idée libérale, ce dont la France a le plus besoin en ce moment, c’est bien de liberté. Il faut libérer la France de l’étatisme qui l’étouffe progressivement depuis les années 70. Cela ne se fera pas sans douloureuses remises en cause.

Vu de l’étranger, il est frappant de voir à quel point les Français semblent se replier sur eux-mêmes, se recroqueviller sur leurs avantages acquis, sans voir qu’ils vivent déjà au dessus de leurs moyens. Dans presque tous les discours, on dénote une dose de fatalité, de résignation. La France semble figée dans une attitude schizophrénique, partagée entre la certitude de sa grandeur universelle et le constat navré de son dynamisme et de sa compétitivité diminués. Chez certains, cette attitude se mue en aveuglement total. Comment expliquer le dénigrement systématique des solutions libérales adoptées ailleurs, malgré leur efficacité indéniable ? Le status quo est devenu la norme française. Ce qui me frappe le plus, par rapport à l’Amérique, ce n’est pas tant l’immobilisme ou le manque de réalisme pragmatique, mais le manque d’espoir, une certaine forme de désespérance. La France me fait l’effet d’une vieille dame déprimée qui refuse de voir son mal et, par conséquent, de se soigner.

Or, le mal qui la ronge est mortel. Les causes en sont multiples, mais l’une d’entre elles me parait particulièrement préoccupante : les Français vieillissent. Depuis de nombreuses années, la situation démographique de notre pays est alarmante. Le fait que certains de nos voisins européens soient dans une situation plus catastrophique encore ne doit pas nous rassurer. Le non-renouvellement des générations est une épée de Damoclès qui pèse sur notre avenir. Alors que l’impact du vieillissement de la population sur notre système de protection sociale et le dynamisme de notre économie est évident, les gouvernements de ces dernières années se sont résignés à ne rien faire. Or, la dénatalité n’est pas une fatalité. Il suffit de prendre le taureau par les cornes. Des mesures fiscales simples inciteront les familles françaises à faire plus d’enfants.

Il y a un autre mal profond qui mine notre veille France : la dilution de son identité, en raison de son évolution multiculturelle et multiconfessionnelle. Bien que voulue pendant les trente glorieuses, l’immigration aurait du être strictement contrôlée depuis le premier choc pétrolier. En particulier en provenance des pays musulmans. Bien entendu, il faut intégrer les Français de confession musulmane, ce que vous avez essayé de faire au Ministère de l’Intérieur. Beaucoup reste à faire pour que tous les immigrants adoptent notre langue et notre culture avant même d’accéder à la nationalité. Contenir l’activisme prosélyte à tendance islamiste de pays comme l’Arabie Saoudite est une question de sécurité nationale. Mais l’urgence des urgences dans ce domaine, c’est bien de stopper l’immigration clandestine. Le dogme de la tradition de terre d’accueil doit être revisité. Les criminels étrangers doivent être renvoyés chez eux. La pratique du regroupement familial doit être abolie. Et il faut établir un régime de quotas par pays, pratique très répandue et tout à fait compatible avec les droits de l’homme, quoiqu’en dise les extrémistes de gauche.

Chômage. Dénatalité. Immigration. Insécurité. On peut, sans exagérer, affirmer que les Français ont peur de l’avenir. Pour leur redonner confiance, il faut d’abord arrêter d’essayer de leur faire croire que tout va bien. La première étape de toute rémission, c’est la prise de conscience. De nombreux auteurs ont, ces dernières années, mis en évidence les symptômes du déclin français. Certains ont fait des propositions concrètes. On les a accusés de défaitisme, quasiment de trahison. Ecoutez-les, mettez-les à contribution pour définir la stratégie qui permettra de remettre la France sur les rails. Au-delà des intellectuels, ce sont les Français qu’il faut interpeller et mettre à contribution, bien avant la présidentielle ou que le moment soit venu de mettre en œuvre cette même stratégie.

Les Français ne sont pas des bœufs, pour peu qu’on sache les responsabiliser. C’est en le faisant que vous pourrez le mieux vous différencier de vos prédécesseurs ou concurrents, consolider votre capital de sympathie auprès des Français et diriger in fine la transformation du pays. C’est en mettant en pratique une nouvelle conception du rôle du politique, fondée sur le respect des gens, une certaine humilité, la notion de service, et une intégrité sans faille que vous obtiendrez la participation active des Français au processus démocratique, puis aux diverses étapes du changement qui doit s’effectuer dans le pays. Le travail de réflexion publique sur les défis et les solutions à mettre en place suppose bien entendu une liberté totale de pensée et de parole. Si l’UMP ne s’autorise pas à porter un regard critique sur l’action, voire l’inaction, du gouvernement, c’est droit dans le mur que nous irons, et pas seulement aux élections de 2007.

Nous pouvons, ensemble, sortir de l’impasse actuelle. La fierté du coq gaulois, réputée de ce coté-ci de l’Atlantique (au point d’être qualifiée d’arrogance), est un puissant ressort à utiliser, une fois le constat sans complaisance établit de la situation réelle du pays. C’est une véritable révolution culturelle qu’il faut encourager, dans notre camp et au-delà des clivages politiques traditionnels. Le monde complexe dans lequel nous évoluons laisse les Français perplexes. L’évolution rapide des technologies, des idées et des mœurs a atténué les points de repères habituels. Bien que nous vivions dans l’ère de l’information, les gens ne comprennent plus très bien le monde dans lequel ils vivent. La violence est omniprésente, la consommation devient le critère par lequel se définit l’individu. L’émotion prend le pas sur la raison, y compris sur la place publique. Le nihilisme fait des ravages, et pas seulement dans les esprits jeunes. Certaines évolutions dans les comportements sociaux, notamment sur le plan sexuel, bouleversent les fondements même de la société. En cette période de confusion et d’incertitudes, les Français ont plus que jamais besoin de sens.

Les hommes et les mouvements politiques n’échappent pas aux conséquences de la déliquescence des repères moraux et philosophiques, à la perte de sens qui s’est installée dans la société depuis 68. Il n’y a qu’à voir la façon dont l’Assemblée vote sur les questions de société, sans parler de la vacuité de certains propos tenus par des responsables politiques de tous bords. La révolution culturelle dont je parlais doit s’appuyer sur un retour aux valeurs. Il faut que la France millénaire se réconcilie avec elle-même, fasse le bilan de ses forces et de ses faiblesses à l’aube du 21eme siècle, et l’inventaire de ce qui la définit, malgré et au-delà des égarements qui parsèment son histoire. C’est en grande partie le rôle des intellectuels. Cependant, il me semble important pour un mouvement politique de clarifier les valeurs dans laquelle s’ancre sa réflexion et ses propositions d’action. Il serait opportun à mon sens que l’UMP mène une réflexion de fond sur les fondations morales qui sont ou doivent être les siennes. Les valeurs de liberté, d’initiative, de responsabilité, de respect, de dialogue créatif, d’innovation, sont probablement partagées par la majorité des Français susceptibles de voter à droite. Partant de là, quelle position votre formation doit-elle adopter sur les questions sociétales d’actualité, comme celles liées à l’institution du mariage (divorce, homosexualité), ou à la protection de la vie (recherche sur l’embryon, avortement, euthanasie) ?

