24 mars 2007

L'impasse Bayrou

Depuis Janvier, les médias font mousser la candidature de François Bayrou (FB). Sa visibilité accrue à la télé a précédée son ascension fulgurante dans les sondages. Sondeurs et journalistes l’ont promu troisième homme officiel de cette élection présidentielle. Nous sommes en pleine manipulation. Au début de la campagne officielle, beaucoup se laissent persuader qu’il leur faudra choisir entre SR, NS ou FB, que les autres candidats n’ont aucune chance, donc aucun intérêt. Au secours !

Ultime manipulation chiraquienne ?
Il ne serait pas surprenant que l’opération soit pilotée par un Chirac ne pouvant se résoudre à l’élection du traître Sarkozy. Dans la République des Copains, où l’Élysée distribue médailles, subventions et emplois, qui ose croire encore à l’indépendance des médias ? En 2002, ils ont crédibilisé la candidature de Le Pen, en mettant l’accent sur les problèmes d’insécurité. On sait qui en a profité, in fine. En 2007, faire monter la sauce Bayrou est le moyen de barrer la route à Sarkozy, malgré le soutien officiel qu’il faut bien lui apporter. Pour le grand rancunier, la défaite de NS serait le point d’orgue d’une vengeance d’autant plus savoureuse qu’elle se matérialise 12 ans après la trahison balladurienne. Machiavélique en diable, comme d’avoir fait voter contre Giscard en 1981. Chirac, qui n’a cessé de trahir son propre camp, se prépare une sortie de scène jubilatoire.

Paradoxes et imposture
Paradoxalement, c’est en dénonçant l’ostracisme de TF1 à son égard que le candidat de l’UDF a commencé sa percée médiatique. C’est la preuve qu’il maîtrise parfaitement les rouages du système, grâce aux conseils et à l’influence des professionnels des médias que sont Philippe Lapousterle, son éminence grise, Jean-François Kahn et Alain Duhamel, entre autres.

Paradoxalement aussi, c’est en raillant la fausse opposition gauche-droite que FB a finit par faire recette. A l’entendre, c’est la rivalité stérile entre les deux principaux partis politiques qui est à l’origine des graves problèmes de la France. Outre que tout a commencé sous Giscard et que l’UDF a largement participé aux gouvernements de la France depuis 30 ans, quelle imposture vu que les deux partis en question ont pratiqué peu ou prou la même politique, dans les faits, sinon dans les discours.

L’homme du système
FB est le troisième candidat officiel d’une caste, d’une soi-disant élite, qui est responsable du déclin de notre pays. Son programme, par ailleurs difficile à cerner, ne représente en rien une rupture avec les pratiques dirigistes et étatiques qui sont la marque des 30 dernières années. C’est bien beau de vouloir faire travailler ensemble les bonnes volontés de droite et de gauche, mais pour faire quelle politique ? Je ne trouve, dans les discours de FB, pas une once d’intention de réformer fondamentalement le fameux « modèle » français, qui est pourtant en faillite. FB fut l’un des premiers à dénoncer le problème de la dette, mais il critique les propositions faites par certains de ne pas remplacer un fonctionnaire partant à la retraite sur deux. On se demande bien comment il entend résoudre le problème sans réduire drastiquement la voilure étatique.

Impuissance
J’ai été abasourdi par son aveu d’impuissance lors d’une émission de télé récente. Interrogé sur la nécessaire réforme de l’Education Nationale, il déclara qu’elle était impossible sans les syndicats. Sachant que les dits syndicats prônent par (mauvais) calcul ou par idéologie, le status quo sur les statuts, les effectifs, les méthodes pédagogiques et la réforme de l’administration centrale, on se dit que ce n’est pas avec Bayrou que l’on parviendra à moderniser le Mammouth. Pas un mot sur la très nécessaire réforme de la représentativité syndicale bien entendu. D’après lui, la question des méthodes de lecture ne relève même pas de l’autorité du ministre. Alors que les dégâts provoqués par les méthodes globales et semi-globales sont avérés, il propose de faire une étude… Que ne dirait-on pas pour plaire à la gauche !

