5 février 2007

Etat tentaculaire et tatillon

C'est pas moi qui le dit
"Les échecs de notre organisation fossilisée dans des systèmes nationaux hiérarchisés et verticaux sont trop flagrants pour qu'on n'en tire pas les conséquences. A force d'exercer sa tutelle tatillonne sur un trop grand nombre d'institutions, l'Etat tend à mettre sous tutelle les citoyens eux-mêmes. Le mot tutelle ici entendu dans son sens juridique : être sous tutelle, c'est avoir en permanence quelqu'un pour prendre à votre place toutes les décisions importantes. Cette logique doit désormais s'effacer devant celle de la décentralisation. Il est temps de relâcher la tutelle et de faire émerger une organisation fondée sur la confiance dans les acteurs locaux."

Extrait de "La Croissance ou le Chaos", Christian Blanc.

Vous savez, Christian Blanc, ancien préfet en Nouvelle-Calédonie, ancien patron de la RATP et d'Air France. Député des Yvelines depuis 2002, proche de l'UDF, il vient d'annoncer son soutien à NS (nul n'est parfait... pauvre Bayrou).

Economie de l'innovation
Très bien pour s'endormir après une longue journée de travail (non je plaisante), le livre rappelle que la France a tous les atouts pour redevenir une puissance économique de premier plan dans un monde où l'innovation est la clé. Il suffirait de deux choses (je résume) :

1) que les pouvoirs publics jouent leur rôle.

Leur rôle c'est celui de stratège, d'incitateur et d'entremetteur entre les acteurs locaux (entreprises, universités, chercheurs, investisseurs, etc). Cela implique que l'Etat cesse de tout vouloir décider de manière centrale, comme se fut le cas avec les pôles de compétitivité, version française des fameux "clusters", lancés en grande pompe par Villepin l'année dernière. Une excellente idée mal exécutée par excès de zèle centralisateur. Pas facile quand on a fait l'ENA ou qu'on travaille dans un ministère parisien d'accepter qu'il vaut mieux laisser les locaux décider... imaginez la difficulté pour un fonctionnaire européen basé à Bruxelles.

2) de libérer les Universités de la tutelle tatillonne de l'Etat.
Rendre leur autonomie aux Universités c'est leur permettre de gérer elles-mêmes le poste "salaires" de leur budget. C'est leur donner les moyens d'embaucher qui elles souhaitent dans leur corps professoral, de sélectionner les étudiants à l'entrée, de s'associer avec d'autres universités ou laboratoires de recherche pour augmenter leur compétence et leur attractivité, d'inciter les chercheurs qui trouvent à créer des entreprises où à vendre leurs découvertes, pour que la recherche "fondamentale" devienne "appliquée", que l'innovation se transforme en création de richesses, etc. Évident ? Pourquoi ce n'est pas déjà fait alors ?

Méthode pour réformer
Je vous laisse avec un dernier extrait du livre : "En matière de réformes, une faute a été mille fois répétée : celle qui consiste à penser que la méthode des petits pas est plus efficace qu'une réforme globale. C'est sans doute vrai quand il s'agit d'adapter à la marge un système qui fonctionne bien, mais c'est une erreur fatale quand on veut transformer en profondeur un système qui a cessé de fonctionner."

Le modèle économique et social français a cessé de fonctionner. Christian Blanc n'hésite pas à dire qu'il est mort.

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