Les valeurs ont joué un rôle majeur dans la re-élection de George Bush. Il est peut être temps en France de créer un parti conservateur, au sens américain du terme, qui prenne a cœur les préoccupations morales de la majorité silencieuse des Français et propose une alternative clairement libérale, au sens français du terme, pour rompre définitivement avec le socialisme dans ce pays. Vous avez évoqué récemment le rôle de la religion dans la vie publique. J’applaudis. Je rêve d’entendre un jour un homme politique français, candidat ou élu à la magistrature suprême, prier Dieu de bénir la France, comme c’est le cas fréquemment aux Etats-Unis. Pourquoi pas ?

Mieux faire l’Europe.

L’avenir de la France passe par l’Europe. Tout le monde s’accorde sur ce point, même à gauche. Or, le défi principal qui se présente à notre génération est de sortir l’Europe de l’impasse bureaucratique. La marche forcée vers l’intégration s’est faite à Bruxelles, au mépris de l’opinion des peuples européens. Certes, les traités de Maastricht et Nice ont pu être ratifiés techniquement par les parlements nationaux, mais les peuples n’ont pas été consultés sur les grandes orientations. Certes, un grand nombre des décisions prises par les commissaires européens, notamment sur le plan économique, sont d’inspiration libérale et vont plutôt dans le bon sens. Mais, les élus européens n’ayant aucun pouvoir réel, le gouvernement effectif de l’Europe est laissé à des fonctionnaires. Cette réalité est très loin de correspondre à l’idée démocratique sur laquelle nos sociétés sont fondées.

Nous n’avons pas d’autre choix que de réussir l’Europe. Et parce que c’est le cas, il faut prendre le temps de revoir les objectifs de la construction européenne et de revisiter ses modalités de fonctionnement. Pourquoi faisons-nous l’Europe ? Pour faire concurrence et nous opposer à « l’hyperpuissance » américaine ? Ou pour essayer d’obtenir pour nous-mêmes les bénéfices dont jouissent les Américains ? Quelle Europe veut-on faire ? Veut-on d’un super-Etat bureaucratique et centralisé qui régisse les moindres aspects de la vie des Européens ? Ou bien s’agit-il de créer un espace de liberté, de croissance et de synergies dans le contexte de valeurs partagées ? L’Europe, pas plus que la France, n’a besoin de plus d’Etat… La croissance, par contre, serait la bienvenue ! Aux vues des différences qui existent entre les Etats et les peuples européens, quel est le meilleur mode d’organisation au sein de la Communauté ? Est-ce la recherche du consensus général, finalement sanctionné par le vote majoritaire, inévitable source de frustrations ? Ne peut-on plutôt s’orienter vers un fonctionnement plus souple, basé sur le partenariat volontaire entre Etats-membres ? L’actuelle proposition de Constitution Européenne répond clairement à ces questions, mais ses réponses ne sont pas les bonnes. Entériner cette constitution serait condamner l’Europe à l’impuissance, à l’immobilisme, au déclin prolongé.

Je crois qu’il serait sain d’évaluer stratégiquement et librement cette proposition de constitution avant de prendre des décisions qui engagent à long terme notre avenir collectif. L’opportunité se présente aujourd’hui de faire une Europe qui corresponde aux aspirations profondes et s’appuient sur les spécificités des peuples européens. Demain, il sera trop tard, revenir en arrière sera quasiment impossible. Prenons le temps de la réflexion, même si cela implique de remettre en cause le travail des élites européennes qui ont cogité ce projet. En particulier, ayons le courage de dénoncer l’idéologie qui sous-tend le concept d’intégration politique. Vouloir forcer les peuples européens à fusionner dans une sorte de grand magma uniforme aux contours imprécis est un objectif que je n’hésite pas à qualifier de marxiste. Rien ne le justifie, pas même les conflits passés. Ce rêve utopique est celui de bureaucrates et de politiciens complètement déconnectés de la réalité. Certains nostalgiques de l’idéologie socialiste sont en train d’essayer de nous imposer l’utopie qui vola en éclats avec la chute du mur de Berlin. Soyons réalistes et pragmatiques. Sachons dénoncer cette imposture idéologique et éviter une catastrophe historique. La réalité d’aujourd’hui c’est qu’il n’y a pas un peuple européen, mais des peuples européens.

Un peuple européen relativement uni, à l’image du peuple américain, émergera peut être à long terme, dans 50 ou 100 ans. Ce ne sera possible cependant que si nos actes fondateurs d’aujourd’hui s’appuient sur nos valeurs communes, dans le respect de nos différences. La question turque a le mérite de mettre à jour les intentions utopiques qui se cachent derrière la notion, officiellement si impérative, d’intégration politique. Si l’on intègre la Turquie dans l’Europe, pourquoi pas les pays musulmans situés au sud de l’Europe ? Le refus de nos représentants[1] de reconnaître les origines chrétiennes de la civilisation européenne, et partant la communauté de valeurs qui caractérise l’Europe dans son âme, est ressenti par beaucoup de nos compatriotes comme l’une des plus grandes trahisons de ces dernières années. Rien à voir avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et la sacro-sainte laïcité dont se parent ceux qui préfèrent, par idéologie, nier la vérité historique et rejeter dans le même temps les valeurs de civilisation issues de cet héritage millénaire.

La crise irakienne a montré les difficultés très concrètes qu’il faudra surmonter pour réaliser l’Europe politique que la nouvelle constitution est supposée faciliter. Il faudra du temps, beaucoup de temps. Et plus qu’une constitution commune. L’idée d’une politique européenne de la défense a sérieusement du plomb dans l’aile aujourd’hui. Le gouffre qui existe entre la position du couple franco-allemand et celle l’Angleterre n’est pas près de se résorber, même si Tony Blair est évincé du pouvoir. Beaucoup dépend de l’attitude de la France d’après 2007. Tant que la France maintiendra son attitude d’opposition systématique aux Etats-Unis, il y a peu de chance que l’Europe soit capable de parler d’une seule voix dans le concert des nations. L’Allemagne, réaliste, a fini par prendre ses distances par rapport au “vedrinisme” de Monsieur de Villepin. Ceux des nouveaux membres de la Communauté Européenne qui ont vécu sous le joug soviétique savent ce qu’ils doivent à l’Amérique de Ronald Reagan. De plus, ils seraient mal avisés de choisir la relative impuissance militaire franco-allemande plutôt que d’adosser leur stratégie de défense sur la formidable machine américaine.