Révolution ?
Comme NS et SR, FB essaye de trouver les mots qui chantent aux oreilles des Français, qui parlent à leurs désirs contradictoires de changement et de continuité (on veut que çà change mais « touche pas à mes avantages acquis »). Il propose une révolution pacifique, mais reste vague sur les objectifs de cette révolution. Or, la révolution qu’il faut faire dans ce pays c’est, à contre-courant de la pratique gouvernementale depuis des décennies, de redéfinir le rôle de l’Etat et de redonner du (bon) sens à la construction européenne.

La première révolution consiste à recentrer l’Etat français sur ses missions régaliennes. Il faut libérer l’économie de la mainmise étatique. Nous avons besoin d’un Etat modeste, économe et efficace. Y’a du boulot ! Le plein emploi, le pouvoir d’achat, l’avenir de nos retraites, tout cela dépend de notre capacité à réorienter notre investissement collectif vers le secteur privé, seul créateur de richesses et donc seul source de progrès social « durable ».

La deuxième révolution concerne l’avenir du projet européen. Après le « non » de 2005, la France est en position idéale pour proposer à ses partenaires, les autres états européens, un retour à deux principes fondateurs :
1) la coopération entre états souverains, plutôt que la fusion dans un super-Etat fédéral européen , et
2) la préférence communautaire, plutôt que le libre-échangisme à sens unique consenti dans les négotiations internationales par les commissaires européens, aux dépends de nos emplois.
L’Etat français doit se réapproprier certains des pouvoirs concédés à la bureaucratie bruxelloise depuis Maastricht, notamment ceux de légiférer, de fixer le taux de la TVA et de contrôler nos frontières pour lutter contre le terrorisme et l’immigration sauvage.

Recherche homme de caractère désespérément
Ces deux révolutions sont le vrai enjeu de cette élection. Soit nous continuons comme aujourd’hui, et nos carottes sont cuites. Soit le peuple Français se réveille et affirme sa volonté de reprendre en main son destin. Il y a peu de chance que la première de ses révolutions se fasse dans une harmonie toute consensuelle : il y aura des tensions, des mouvements sociaux comme on dit (je note que la France est l’un des derniers pays où l’on tolère que les agents du service public dont l’emploi est garanti à vie fassent la grève). La deuxième ne sera pas aisée, comme toute négociation internationale, mais l’Europe ne sortira de l’impasse actuelle qu’avec le concours de la France. Pour les conduire, il nous faut un homme de conviction, quelqu’un qui fixe un cap ambitieux et fasse preuve de détermination et de fermeté dans les épreuves qui ne manqueront pas de se présenter. Je ne discerne rien de tout cela dans le discours ou dans la personnalité de FB.

L’homme Bayrou
FB plait dans les chaumières, enfin dans certaines. Sa physionomie plutôt sympathique, ses origines terriennes, son allocution lente et docte, ses propos modérés en tous points rassurent une partie de nos concitoyens. Pour ma part, je trouve son expression très alambiquée, à la limite du soporifique, et son discours « ni gauche ni droite » absolument lénifiant.

Même si les sondages indiquent que le soutien pour sa candidature est loin d’être définitif, il est indéniable qu’une frange de la population s’enthousiasme pour la candidature de FB. A gauche, il y a ceux que le « royalisme » laisse perplexes, qui peinent à trouver chez SR les qualités requises pour diriger le pays. A droite, il y a les déçus du chiraquisme qui sont allergiques à Sarkozy ou ne lui pardonnent pas les reniements innombrables et l’inaction des gouvernements auxquels il a participé depuis 5 ans. Tous pensent avoir trouvé une alternative très convenable. Mais à quel prix, et surtout, pour quoi faire ?

