18 février 2007

Aux "supporters" de Nicolas Sarkozy

J’aime bien Sarkozy. J’ai toujours admiré ses talents d’orateur. Je suis, cependant, réservé sur sa candidature. Mon choix pour le premier tour n'est pas finalisé, car j'attends de voir qui est effectivement candidat, mais je sais que ce ne sera pas NS. Je voterai pour lui au deuxième tour, si le match tant annoncé contre SR a lieu. Je veux ici expliquer pourquoi. Et inviter les "enthousiastes" à y regarder de plus près. Je m'adresserais aux "résignés" dans un message à venir.

L'homme providentiel
Certains parmi vous sont convaincus que NS est le seul capable de sortir la France du marasme économique et moral actuel. Sans doute séduits par le bonhomme tout autant que par le discours, vous voulez croire qu'avec Sarkozy, la droite a retrouvé le sens des valeurs et s'est donné un chef doté de vraies convictions, d'une vraie colonne vertébrale. Déçus du chiraquisme, vous vous dites, comme pour excuser le bilan du quinquennat auquel a participé votre poulain, que c'est du chef de l'Etat que tout dépend et vous pensez que NS saura insuffler la volonté et le courage politique qui ont manqué à la majorité UMP pour engager les réformes nécessaires. Enfin, vous vous dites que la "rupture tranquille", c'est-à-dire le changement progressif mis en oeuvre par l'équipe au pouvoir depuis 5 ans est la seule approche possible dans notre pays. Je ne partage pas ces points de vue ni votre optimisme sur l'homme.

Dirigisme
Sur l'homme d'abord, et sur ses valeurs : relisez le discours de Périgueux. Quel mélange, quelle confusion des genres ! Ainsi donc, NS pense que c'est en créant de nouveaux droits-créances que l'on va régler les problèmes des Français ? Je ne crois pas que ce soit le droit au logement opposable en justice qui incitera les propriétaires d'appartements aujourd'hui inoccupés à les louer. Et il serait utopique de croire que c'est le risque d'un procès qui incitera les entreprises à embaucher et à investir dans la formation de jeunes inexpérimentés. Malheureusement, il y a plus ici qu'une tentative démagogique de rassurer sur l'avenir ou de séduire les électeurs de gauche. C'est la vraie nature de la famille idéologique à laquelle NS appartient qui s'exprime. Bien que n'ayant pas fait l'ENA lui-même, NS est l'héritier d'une caste technocratique, déconnectée des réalités économiques et convaincue que la toute-puissance étatique et le centralisme planificateur sont à même de combattre les fléaux qui pèsent sur notre société. Prenons l'exemple du chômage : Raffarin et Villepin ont quasiment décrété le chômage illégal; cependant, ils n'ont pas dérégulé le travail ni baissé les charges des entreprises, toutes choses qui inciteraient les employeurs à embaucher. Et ce malgré les résultats phénoménaux obtenus par ceux de nos voisins européens qui ont mis en oeuvre ces mesures de bon sens.

Opportunisme et "girouettisme" idéologique
J'applaudis lorsque j'entends les thèmes développés récemment par NS sur le travail, l'effort, l'amour de la patrie, la nécessité de créer de la richesse avant de la distribuer, les efforts à faire pour soutenir la recherche et l'innovation, etc. Excellents discours, en particulier le 14 Janvier dernier. Cependant, un autre avant lui a dit tous les mots que nous voulions entendre pour ce faire élire, puis a fait le contraire de ce qu’il nous avait promis. L'ambition est la meilleure et la pire des choses chez une homme politique : la meilleure lorsqu'elle pousse au dépassement de soi au service du bien commun, la pire lorsqu'elle est concentrée sur la conquête et le maintien au pouvoir. Chez NS, j'ai peur qu'elle soit le prétexte à tous les reniements, à toutes les dérives futures, notamment sur les questions de société mais pas seulement. J'applaudis son opposition au mariage et à l'adoption pour les homosexuels, mais je redoute que sa position n'évolue dans le temps, en fonction des sondages. Comme Ministre de l'Economie, il a accordé aux couples homos les avantages fiscaux jusqu'ici réservés aux couples mariés. Dans son programme, il propose que la signature du PACS se fasse à la Mairie... Qui nous dit qu'il ne cédera pas à la pression du lobby homosexuel, par ailleurs fort bien représenté à l'UMP, une fois élu, sur la question du mariage et de l'adoption ? Ce n'est qu'un exemple. Le risque n'est pas nul que NS soit, comme Jacques Chirac son maître, sujet aux changements radicaux d'opinion.

Conflit d'intérêt
Si je suis réservé sur la capacité de NS à mettre en œuvre la moitié de ce qu’il dit, c'est aussi eut égard à l'équipe qui l'entoure, avec qui il gère la France depuis 2002 et avec qui il gouvernera demain, enfin peut-être. Ah, ils sont beaux tous ces ministres ou anciens ministres, ces hauts fonctionnaires assurés de bénéficier ad vitam d'un poste honorifique et d'une rente confortable, futurs membres d'un conseil de ceci ou d'une haute-autorité de cela, quand ils ne seront pas à la tête d'une de nos très belles entreprises publiques. Comment espérer que ces gens-là vont prendre demain les mesures impopulaires et courageuses qu'ils n'ont pas pris hier et qui s'imposent cependant ? L'urgence, pour éviter la catastrophe argentine qui nous pend au nez, c'est de réduire la dette et de retrouver le plein emploi. Pour cela, il faudra libérer l'économie, couper les charges qui pèsent sur le travail, recentrer l'Etat sur ses missions régaliennes et diminuer de manière dramatique les dépenses publiques. Toutes choses qui reviendraient plus ou moins à scier la branche depuis laquelle ces beaux Messieurs de l'UMP veillent, superbes mais impuissants, sur le déclin de la France.

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