Il faut que la France cesse de baser sa politique étrangère sur le ressentiment et la jalousie vis-à-vis du succès américain. Il ne s’agit pas de s’aligner aveuglement sur la position américaine, qui peut être critiquable. Il s’agit d’user de mesure dans notre critique, en faisant preuve de réalisme, ce qui pourrait nous conduire a eu peu d’humilité. La France n’a plus ni la puissance économique, ni l’influence politique, ni les moyens militaires pour justifier le rôle de premier plan qu’elle prétend encore jouer sur la scène diplomatique internationale. Investissons et redressons la barre avant de donner des leçons aux autres. Il s’agit aussi de choisir clairement le camp de l’Occident dans la guerre mondiale contre le terrorisme islamique. Les Etats-Unis conduise cette guerre avec détermination. Ils font certes des erreurs de jugement, mais ils paient aussi le prix fort. Nous, Européens, bénéficierons de cet investissement à long terme, tout comme les pays de l’Est ont bénéficié de l’obstination de plusieurs générations d’Américains pendant la guerre froide. Nous sommes dans le même camp, ne l’oublions pas. Plutôt que de faire de l’obstruction au niveau de l’OTAN, ou de rêver d’une Défense Européenne que nous n’avons pas les moyens de mettre en place et qui ne sera vraisemblablement jamais capable d’atteindre l’efficacité de l’Alliance Atlantique, choisissons de travailler avec les Américains. Nous avons tout à y gagner. L’Europe et le monde ont tout à y gagner.

Le referendum sur la Constitution Européenne sera un moment historique, bien au-delà du contexte politique franco-français. C’est une question grave a laquelle nous devrons tous répondre l’an prochain : non pas « oui » ou « non » à l’Europe ; mais « oui » ou « non » à la formule négociée par nos représentants, en notre nom, au cours des deux dernières décennies. Ce sera aussi votre premier rendez-vous électoral à la tête de l’UMP. Le Président de la République et le gouvernement feront campagne pour le oui, dans la logique des engagements pris par eux-mêmes ou leurs prédécesseurs au fil des ans. Bien que tout le monde semble penser que vous abonderez dans ce sens, je me demande et je vous demande : quelle sera votre position ? Alignement sur la position présidentielle au nom de la sacro-sainte loyauté au chef de l’Etat, si souvent rappelée à votre bon souvenir récemment ? Ou courage d’appeler un chat un chat, au risque de rompre ouvertement avec Jacques Chirac deux ans avant l’échéance de 2007 ?

Décision difficile s’il en est. Mon conseil : exercez votre leadership. Dites la vérité aux Français sur ce qui les attend et sur l’incapacité de l’Europe qui nous est proposée de créer plus de liberté et de richesse, dans le respect de nos diversités. Ne cédez pas aux pressions de ceux qui ne savent que ramer dans le sens du courant, sans voir qu’à l’issue il a une cascade mortelle. Ne cédez pas non plus aux invectives de ceux qui veulent prendre notre vote en otage en nous prédisant une catastrophe insurmontable en cas de non-ratification. Utilisez votre capital de sympathie auprès des Français pour expliquer ce qui doit changer dans le processus européen et pourquoi il est utile de revenir à la table des négociations avec nos partenaires pour construire une Europe qui fonctionne. Certains de vos amis politiques vous maudiront sûrement, mais la France et les Français vous en seront reconnaissants.

En conclusion, il me semble que les grands axes d’une stratégie de redressement nationale, à mettre en œuvre à partir de 2007, sont :
  • Libérer l’économie,
  • Mettre en place une politique nataliste,
  • Contrôler l’immigration,
  • Mobiliser les français, les faire participer à la définition de votre projet,
  • Faciliter une révolution culturelle, centrée sur des valeurs claires,
  • Appeler à voter non au futur referendum sur la Constitution Européenne,
  • Et travailler à construire une Europe porteuse d’avenir, pas une usine à gaz de plus (nous avons déjà l’ONU).

J’ai 39 ans, je suis marié et j’ai 5 enfants. Mon pays me manque autant qu’il me désespère. Je ne suis pas le seul. Saurez-vous nous convaincre qu’il est temps de rentrer pour participer à la construction d’une France moderne, dans une Europe amie des Etats-Unis d’Amérique, forte de ses complémentarités et non d’une uniformité artificielle imposée par des idéologues ?

Stéphane de Saint Albin

[1] J’utilise à dessein le terme de représentants et non pas celui de dirigeants. La différence étant que pour diriger, il faut susciter l’adhésion, la confiance et l’enthousiasme qui conduisent au dépassement de soi.

15 mars 2003

Irak : le bal des hypocrytes

Tout a été dit ou presque sur l’Irak. Le débat onusien se radicalisant, on nous presse de choisir un camp, de dire s’il on est favorable à une intervention militaire, ou si l’on s’oppose a tout prix à une nouvelle guerre du golfe. Les medias se déchaînent de part et d’autre de l’Atlantique, avec leur manque de finesse et leurs simplifications habituelles. Il est difficile de trancher sans avoir l’impression d’être manipulé et de tomber dans le panneau des uns ou des autres.

Pour ceux qui ont encore le moindre doute, l'Amérique va envahir l'Irak. Ses détracteurs prêtent à Bush des motivations diverses, comme de vouloir mettre la main sur le pétrole irakien ou encore d’avoir juré « finir le travail commencé par Papa » et d’entendre relancer l’industrie américaine de l’armement, qui aurait besoin de nouvelles commandes après les bombardements massifs de l’an dernier sur l’Afghanistan. Tout ceci est sans doute vrai, si l'on prête foi aux informations liant la famille Bush a certaines sociétés influentes au sein du système militaro-industriel américain.

Quoi qu'il en soit, la raison officielle est la sécurité des Etats-Unis. Apres le 11 septembre, il semble que les Américains aient pris la mesure du rôle primordial que joue l'Arabie Saoudite dans le financement du terrorisme islamiste mondiale ainsi que dans le recrutement et la formation des kamikazes islamistes. Le fait que l'essentiel de leurs approvisionnements en pétrole provienne de ce pays ne permet pas aux américains de peser efficacement sur le régime saoudien. Une fois le pétrole irakien sous contrôle US, Washington sera en mesure de changer de politique vis-à-vis de Ryad.