Le non-choix
Pour plagier le slogan de Giscard de l’époque, voter Bayrou ce n’est pas le bon choix, c’est l’absence de choix, c’est le « non-choix ». C’est la garantie de l’immobilisme, d’un socialisme à peine moins coûteux que celui du PS. C’est la certitude que les décisions courageuses qui s’imposent ne seront pas prises. A mi-chemin entre SR et NS, FB me donne presque envie de voter NS. Heureusement qu’il y a d’autres choix pour le premier tour…

25 février 2007

Aux résignés du vote "Sarkutile"

Ceci s'adresse à ceux qui envisagent de voter pour Nicolas Sarkozy au premier tour, non pas par conviction, mais par peur que la "droite républicaine" ne soit pas au deuxième. Il y aurait beaucoup à dire sur la dénomination ci-dessus et le scénario en question, mais ce sera pour une autre fois. Je veux d’abord compléter ma critique des réflexes dirigistes et du "girouettisme" idéologique de NS, en donnant je l’espère à réfléchir aux résignés du vote "Sarkutile", raccourci un peu facile pour le "vote Sarko au premier tour pour cause de vote utile à droite". Jetons donc un oeil sur le bilan et certaines propositions du candidat de l'UMP.

Un bilan presque nul
Bien qu'il fut aussi Ministre de l'Economie et des Finances, Ministre d'Etat et numéro 2 de gouvernements successifs qui ont laissé la dette s'envoler, le chômage structurel se maintenir, le pouvoir d'achat dégringoler, et ont fait voter des lois instituant le délit d'opinion, entre autres calamités, je ne parlerais ici que du bilan du Ministre de l'Intérieur. Il faut reconnaître que sa politique de fermeté sur les routes a porté ses fruits : le nombre de morts et de blessés a reculé depuis 2002. Certains lui en veulent sûrement pour les contrôles excessifs, mais peu importe; la contrainte a fonctionné, les Français conduisent plus prudemment, les routes sont globalement plus sûres. La différence fut notable pour moi, à mon retour des US (où la vitesse autorisée est encore plus basse). Sur le reste, par contre, y'a franchement pas de quoi pérorer. Le bilan n'est pas nul, mais presque.

Beaucoup de bruit pour... pas grand chose !
Sur l'immigration d'abord : la fermeté affichée par NS a fait la une des journaux. Cependant, le regroupement familial n'a pas été remis en cause, ni l’aide médicale d’Etat pour les étrangers en situation irrégulière. Résultat : plus de 300 000 étrangers se sont établis en France en 2006, dont quelques 100 000 illégalement. Le cinoche pitoyable de Cachan montre bien que, derrière le discours de fermeté, c'est l'impuissance qui caractérise le bilan de NS sur l'immigration. A moins que le discours ne soit que posture électorale, ce qui n'est pas impossible. En tout état de cause, ceci augure mal de l'avenir si l'immigration "choisie" devient la doctrine officielle de la France.

Sur l'insécurité ensuite, thème majeur de l'élection de 2002 et préoccupation toujours réelle des Français. Si les chiffres officiels de la délinquance ont baissé, le sentiment d'insécurité quant à lui n'a pas diminué. Et pour cause : le nombre d'agressions sur les personnes est en hausse. De qui se moque-t-on ? Dans les banlieues, les voitures continuent à brûler, chaque nuit. Oh certes, il n'y a pas eu mort d'hommes supplémentaires après les deux qui ont déclenchées les émeutes de l'automne 2005. Bravo, formidable ! Mettre cela en avant comme un aspect positif de son action c'est d'abord un aveu de faiblesse face au terrorisme intellectuel pratiqué par la gauche bien-pensante, qui pardonne tout aux casseurs, ces victimes de la société. Mais c'est, surtout, se foutre de la gueule des Français dont les voitures ont brûlé et vont continuer de brûler, victimes immolées sur l'autel de la communication d'Etat, des bandes de voyous qui jouent à l'intifada.