L'Irak représente en soi un risque relativement mineur en terme de sécurité (moindre en tout cas que la Corée du Nord, l'Afghanistan, voire le Pakistan), même si la possibilité existe que Saddam fourgue ses armes biologiques ou bactériologiques a un fou d’Allah manipulé par Ben Laden. Malgré les déclarations de M. de Villepin, il est de notoriété publique que Saddam finance et soutient de nombreux mouvements terroristes islamistes, dont le Hamas palestinien.

En débarrassant les autres dirigeants arabes de Saddam Hussein, un voisin ambitieux et brutal, les américains espèrent augmenter leur influence dans cette région du monde. Ils espèrent peser sur une résolution négociée du conflit palestino-israélien. Ils pensent qu’un déploiement massif de forces obligera les autres dictateurs de la région à adopter un profil plus « démocratique ».

Bush entrera donc a Bagdad. J'espère qu'il ne le fera sans avoir reçu l’assentiment des Nations Unies mais la probabilité diminue de jour en jour. Il y a encore quelques jours, je prédisais une « Gulf War II, le retour » entre Avril et Mai, une fois que les membres du conseil de sécurité, France en tête, auront fini de négocier avec Washington leurs rôles respectifs dans l’Irak « libérée ». Officiellement, le conseil de sécurité en arrivera à la conclusion, après cinq a six mois d’efforts répétés de MM Blix et El Baradei, que Saddam n’a pas détruit ses armes de destruction massive. Tout le monde sait très bien qu’il n’a jamais eu l’intention de le faire, bien entendu.

Pour éviter l’invasion, Saddam a le choix entre l’exil volontaire et la publication des preuves qu’il a détruit les armes de destruction massive qui étaient encore en sa possession il y a 5 ans. Il ne choisira pas la transparence, car il n’a très pas détruit ces armes. Avouer serait perdre la face. S’il choisit l’exil, les troupes qui entreront dans Bagdad porteront peut être des casques bleus, fraîchement ajoutés au paquetage des soldats américains, britanniques et… français !

L’argument a été servi de part et d’autre que le contrôle du pétrole irakien est le vrai enjeu et le vrai motif de désaccord entre les Etats-Unis et la France. Nous avons déjà évoqué le rôle du pétrole dans les motivations américaines. Quid des motivations françaises ?

Depuis la première guerre du golfe, la France serait devenue l’un des principaux fournisseurs de l’Irak, représentant 20% de ses importations limitées par les sanctions économiques. De plus, la rumeur circule qu’Elf-Total-Fina a négocié un nouvel accord exceptionnel avec le dictateur de Bagdad. Que les efforts diplomatiques français pour ralentir l’impétuosité américaine soient influencés par de telles considérations ne serait pas surprenant : ce ne serait pas la première fois qu’intérêts politiques et économiques s’entremêlent dans la définition des objectifs de la diplomatie française, en particulier au Moyen-Orient (Liban, vous avez dit Liban ?).

Ce que je trouve troublant dans ce jeu d’hypocrites, c’est que la France, arguant de raisons humanitaires, soutient de fait le maintien d’une dictature et de sanctions économiques qui ont fait plus de dégâts dans ce pays que la guerre de quelques semaines menée il y a 12 ans ou que celle que les américains semblent impatients de lancer. Très à l’aise dans son rôle de pourfendeur des tyrannies en tous genres et de défenseur universel des Droits de l’Homme, la France a quand même une fâcheuse tendance à favoriser la stabilité aux dépens de la « justice » dans les affaires internationales. Combien de dictateurs du continent africain furent et sont les amis personnels de Mr Chirac, après avoir été ceux de MM Mitterrand et Giscard ?

Cela dit, la France tient son rôle depuis quelques mois en tempérant à l'ONU les impatiences américaines. Il faut cependant qu'elle le fasse de manière intelligente et pour les bonnes raisons.

S’opposer au projet des américains en Irak sous prétexte qu’ils sont nos concurrents économiques (en Irak ou d’une manière générale) n’est pas à mon sens une bonne raison. Vouloir redorer le blason de la France en devenant le symbole de la résistance systématique et quelque peu vaine à l’hégémonie américaine me semble un mauvais calcul. Mieux vaudrait convaincre par l’action, en redevenant rapidement une puissance économique et militaire de premier rang. Vu d’ici, la position française a quelque chose de pathétiquement irréaliste, de totalement utopique.

Il me semble que la seule bonne façon de s’opposer aux projets américains est de le faire en lien étroit avec eux, en vue du désarmement de l’Irak. C’est l’idée du « good cop, bad cop », comme dans les films policiers. Malheureusement, on a du mal à voir dans le débat récent entre les Etats-Unis et la « veille Europe » le travail de quelques excellents acteurs et la puissance d’une bonne mise en scène. Les coups vols trop bas depuis Janvier.

Tout le monde sait que les discussions importantes n’ont pas lieu en séance publique du conseil de sécurité, devant les cameras de télévision. Espérons que Chirac et Villepin sauront convaincre Bush et Powell que, loin de tout anti-américanisme primaire, la France agit pour le bien de la cause commune, c'est-à-dire en vue :

1. d'obtenir que l'Irak soit effectivement désarmée, le peuple irakien libéré de la dictature de Saddam (et du diktat économique imposé par la France et les US via l’ONU),
2. d’empêcher le terrorisme islamiste international de nuire à nos intérêts, en combattant activement les états/nations qui le supportent,
3. de protéger le monde contre les menaces qui découleraient immanquablement de la mise en application de la doctrine de la « guerre préventive », surtout si celle-ci est déclarée en dehors du droit international, aussi imparfait soit il.

Faire entendre raison aux américains sur ce dernier point sera clairement un pari difficile. Car il y a un fossé culturel grandissant entre les Etats-Unis et l’Europe.

J’admire quotidiennement le pragmatisme et le réalisme des américains, leur capacité a analyser une situation (y compris un échec passé), a définir une stratégie, a prendre les décisions qui en découlent et a les appliquer sans retard et sans arrière-pensée. Dommage que ces qualités s’accompagnent d’un manque total de finesse et de « psychologie géopolitique » : peu nombreux sont les responsables américains qui se soucient de l’impact de la politique US sur les peuples étrangers, que ce soit concrètement ou en terme culturels.

Aux yeux des américains, le déficit d’efficacité et l’impuissance chronique dont nous souffrons en Europe disqualifient totalement les leçons de sagesse que nous voulons leur donner (y compris quand ils n’ont rien demandé). Cette différence « culturelle » est d’ailleurs l’un des arguments les plus férocement justes qu’ils utilisent dans le débat actuel : l’Amérique agit, les Nations Unis, la France et la veille Europe parlent et s'écoutent parler.

Il y a peu d'espoir que Bush change d'avis, même si l'opposition a la guerre en Irak et à l'actuelle politique extérieure américaine semble grandir aux Etats-Unis. Il me semble que l'argument primordial sur lequel il faudrait miser est celui de la responsabilité morale qu'ont les Etats-Unis envers le reste du monde. S’ils appliquent leur doctrine de « frappes préventives », les US risquent de créer un monstre qui se retournera à la première occasion contre les Etats-Unis et leurs alliés, comme le montre d'ailleurs l’exemple récent de la Corée du Nord.

Le salut pourrait-il venir de l’Angleterre ? Il faudrait réussir a convaincre Tony Blair de revenir sur sa position. Non pas par la menace de mesures de rétorsion, comme celles proférées par Chirac contre les candidats a l'Union (quel scandale et quelle honte !). Espérons que la pression de la rue et celle qu'il subit au sein de son propre parti politique incitera Tony à prendre du recul. Il faudrait que les anglais réalisent que dans son principe même, la guerre préventive n’est pas moralement justifiable. Avec l’invasion du Koweit en 1991, l’intervention armée s’imposait clairement. En 2003, les choses sont loin d'être si simples.

La première question est de savoir si déposer Saddam Hussein est un objectif moralement acceptable. Il me semble que la réponse est positive, dans la mesure où il (Saddam) s’oppose depuis de nombreuses années à de multiples décisions dûment entérinées par le seul corps constitué qui ait un tant soit peu de légitimité dans ce domaine, les Nations Unies. Il n'est pas le seul dans ce cas mais il pousse carrément le bouchon.

La deuxième question est celle des moyens à utiliser. Il me semble qu'un tapis de bombes et 300,000 soldats sont une réponse disproportionnée par rapport aux risques encourus. N’est-il pas possible d’atteindre le même objectif sans envahir et prendre le contrôle du pays ? J’ai du mal à croire que la CIA, avec les moyens dont elle dispose, ne soit pas en mesure de « libérer » le peuple irakien du tyran et d’installer un régime plus « amical », voire démocratique, si c’est vraiment l’objectif des américains. Quelques "assassins" ou escouades de leurs forces spéciales devraient suffire. Et peu importe s'il faut au passage sacrifier quelques « doubles » du dictateur.

Je souhaite que la France continue à tenir tête aux US sur les principes moraux et légaux, mais sans animosité excessive et en sachant, le moment venu, choisir le bon camp, celui du réalisme face aux dangers qui nous guettent. Au lieu de brandir la menace du veto, j’aimerais savoir ce que font Chirac et Villepin pour aider les amerloques à sortir de leur logique de guerre préventive.

Le courage dont fait preuve la France dans son opposition actuelle aux projets américains sur l'Irak ne doit pas occulter les vrais problèmes et la nécessite d'agir courageusement pour défendre notre pays des dangers qui le menace. Au lieu de nier le conflit d'intérêt fondamental qui existe entre l'occident chrétien et les pays sous-développés sous influence islamiste (voir la dépêche de Reuters), le bon sens consisterait a prendre des mesures immédiates pour stopper l’immigration en vue du long terme, pour « assimiler » les immigres légaux et rétablir la sécurité dans nos banlieues, ou les fidèles de Ben Laden préparent sans doute le prochain 11 septembre. Assez de paroles courageuses, passons aux actes Monsieur le Président !

Enfin, ne nous trompons pas d'adversaires. Certes, les Américains sont nos pires concurrents sur le plan économique. Certes, ils tentent d’empêcher la construction d’une Europe unie, puissante et efficace. Mais nous sommes clairement dans le même camp sur le plan de la sécurité internationale, aujourd’hui comme hier. Les Anglais, pragmatiques, l'ont compris. Il ne faudrait pas que les Français, aveuglés par un certain idéalisme angélique teinté d'anti-américanisme s'enferment dans une opposition systématique et stérile qui disqualifie encore plus notre pays dans le concert économique et politique mondial.

Stéphane

29 avril 2002

La démocratie est-elle en danger ?

Je ne sais pas vous, mais j’ai exulté de joie le 21 Avril en apprenant, avant de me rendre au consulat pour voter, que Jospin ne serait pas au second tour. Enfin une bonne nouvelle en provenance de France, après une campagne inintéressante au point d’en être déprimante. Quelle claque pour le professeur Jospin et sa clique ! Quelle déroute pour Chevènement, baudruche artificielle créée par les grands manipulateurs de l’opinion publique que sont les medias et leurs très soumis organismes de sondage. Et quelle fin de non recevoir pour le Parti Communiste, qui atteint le score qui aurait du être le sien depuis la chute de l’URSS, voire depuis celle de Prague (que ces gens-la osent encore s’appeler communistes me dépasse…). Bref, les Français ont voté massivement a droite (56%) au premier tour, renvoyant à leur idéologie dépassée les champions de la pensée unique, les gourous de la « modernité » et du « progrès » collectiviste. Bon débarras, et qu’ils nous lâchent la grappe une bonne fois pour toute, si vous me permettez l’expression !

Notons que ce n’est pas la première fois que la France rejette le socialisme. En 1993 et 1995 déjà, le message était très clair. Leur retour en grâce en 1997 ne fut que la conséquence de l’exaspération d’une partie des électeurs de Chirac, qui ne s’imaginaient pas qu’il ferait le contraire de la politique pour laquelle il avait été élu. La gauche serait sans doute revenue au pouvoir en 1998, pour les mêmes raisons, si le Président stratège n’avait pas « devancé l’appel »… Au lieu de 4, la France aura donc pris 5 années de retard supplémentaires, merci Monsieur Chirac ! Quoi qu’il en soit, je fus agréablement surpris Dimanche dernier, de voir que la majorité des Français ont de la suite dans les idées, sur le long terme…

Deux candidats de droite au second tour, c’était vraiment inespéré. Pour Chirac en particulier : ma première réaction fut de penser que sa réélection face à Le Pen ne faisait aucun doute, vu le manque de crédibilité de ce dernier, sans parler de son image sulfureuse. Ce Dimanche 21 Avril, avant de prendre connaissance du pronostic des sondeurs, je prédisais un 40-60 en faveur du Président sortant : autant dire, une formalité… Et je me disais que nous pourrions peut être assister à un second tour constructif, pour une fois. En effet, les deux hommes faisant quasiment le même diagnostic et proposant des solutions proches dans le domaine de l’insécurité, de l’économie et de la politique familiale, je me disais que la question primordiale de la construction européenne serait enfin débattue. Je me disais que Chirac réélu serait obligé de prendre en compte le vote anti-Masstricht, qui a quand même atteint près de 25% au premier tour. Je me disais que Chirac saurait lire le message fort envoyé par les électeurs de droite, et qu’en infléchissant légèrement son discours il serait en mesure de couper pour longtemps l’herbe sous les pieds du Front National. Je me disais que Jacques appellerait Jean-Marie au soir du 1er tour, pour lui proposer de mener une campagne du 2eme tour sans agressions en dessous de la ceinture (un match truqué en quelques sortes, pour éviter les coups qui font trop mal…), visant à assurer la victoire de la droite aux législatives, vrai second tour de l’élection présidentielle. Je me disais qu’il sauterait sur l’occasion de mener une recomposition radicale du paysage politique français, assurant 20 ans de suprématie à son camp, la droite, comme Mitterrand le fit en son temps pour la gauche.