Des propositions problématiques
J'ai déjà mentionné la concession au socialisme que constituent l'institutionnalisation des droits-créances (les "droits à..." qui s'ajoutent aux "droits de"), et la proposition de "pacser" devant le Maire, un pas de plus vers le mariage et l'adoption pour les homos. Voici trois mesures qui me dérangent et inciteront peut être certains lecteurs à revenir sur leur choix résigné :

1. Traité Européen
Sur l'Europe, NS nous promet un nouveau traité, reprenant les grandes lignes du projet constitutionnel qui fut rejeté par 55% des Français il y a moins de deux ans. Pire encore, il parle de le faire ratifier par le Parlement, signifiant ainsi le peu de cas qu'il fait des choix souverains du peuple français ! Même les partisans du "oui" de l'époque devraient s'offusquer d'un tel mépris et d'un tel déni de démocratie. Si le "non" peut être analysé comme l'expression d'opinions contradictoires, cela demeure la volonté du peuple. Point barre. Aux politiques de s'adapter. Que Chirac et Villepin, par surprise ou incompétence, ou les deux, n'aient pas saisi la balle au bon pour reprendre la main sur la scène européenne, soit. Mais se présenter à la législature suprême en faisant comme si de rien n'était, et en cédant aux invectives de la Commission et de la présidence allemande, quel manque de respect, de courage et de leadership !

2. Discrimination positive
NS nous propose la "discrimination positive" pour favoriser l'intégration des Français issus de l'immigration. Cela part d'un bon sentiment, comme d'habitude. Cependant, le bon sens incite à se méfier d'un système qui fait de la couleur de la peau, ou de l'origine ethnique, un critère plus déterminant que d'autres pour juger des mérites ou de la valeur des individus. Ce système porte en lui-même les germes d'une dérive communautariste dangereuse pour la liberté mais aussi pour l'égalité, qu'il entend pourtant promouvoir. Je note qu'aux US, le bilan de l'"affirmative action" est plus que mitigé. Avec le recul des années, nombreux sont ceux qui suggèrent que la discrimination positive n'a pas eu les effets escomptés, voire qu'elle a maintenu les populations noires dans un sentiment de dépendance collective non propice à l'émancipation individuelle, qui reste le moteur principal de la progression sociale.

3. Droit de vote des étrangers
Enfin, NS a dit son intention de permettre aux étrangers de voter aux élections locales. On se demande bien pourquoi... Encore une concession à la pensée unique, une proposition démagogique à destination de l'électorat de gauche ? Ayant moi-même payé des impôts aux US pendant 7 ans, je sais à quel point il peut être frustrant de ne pas pouvoir participer à un moment aussi important de la vie de la cité. Cependant, il existe une solution à cette frustration : demander et faire les efforts nécessaires pour obtenir la nationalité du pays dans lequel l'on réside et souhaite tant voter. C'est un choix important, un choix qui engage. Le droit de vote est un honneur qui doit rester le privilège des citoyens.

Clientélisme
On voit bien, au fil des semaines, que NS essaye de plaire à tout le monde. Un coup à gauche, un coup à droite, sans oublier le centre. Son programme est un grand fourre-tout. En essayant de ratisser large, il court le risque de dire tout et son contraire, en fonction de l'auditoire. Comme Chirac avant lui, il semble très à l'aise dans cette schizophrénie du discours. Bien malin qui peut dire ce qu'il fera une fois élu. Même son slogan de campagne laisse libre cours à toutes les interprétations futures : "ensemble, tout devient possible". Tout... et son contraire !

Votons en toute liberté
Chers résignés du vote Sarkutile, mesurez bien que la seule garantie du vote Sarko au premier tour c'est la déception future ! NS et ses amis n'ont pas fait grand chose depuis 2002, comment croire qu'ils feront ce qui est nécessaire à partir de 2007 ? Au premier tour, je vous en conjure, ne votez pas utile. Ne vous fiez pas aux sondages. Votez pour le candidat qui vous parait avoir les qualités nécessaires. Mon idée c'est qu'il nous faut avant tout un homme (je ne suis pas sexiste mais il n'y a pas de candidate à droite) de conviction, quelqu'un qui aura le courage de prendre des décisions impopulaires, à contre-courant des avantages catégoriels, pour assurer le bien commun des Français et remettre la France sur la voie du succès.

18 février 2007

Aux "supporters" de Nicolas Sarkozy

J’aime bien Sarkozy. J’ai toujours admiré ses talents d’orateur. Je suis, cependant, réservé sur sa candidature. Mon choix pour le premier tour n'est pas finalisé, car j'attends de voir qui est effectivement candidat, mais je sais que ce ne sera pas NS. Je voterai pour lui au deuxième tour, si le match tant annoncé contre SR a lieu. Je veux ici expliquer pourquoi. Et inviter les "enthousiastes" à y regarder de plus près. Je m'adresserais aux "résignés" dans un message à venir.