Je me disais beaucoup de choses comme vous pouvez le constater… Mais en pensant à tout cela, je savais bien que le Président-candidat s’entêterait très probablement dans son attitude de « rejet » du Front National, attitude dont les raisons m’ont toujours échappé. Je n’ai jamais compris que, depuis 20 ans ou plus, les leaders de la droite tombent aussi facilement dans le piège tendu par la gauche moralisatrice. Manque de caractère, absence de sens stratégique et perte progressive de l’attachement aux valeurs traditionnelles de la droite en sont probablement la cause. En diabolisant Le Pen à la suite des bien-pensants socialo-communistes, les partis de droite traditionnels ont tout simplement capitulé devant l’ennemi. Quelle ironie que ce soit au prétexte de sauver leur âme qu’ils aient, de fait, perdue toute notion de ce qui fait sa spécificité. Tenir pour quantité négligeable, voire mépriser 15% a 20% d’un électorat qui aurait pu voter RPR, DL ou UDF relève à mon sens de l’erreur stratégique grossière. En choisissant comme porte-parole Roselyne Bachelot, grande « supporter » du PACS et de l’adoption homosexuelle, Chirac a pris le risque de se mettre a dos une part non négligeable de l’électorat traditionnel de droite. Mais au fait, ce pourrait-il que Chirac ne soit pas de droite ?

On pourrait s’y méprendre à voir avec quelle rapidité et quel brio il a embrassé le thème de la « défense de la démocratie face à l’extrémisme », montant sur les grands chevaux de la tolérance, du refus du racisme et du fascisme, encourageant les manifestations « spontanées » organisées de mains de maîtres par le PS et les syndicats révolutionnaires. Sans aucun doute conscients d’avoir laissé à d’autres le soin de moissonner dans leurs propres champs, tous les portes parole de la droite accueillaient la victoire du 1er tour avec un air sombre, au lieu de se réjouir ouvertement de la défaite de leurs ennemis. Oubliées du jour au lendemain les critiques contre l’ennemi « républicain » tombé au champ d’honneur du 1er tour. L’objectif, clairement, est de plaire au peuple de gauche. Depuis une semaine, on a presque envie de donner une rose et un feutre noir a l’ancien Président du RPR.

Je ne comprends pas cette stratégie. Chirac était sur d’être élu le 5 Mai. Gauchir son discours, diaboliser Le Pen, forcer la main de l’opinion, notamment en présentant les électeurs ayant voté pour lui comme des mauvais citoyens, voire des simples d’esprit (j’exagère a peine), le conduisent directement dans le mur : si ce n’est a l’occasion du second tour, ce sera aux législatives.

Le Pen peut faire beaucoup plus que de la figuration le 5 Mai. Outre le fait qu’il pose les bonnes questions et « dis tout haut ce que la plupart pensent tout bas » depuis plus de 20 ans, les Français en ont marre qu’on les prenne pour des imbéciles, qu’ils soient de droite, de gauche, ou entre les deux. Parce que matraqué trop fort, le discours unique et sans nuance « Le Pen = fasciste » passe mal. En communication, le contenu du message compte autant que la crédibilité de l’émetteur. La connivence soudaine entre Chirac et la gauche bien-pensante ne peut que déconcerter les électeurs de droite, et les inviter à prendre du recul. Le refus de débattre avec le candidat du second tour, issu on ne peut plus légalement des urnes, donne le sentiment que le Président méprise un électeur sur cinq et en dit long sur son peu de respect pour le principe démocratique lui-même. S’ajoute a cela le fait qu’une grande partie de l’électorat a des doutes sérieux sur l’honnêteté de l’homme. Malgré les appels unanimes au vote anti-Le Pen, qui peut dire si le « peuple de gauche » se résoudra à voter pour l’ennemi juré d’hier, qu’il regarde comme l’escroc de la Mairie de Paris et des HLM des Hauts de Seine ? Combien d’entre eux, ne pouvant se résoudre a voter Super Menteur, voteront blanc ou nul ?

Admettons que Chirac soit réélu le 5 Mai, grâce notamment aux votes des Français de gauche. La tentation sera grande pour nos concitoyens mobilisés « contre le fascisme » mais écœurés d’avoir accordé 5 années d’immunité présidentielle supplémentaires à Jacques Chirac, de compenser aux législatives par un vote massif en faveur du Parti Socialiste, des Verts, du MDC ou des partis d’extrême gauche. Nous revoilà repartis pour plusieurs années de cohabitation. Autant dire, une catastrophe. L’immobilisme total institué en système politique à long terme, en attendant que les fonctionnaires européens prennent les choses totalement en main. Ce serait l’abandon de tout projet de retour en France en ce qui me concerne…

Alors, que faire ? Pour ma part, je ne vais pas voter Le Pen. Je ne crois pas qu’il soit crédible comme chef d’état. Je sais peu de choses du Front National, mais je doute que nous ayons affaire à un parti de gouvernement. Il y a de bonnes choses dans leur programme qu’on ne trouve pas dans celui de Chirac : le recours au referendum pour valider les grands projets de réforme, le contrôle de l’immigration, la dénonciation des accords de Schengen et de Maastricht, la résurrection du Franc pour revenir a une monnaie européenne commune, mais pas unique, etc. Il y en a d’autres carrément moins bonnes, comme la création de camps pour les immigrés en situation irrégulière, la préférence nationale, le rétablissement de la peine de mort, le protectionnisme, etc. Ce programme contradictoire ne semble pas tenir la route financièrement et sera sans doute impossible à mettre en œuvre de toute façon. Enfin, sans m’abandonner au délire collectif de ces derniers jours, je suis peu enclin à donner ma voix à un parti qui s’est formé, dans les années 70, a partir d’une mouvance d’extrême droite pure et dure.

Je vais donc voter Chirac Dimanche prochain. Sans conviction mais avec l’espoir que le Président de la République saura mieux s’entourer et aura la sagesse de tirer les enseignements de son septennat raté et de cette élection bizarre. En croisant les doigts pour qu’il ne saborde pas le navire une nouvelle fois et qu’il ne ressorte pas le Juppé de son placard bordelais. En espérant qu’il aura la bonne idée de faire appel, pour reformer la France rapidement et en profondeur, à un représentant de la société civile ayant les pieds sur terre et de réels talents de leader, comme Christian Blanc (mais il y en a d’autres).