L'homme providentiel
Certains parmi vous sont convaincus que NS est le seul capable de sortir la France du marasme économique et moral actuel. Sans doute séduits par le bonhomme tout autant que par le discours, vous voulez croire qu'avec Sarkozy, la droite a retrouvé le sens des valeurs et s'est donné un chef doté de vraies convictions, d'une vraie colonne vertébrale. Déçus du chiraquisme, vous vous dites, comme pour excuser le bilan du quinquennat auquel a participé votre poulain, que c'est du chef de l'Etat que tout dépend et vous pensez que NS saura insuffler la volonté et le courage politique qui ont manqué à la majorité UMP pour engager les réformes nécessaires. Enfin, vous vous dites que la "rupture tranquille", c'est-à-dire le changement progressif mis en oeuvre par l'équipe au pouvoir depuis 5 ans est la seule approche possible dans notre pays. Je ne partage pas ces points de vue ni votre optimisme sur l'homme.

Dirigisme
Sur l'homme d'abord, et sur ses valeurs : relisez le discours de Périgueux. Quel mélange, quelle confusion des genres ! Ainsi donc, NS pense que c'est en créant de nouveaux droits-créances que l'on va régler les problèmes des Français ? Je ne crois pas que ce soit le droit au logement opposable en justice qui incitera les propriétaires d'appartements aujourd'hui inoccupés à les louer. Et il serait utopique de croire que c'est le risque d'un procès qui incitera les entreprises à embaucher et à investir dans la formation de jeunes inexpérimentés. Malheureusement, il y a plus ici qu'une tentative démagogique de rassurer sur l'avenir ou de séduire les électeurs de gauche. C'est la vraie nature de la famille idéologique à laquelle NS appartient qui s'exprime. Bien que n'ayant pas fait l'ENA lui-même, NS est l'héritier d'une caste technocratique, déconnectée des réalités économiques et convaincue que la toute-puissance étatique et le centralisme planificateur sont à même de combattre les fléaux qui pèsent sur notre société. Prenons l'exemple du chômage : Raffarin et Villepin ont quasiment décrété le chômage illégal; cependant, ils n'ont pas dérégulé le travail ni baissé les charges des entreprises, toutes choses qui inciteraient les employeurs à embaucher. Et ce malgré les résultats phénoménaux obtenus par ceux de nos voisins européens qui ont mis en oeuvre ces mesures de bon sens.

Opportunisme et "girouettisme" idéologique
J'applaudis lorsque j'entends les thèmes développés récemment par NS sur le travail, l'effort, l'amour de la patrie, la nécessité de créer de la richesse avant de la distribuer, les efforts à faire pour soutenir la recherche et l'innovation, etc. Excellents discours, en particulier le 14 Janvier dernier. Cependant, un autre avant lui a dit tous les mots que nous voulions entendre pour ce faire élire, puis a fait le contraire de ce qu’il nous avait promis. L'ambition est la meilleure et la pire des choses chez une homme politique : la meilleure lorsqu'elle pousse au dépassement de soi au service du bien commun, la pire lorsqu'elle est concentrée sur la conquête et le maintien au pouvoir. Chez NS, j'ai peur qu'elle soit le prétexte à tous les reniements, à toutes les dérives futures, notamment sur les questions de société mais pas seulement. J'applaudis son opposition au mariage et à l'adoption pour les homosexuels, mais je redoute que sa position n'évolue dans le temps, en fonction des sondages. Comme Ministre de l'Economie, il a accordé aux couples homos les avantages fiscaux jusqu'ici réservés aux couples mariés. Dans son programme, il propose que la signature du PACS se fasse à la Mairie... Qui nous dit qu'il ne cédera pas à la pression du lobby homosexuel, par ailleurs fort bien représenté à l'UMP, une fois élu, sur la question du mariage et de l'adoption ? Ce n'est qu'un exemple. Le risque n'est pas nul que NS soit, comme Jacques Chirac son maître, sujet aux changements radicaux d'opinion.

Conflit d'intérêt
Si je suis réservé sur la capacité de NS à mettre en œuvre la moitié de ce qu’il dit, c'est aussi eut égard à l'équipe qui l'entoure, avec qui il gère la France depuis 2002 et avec qui il gouvernera demain, enfin peut-être. Ah, ils sont beaux tous ces ministres ou anciens ministres, ces hauts fonctionnaires assurés de bénéficier ad vitam d'un poste honorifique et d'une rente confortable, futurs membres d'un conseil de ceci ou d'une haute-autorité de cela, quand ils ne seront pas à la tête d'une de nos très belles entreprises publiques. Comment espérer que ces gens-là vont prendre demain les mesures impopulaires et courageuses qu'ils n'ont pas pris hier et qui s'imposent cependant ? L'urgence, pour éviter la catastrophe argentine qui nous pend au nez, c'est de réduire la dette et de retrouver le plein emploi. Pour cela, il faudra libérer l'économie, couper les charges qui pèsent sur le travail, recentrer l'Etat sur ses missions régaliennes et diminuer de manière dramatique les dépenses publiques. Toutes choses qui reviendraient plus ou moins à scier la branche depuis laquelle ces beaux Messieurs de l'UMP veillent, superbes mais impuissants, sur le déclin de la France.

5 février 2007

Etat tentaculaire et tatillon

C'est pas moi qui le dit
"Les échecs de notre organisation fossilisée dans des systèmes nationaux hiérarchisés et verticaux sont trop flagrants pour qu'on n'en tire pas les conséquences. A force d'exercer sa tutelle tatillonne sur un trop grand nombre d'institutions, l'Etat tend à mettre sous tutelle les citoyens eux-mêmes. Le mot tutelle ici entendu dans son sens juridique : être sous tutelle, c'est avoir en permanence quelqu'un pour prendre à votre place toutes les décisions importantes. Cette logique doit désormais s'effacer devant celle de la décentralisation. Il est temps de relâcher la tutelle et de faire émerger une organisation fondée sur la confiance dans les acteurs locaux."

Extrait de "La Croissance ou le Chaos", Christian Blanc.

Vous savez, Christian Blanc, ancien préfet en Nouvelle-Calédonie, ancien patron de la RATP et d'Air France. Député des Yvelines depuis 2002, proche de l'UDF, il vient d'annoncer son soutien à NS (nul n'est parfait... pauvre Bayrou).

Economie de l'innovation
Très bien pour s'endormir après une longue journée de travail (non je plaisante), le livre rappelle que la France a tous les atouts pour redevenir une puissance économique de premier plan dans un monde où l'innovation est la clé. Il suffirait de deux choses (je résume) :

1) que les pouvoirs publics jouent leur rôle.

Leur rôle c'est celui de stratège, d'incitateur et d'entremetteur entre les acteurs locaux (entreprises, universités, chercheurs, investisseurs, etc). Cela implique que l'Etat cesse de tout vouloir décider de manière centrale, comme se fut le cas avec les pôles de compétitivité, version française des fameux "clusters", lancés en grande pompe par Villepin l'année dernière. Une excellente idée mal exécutée par excès de zèle centralisateur. Pas facile quand on a fait l'ENA ou qu'on travaille dans un ministère parisien d'accepter qu'il vaut mieux laisser les locaux décider... imaginez la difficulté pour un fonctionnaire européen basé à Bruxelles.

2) de libérer les Universités de la tutelle tatillonne de l'Etat.
Rendre leur autonomie aux Universités c'est leur permettre de gérer elles-mêmes le poste "salaires" de leur budget. C'est leur donner les moyens d'embaucher qui elles souhaitent dans leur corps professoral, de sélectionner les étudiants à l'entrée, de s'associer avec d'autres universités ou laboratoires de recherche pour augmenter leur compétence et leur attractivité, d'inciter les chercheurs qui trouvent à créer des entreprises où à vendre leurs découvertes, pour que la recherche "fondamentale" devienne "appliquée", que l'innovation se transforme en création de richesses, etc. Évident ? Pourquoi ce n'est pas déjà fait alors ?