Pour finir, je voudrais répondre à la question provocatrice posée en titre : je crois en effet que la démocratie est en danger. Non pas parce que 20% des électeurs ont voté pour ce qu’il est convenu d’appeler l’extrême droite. Mais parce que certains, qui ne partagent pas les mêmes idées, contestent la légitimité de ce vote et utilisent des moyens de pression anti-démocratiques pour imposer leurs vues. Parce que les medias français matraquent les mantras de la pensée unique et pratiquent un terrorisme intellectuel digne des pires régimes totalitaires. Parce que plusieurs candidats à l’élection présidentielle ont annoncé sans sourciller grève générale et « troisième tour social » au cas ou la balance ne pencheraient pas en leur faveur.

La démocratie est en danger donc. A nous de la défendre en votant le 5 Mai et au mois de Juin, pour ceux qui ont un député a élire, ce qui n’est pas le cas des Français résidant a l’étranger. En ce qui me concerne, je vais réfléchir aux moyens de participer a l’émergence d’une nouvelle représentation politique, fondée sur des valeurs claires : honnêteté, liberté d’initiative, sens du service, responsabilité, respect de la personne humaine, cohésion de la nation.

24 mars 2002

Questions aux candidats à l’élection présidentielle (2002)

Voici les questions que j'entends poser aux différents candidats. Je me suis volontairement limité à 15 questions, ce qui n’est pas été facile. Les thèmes abordés devraient nous permettre de mieux cerner le projet et le système de valeurs de chaque candidat. J’ai choisi de ne pas formuler les questions de manière neutre, afin de provoquer des réponses les plus claires possibles. Je me baserai sur les réponses des candidats qui joueront le jeu pour me déterminer, et vous ferai bien entendu part des résultats. Cela risque d’être intéressant... Je compte envoyer mon questionnaire début Avril. Si vous avez des suggestions, vous savez ou me joindre.

Société et éducation
  1. Pour permettre aux parents, et notamment aux mères, de choisir entre activité professionnelle et éducation de leurs enfants, et afin d’inverser le déclin démographique de notre pays, mettrez-vous en place le salaire parental et autres mesures favorisant les couples qui s’engagent dans la durée (mariage) et contribuent au renouvellement des générations ?
  2. Afin de limiter le nombre d’avortements (220,000 par an), vous engagez-vous à mettre en oeuvre par décret les mesures de soutien aux femmes en difficultés prévues par la loi Veil, mais jamais mises en place par les gouvernements successifs depuis 1978 ?
  3. Bien que la présence et l’exemple d’un père et d’une mère soient essentiels au développement harmonieux de l’enfant, ferez-vous légaliser l’adoption par les couples homosexuels ?
  4. Afin de limiter le risque de « chosification » de l’embryon humain et d’éviter les pratiques conduisant au sacrifice d’êtres en devenir, agirez-vous pour donner un statut légal à l’embryon et orienter les efforts français et européens vers les alternatives telles que la recherche sur les cellules souches d’adultes ?
  5. Etes-vous favorable à la légalisation de l’euthanasie ?
  6. Agirez-vous pour bannir définitivement du répertoire pédagogique de l’Education Nationale les méthodes globales et semi-globales d’apprentissage de la lecture, qui ont conduit à l’analphabétisme et à l’échec scolaire tant de jeunes Français ? *

Sécurité et immigration

  1. Pour permettre à nos armées d’assurer pleinement leurs missions dans un monde plus dangereux que jamais, vous engagez-vous à augmenter les budgets d’équipement des armées et à maintenir le budget de la Défense entre 3% et 5% du PIB de la France au cours des 5 ans à venir ?
  2. Pour assurer la sécurité intérieure de la France, vous engagez-vous à rétablir le contrôle aux frontières nationales et à renforcer la coopération avec les pays membres de l’Union Européenne pour que l’Europe cesse d’être un havre pour les réseaux terroristes islamistes ?
  3. Pour contrôler les flux migratoires et maintenir la cohésion de la nation, vous engagez-vous à mettre en place une politique de quotas par pays, à faire de la maîtrise de notre langue une des conditions d’accès à la nationalité française et à instituer le principe d’une démarche volontaire et solennelle pour les candidats à la naturalisation ?

Vie politique et construction européenne

  1. Pour réconcilier les Français avec leurs représentants, limiter les risques de corruption et assurer une meilleure représentation de la société civile au Parlement, vous engagez-vous à mettre en place un statut de l’élu, garantissant des revenus décents et facilitant le retour à l’emploi civil à l’issu d’un mandat public ?
  2. Pour assurer à l’Europe un avenir démocratique, soustraire les nations européennes au dictat de la bureaucratie bruxelloise et rendre les peuples européens acteurs de la construction européenne, vous engagez-vous à établir comme priorité de votre politique étrangère la négociation d’un nouveau traité, donnant le pouvoir de décision aux élus nationaux et européens et ramenant la Commission à un rôle de coordination ?
Economie
  1. Pour garantir aux générations futures une retraite décente, vous engagez-vous à instaurer un système complémentaire basé sur l’épargne volontaire, la capitalisation et l’actionnariat ?
  2. Pour rendre son attractivité économique à la France, relancer la croissance et l’emploi par la création d’entreprises nouvelles, vous engagez-vous à ramener le poids de la fiscalité (impôts, taxes et charges) à un niveau comparable à ce qu’elle est dans les pays les plus dynamiques de la Communauté Européenne, comme l’Angleterre et l’Irlande?
  3. Pour permettre à la France de conserver, voire de reconquérir, son indépendance dans le concert des nations, et afin que l’essentiel de nos impôts ne soit plus gaspillé à rembourser la charge de la dette publique, vous engagez-vous à ramener la dite dette de 58% ou plus du PIB aujourd’hui à 35% en 2007 et 20% en 2012?
  4. Pour dynamiser la société française, au-delà de son économie, et lutter contre le fléau culturel de l’assistanat et de la dépendance étatique, vous engagez-vous à rationaliser l’organisation de l’Etat Français, en le recentrant sur ses missions régaliennes, et à ramener le nombre de fonctionnaires de 25% de la population active aujourd’hui à 15% en 2007 et 10% en 2012 ?

10 mars 2002

Chirac : droit dans le mur !

Il n’y aura donc pas de troisième homme capable de ratisser large à droite. Christian Blanc fait campagne sans être candidat. On se demande bien pourquoi. Sans doute en vue de justifier sa future nomination au poste de Premier Ministre. Son ami Jospin pourrait décider de faire appel à lui, même s’il est probable qu’il voudra confier cette responsabilité à un des ténors du PS. DSK serait un moindre mal. Martine Aubry une catastrophe. Cela dépendra largement du résultat des législatives. En cas de victoire de la droite, une personnalité « apolitique » comme Blanc pourrait lui permettre d’éviter une cohabitation trop partisane.