Méthode pour réformer
Je vous laisse avec un dernier extrait du livre : "En matière de réformes, une faute a été mille fois répétée : celle qui consiste à penser que la méthode des petits pas est plus efficace qu'une réforme globale. C'est sans doute vrai quand il s'agit d'adapter à la marge un système qui fonctionne bien, mais c'est une erreur fatale quand on veut transformer en profondeur un système qui a cessé de fonctionner."

Le modèle économique et social français a cessé de fonctionner. Christian Blanc n'hésite pas à dire qu'il est mort.

4 février 2007

C'est çà votre campagne ?

Lamentable !
Le spectacle du pugilat médiatique que se livrent Ségolène Royal (SR) et Nicolas Sarkozy (NS) est d'une indécence... Y a pas à dire : les deux camps ont du talent pour se traiter de tous les noms et rivaliser dans le lyrisme comme dans les promesses d'avenir radieux. Mais pour le reste...

Vivement que la campagne officielle commence pour qu'on entende les autres candidats et qu'on assiste à un semblant de débat sur les vrais enjeux auxquels la France et les Français sont confrontés. Je ne me fais pas d'illusion sur la qualité du débat, mais ce sera sûrement mieux que le mauvais feuilleton actuel.

Positionnement
SR enchaîne les gaffes, NS croit aux sondages. Elle ne sait que nous mettre en garde contre la catastrophe qui s'en suivrait s'il était élu. Il tente de séduire la clientèle traditionnelle du PS, fonctionnaires de l'Education Nationale en tête. Ils sont obnubilés l'un par l'autre. La preuve ? NS vient d'adopter le terme assez fumeux de "valeur travail", inventé par SR. OK, c'est elle qui a commencé avec ses propositions sur le traitement militaire de la délinquance...

De fait, comme Jospin et Chirac en 2002, ils sont pratiquement du même camp, sur l'essentiel. Même si leurs tonalités, pour ne pas dire leurs dialectiques semblent opposées, les réponses qu'ils apportent aux divers problèmes sont issues de la même philosophie du dirigisme et du centralisme étatique teinté d'euro-mondialisme. Ces réponses sont vaines d'ailleurs, car ni l'un ni l'autre ne remettra en cause les traités européens qui restreignent considérablement leur champ d'action futur. Sans compter que tous deux parlent de faire adopter une version à peine modifiée du projet de traité constitutionnel que les Français ont rejeté en 2005.

Aveuglement
A se bouffer le nez, SR et NS risquent de passer à côté d'un aspect majeur de cette élection : une grande majorité de Français ne font plus confiance aux camps dont ils sont les champions. Malgré leurs charmes respectifs, les Français ne leur font pas confiance parce qu'ils ne croient plus aux lendemains qui chantent, ni aux promesses électorales. Ils voient à quel point leur propre situation personnelle et familiale s'est dégradée. Ils devinent à quel point la situation du pays est grave. Et ils savent, intuitivement, qu'on ne sortira pas de l'ornière sans prendre des mesures draconiennes, sans effort individuel et collectif soutenu. Qui leur tient un tel discours de vérité sur la situation réelle du pays et les efforts à venir ? Certainement pas ceux qui ont un mauvais bilan à défendre, ceux dont l'action et l'inaction sont à l'origine des problèmes.

Un tournant historique
Je suis convaincu que les élections de 2007 sont un rendez-vous unique avec l'avenir pour les Français et la France. Soit nous décidons de nous battre, en nous serrant fièrement les coudes, pour renouer avec la prospérité qui fût la nôtre. Et nous nous en donnons les moyens en reprenant certains des pouvoirs concédés au super-Etat européen. Soit nous continuons à sombrer doucement dans la "mollitude" européenne, l'impuissance face à la concurrence mondiale et face à l'immigration, qui finiront de déliter les liens entre Français et conduiront la France à la disparition pure et simple.

J'exagère ? Je ne crois pas. Vous pensez que 2007 n'est pas un horizon absolu, qu'il sera toujours possible de s'en sortir en 2012 ? Pas si sûr. J'y reviendrais.