Je suis de plus en plus convaincu que Jospin va gagner en Mai prochain. Non pas que les Français lui trouvent soudain un charme dont il manque désespérément. Non pas que le bilan de ses 5 années de gouvernement soit de nature à générer l’enthousiasme. Mais parce que Chirac et ses copains font tout pour lui offrir la victoire.

Le Président-candidat ne regrette donc rien : ni la politique menée par Juppé de 1995 à 1997, ni la dissolution ratée, ni les mensonges et les magouilles de l’époque ou il était maire de Paris et président du RPR. Il nous fait le coup de la passion pour justifier sa candidature (« j’aime la France, j’aime les Français »). Il se présente en homme intègre, blessé dans son honneur par des attaques indignes, et en gardien scrupuleux des intérêts de la France, qui s’est opposé farouchement aux décisions (et non-décisions) néfastes du gouvernement sur la sécurité, l’économie, etc. On aurait presque envie de rire... jaune.

Juste un mot sur ses propositions, délivrées au fil de meetings « thématiques ». Bien qu’elles soient en de nombreux points identiques à celles de son principal concurrent, il a réussit à leur donner un air de promesses électorales intenables, et permit ainsi aux socialistes de se positionner en gestionnaires plus sérieux et avisés (cf. leurs critiques, justifiées, du programme de baisse des impôts).

En adoptant des positions similaires à celles de Jospin (notamment sur l’Europe, la sécurité, etc.), Chirac compte visiblement réduire cette élection au choix entre deux personnalités. Grave erreur, à mon sens, de la part de ses conseillers, de miser sur le capital de sympathie de leur poulain en négligeant de prendre en compte son passif. Grave erreur, surtout, de traiter par le mépris les attentes des Français en matière de renouveau politique, économique et moral. « On prend les mêmes et on recommence » et « regardez comme les autres sont nuls » ne font pas un programme pour gagner. La majorité des Français attendent autre chose : un projet de société fondé sur des choix clairs et des valeurs vécues. Quelles valeurs le President-candidat incarne-t-il ? Qui osera croire que Chirac tiendra ses engagements de 2002 ?

Enfin, au lieu de créer les conditions d’un rassemblement (pas évident, mais pas impossible) autour de sa candidature au deuxième tour, Chirac fait jeu d’ignorer qu’il y a un premier tour. Les limiers du RPR inquiètent les candidats de droite qui osent se présenter « contre lui » le 21 Avril, en faisant notamment pression sur les élus susceptibles de les parrainer. En faisant l’impasse sur les erreurs du septennat qui s’achève et en abandonnant la rédaction de son programme aux chantres de la pensée unique qu’il fustigeait il y a encore peu de temps, le candidat probable du deuxième tour les oblige à durcir leurs discours, à mettre en relief ses propres défauts et incohérences. Je vois mal Le Pen, Madelin et Pasqua soutenir activement Chirac après le 21 Avril, au risque de se contredire violemment du jour au lendemain.

Dans la situation actuelle, il y aura donc d’énormes perditions de voix à droite au deuxième tour, si Chirac se retrouve face à Jospin. Au point, a mon avis, de donner la victoire a Jospin malgré son différentiel de sex-appeal. Je suis persuadé que nombre de « souverainistes » de droite qui auront voté Chevènement ou Le Pen au premier tour, s’abstiendront de voter le 5 Mai, ou bien voteront blanc, ce qui revient au même. Certains, assurément, préféreront voter Jospin que redonner un chèque en blanc à Chirac. Bien que je comprenne ses raisons, je regrette que Philippe de Villiers ne se présente pas pour défendre, à droite, l’idée d’une Europe plus démocratique des Etats-Nations, face au projet de construction forcée, et donc vouée à l’échec, d’une nation européenne et d’un super-Etat fédéral, auquel Chirac, Jospin, Madelin et Bayrou sont tous favorables.

Revenons un instant sur le cas Le Pen. On aurait pu penser, à la suite de la rupture FN-MNR, que sa carrière politique était derrière lui. Qui plus est, son discours « sécuritaire » ayant été adopté par la droite comme par la gauche depuis les événements du 11 septembre, on aurait pu croire son fond de commerce dilapidé. Or, les sondages le pressentent comme le quatrième homme de cette élection. De fait, je ne serai pas surpris que Le Pen réitère, voire dépasse, son score de 1995. Pourquoi ? Est-ce parce que 15% ou plus de nos compatriotes sont de fieffés racistes, comme veux nous le faire croire la gauche depuis 20 ans (la gauche qui n’a toujours pas fait « repentance » de son soutien inconditionnel aux régimes totalitaires et génocidaires d’URSS, du Vietnam et d’ailleurs), et comme semble le penser notre Président-candidat ? Bien sur que non ! C’est plus sûrement par rejet d’une droite corrompue par le pouvoir, qui a perdu ses repères et a laissé ses valeurs se diluer dans l’air du temps soixante-huitard.

Quoi qu’il en soit, le spectacle que donnent les deux candidats principaux et leurs troupes à l’occasion de cette campagne présidentielle est bien affligeant. Coups bas, surenchère de propositions démagogiques, petites phrases, il n’y a pas de débat d’idées, pas de discussions autour de projets de société bien définis. En tout cas pas vu d’ici. Pas étonnant que les Français se désintéressent de la campagne. Les seuls candidats en lice qui ont quelque chose à dire, à mon sens, sont Chevènement et Boutin. Et peut être aussi Blanc, bien qu’il ne soit pas vraiment candidat.

Je me méfie des réflexes « étatistes » du Che, mais je salue la pertinence de ses critiques contre Chirac et Jospin et suis d’accord dans les grandes lignes avec son projet européen. A creuser. Quant à Christine Boutin, je lui suis gré de mettre en avant le respect de la personne humaine comme moteur de toute action et décision politique. Voila des choix clairs, voila une démarche libre et courageuse. A creuser aussi. Concernant Blanc, je voudrais vous inviter à signer son « Appel des Français », que je trouve plein de bon sens et utile.

Dans les semaines à venir, je projette de formuler une série de questions clés que j’entends poser à chacun des candidats du deuxième tour (sous forme d’un email ou courrier traditionnel). Si vous souhaitez contribuer à cette démarche, n’hésitez pas à m’envoyer vos idées par email. Je posterai le tout sur ce site bien entendu. D’une manière générale, je serai heureux de lire vos réactions, de savoir comment vous voyez les choses. Alors, n’hésitez pas !

Stéphane